La gestion de la crise liée au virus Ebola a achevé de ternir l’image de la Guinée Conakry. Parce qu’elle voulait impulser un regard nouveau sur son pays d’origine, Aïcha Diaby a lancé le mouvement « Welcome to Conakry », fédérant autour d’elle la diaspora guinéenne de France.
Welcome to Conakry, c’est d’abord le nom d’une campagne de financement à succès qui vient de se terminer. Grâce aux 5000 euros récoltés, un guide touristique en ligne accompagné d’une série documentaire destiné à promouvoir l’image de la capitale de la Guinée se prépare. Cette initiative fait déjà beaucoup parler d’elle. Grâce à Aïcha Diaby, une jeune franco-guinéenne de 22 ans, débordante d’énergie.
L’étudiante en histoire de l’Afrique à la Sorbonne, se lance en permanence des défis et retrousse ses manches pour les relever. En 2015, elle crée le Collectif 10 mai pour répondre au manque de visibilité de la journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage et organise un événement culturel à la Bellevilloise à Paris.
En décembre 2016, au cours d’un stage en Guinée, elle prend la décision de faire quelque chose pour changer l’image de son pays d’origine. « Mon séjour coïncidait avec la déclaration de la fin du virus Ebola par l’OMS. J’ai senti une nouvelle dynamique dans la ville, c’était aussi l’occasion de redorer l’image du pays sur le planinternational. J’ai voulu participer à l’effort de communication et de promotion du pays en lançant ma page Facebook et ma courte vidéo Welcome to Conakry qui cumule maintenant plus de 80 000 visionnages sur les réseaux sociaux « , raconte Aïcha.
Le succès de la vidéo lui donne des ailes et elle décide de monter une équipe pour donner plus d’ampleur au projet. L’artiste Aboubacar Naby Camara, les réalisateurs Théo Jaffre et Pierre Emilio, le cadreur Bangaly Bangoura ou encore l’étudiant en coopération internationale Geoff Delperdang viennent, entre autres, gonfler ses rangs. Aïcha reste marquée par les reportages tels que La Guinée, territoire des oubliés (1) et souhaite les contrebalancer : « Ce film m’avait beaucoup bouleversé. Je ne comprends pas pourquoi lorsqu’il y a des documentaires concernant l’Afrique c’est souvent pour montrer le négatif : pauvreté, faim, épidémie, etc. Ceux portant sur des pays occidentaux parlent par exemple des jeunes, de sorties dans les rues de New-York, etc.« .
Pour l’heure, toujours pas de diffuseur mais l’équipe reste confiante. La série sera composée de six parties qui aborderont les thèmes suivants : la mode et la haute couture, les femmes dans la musique urbaine, les jeunes entrepreneurs, la gastronomie, l’art contemporain et le street art, et enfin le retour au pays de la diaspora.
La campagne de financement qui s’est terminée le 24 octobre dernier a suscité un nouvel engouement auprès des jeunes Guinéens en France. « On me contacte souvent sur les réseaux sociaux pour m’encourager ou me demander de m’associer à une initiative« , témoigne la sorbonnarde.
Son projet a même reçu le soutien du ministère de la Culture de Guinée. Nommée vice-commissaire de l’opération onusienne Conakry capitale mondiale du livre 2017, Aïcha Diaby regarde déjà vers l’avenir : « Pourquoi pas un Welcome to Guinée ensuite ? »
1. Les routes de l’impossible – Guinée, territoire des oubliés (2014), un film de Philippe Lafai x.///Article N° : 13829