Fiche Disque
Musique
ALBUM 2011
Velours sous la terre
Genre : Album
Style : World
Date de sortie : 31 Octobre 2011

Français

Sapho, « Velours sous la terre »
Le murmure de l’âme…

« Paris Mai » ou l’espièglerie de Sapho qui nous promène au gré de ses envies… Elle nous taquine dans ses ruptures et nous balade sur un Jean-Sébastien Bach si revisité… Un délice de création, un miroir aux mille facettes. Et voilà que de subtiles notes orientales viennent nous transporter sur d’autres chemins… Une autre langue et une langueur tenace, une contemplation aussi…
Mais Sapho nous projette tout aussi vite sur une route noire… un chuintement, un chuchotement sur un fond d’électro qui part en voyage, comme nous… Aucune certitude n’advient car cette poétesse a à cœur de déranger notre anticipation… Elle nous emporte avec elle dans ce voyage-errance, voyage-solitude, voyage-interrogation… « Que peut-on faire pour l’autre ? »
Du noir à l’ombre, il n’y a pas même un pas, à peine un souffle… Le tempo qui va d’un tango sans bandonéon à une courte balade qui nous chahute… Fenêtre sur l’âme… Murmure, encore un murmure, Sapho en a le vibrant secret, et ses mots, portés par sa voix qui monte puis descend, résonnent dans l’ombre… Le velours aussi est secret, mystérieux, intime… « es-tu partant ? »
En tout cas c’est sur Chopin qu’elle nous emmène à l’arrache… rupture mais ruptures multiples… La dérision est au rendez-vous, mais la passion aussi. Et ce violon qui émeut aux larmes, oui… à l’arrache… jusqu’à la fenêtre sur l’âme… « La fumée ou les larmes » à chacun ses armes… L’errance n’est jamais loin… Voyage… Spectre intemporel et pourtant si actuel, trop actuel… Liberté avez-vous dit ? Mozart s’est invité et Sapho invoque les mots qui nous parlent des méandres de la mémoire et de la perte, mais dans un espace-temps où personne n’est dupe… Puis le miroir se fait jour, le reflet est là, mais quel reflet ? Celui que l’on perçoit au fond de la piscine, peut-être…

Et bien voilà ce nouvel album de Sapho… Le mot « album » heurte ma sensibilité tant il parait froid… Nous avons là une quintessence lyrique, où Sapho excelle… La musique est un bouquet fleuri… rencontres des genres, une alchimie surprenante et passionnante. Sont aussi présents des leitmotivs qui, tels de petits fils tendus ça et là, nous enivrent de plaisir… Mais la trame de ce tissage va de pair avec les mots et la voix de Sapho. Comment ne pas être touchée de plein fouet par tant de fenêtres sur l’âme, de murmures des âmes ? Comment ignorer cette sagacité dans les mots, cette ardeur dans la voix, cette authenticité dans l’expression ? De la rêverie à la l’affliction, Sapho nous promène, nous entraine sur une myriade de sentiments en escales. Elle ne connait pas les frontières parce qu’elle n’a pas de frontières. Elle est à la fois hors du temps et au coeur du temps. Une voyageuse de l’âme comme du reste. A l’écouter, que sa voix s’émeuve ou qu’elle s’enflamme, en fin de compte, dans un souffle, son « velours sous la terre » demeure le murmure de l’âme.
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