Événements

Festival du Théâtre des Réalités 2002
6e édition sur le thème « De l’humain à l’urbain »

Français

Lancé en 1996, le festival se veut ancré dans les réalités du continent. Il donne à voir une vitrine des meilleures créations théâtrales de ces deux dernières années en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, dont de nombreuses coproductions entre des compagnies du Sud et du Nord.
Initiative de l’association Acte Sept, le festival est devenu au fil des cinq premières éditions un événement majeur dans le paysage culturel malien, africain, voire francophone. Il présente cette année plus d’une trentaine de représentations gratuites (théâtre, danse, musique) et est le cadre de trois stages destinés aux professionnels liés aux arts du spectacle.
Le festival entend favoriser la rencontre des acteurs culturels (artistes, diffuseurs, journalistes, public,…) du continent et d’ailleurs, autant que participer à son « développement » et au changement social.

« De l’humain à l’urbain »

Que représente l’urbain pour les Hommes? Aux yeux de certains, la ville est le lieu de tous les possibles, de toutes les rencontres. Celle qui attire inéluctablement, comme un eldorado. En réalité, la ville est vécue par la plupart comme une juxtaposition d’individus, anonymes parmi la multitude, sans projet commun. Un lieu de non communication et d’indifférence, qui engendre trop souvent l’intolérance, la violence. Une terre d’inconnus, où chacun peut se cacher derrière son masque.
La mondialisation accélère de plus en plus les mouvements de populations. Le monde est en voie d’urbanisation… En Afrique, ce phénomène reflète une crise rurale autant qu’une déstructuration brutale des sociétés traditionnelles. Guerres, catastrophes écologiques, mutations sociales, exode économique, etc. La ville sera-t-elle le lieu de tous les enjeux pour ce siècle?
Bamako, ville récente, n’a pas échappé aux maux de ses semblables: spéculation immobilière, urbanisation sauvage, graves problèmes sanitaires et écologiques,… Pourtant, le Mali possède une longue tradition d’urbanisation. Les cités de Djenné et de Tombouctou sont là pour nous le rappeler. Dans n’importe quel village malien nous trouvons des espaces consacrés aux manifestations culturelles, aux rencontres, tels les feere et/ou bara.

Alors que la télévision nous pousse à accepter le monde que personne n’a vraiment voulu, le théâtre interroge, remet en cause ce qui régit le monde… Et comme le soulignait le philosophe Nicolas Bourriaud: « …dans un monde qui est de plus en plus standardisé, de plus en plus normé, de plus en plus soumis à une loi unique, il est important de favoriser des espaces qui essaient autre chose ». Plutôt que de construire des cités, ne vaudrait-il pas mieux d’abord construire l’Homme?
Pour nous, le théâtre est un espace de réflexion, de lenteur où des humains parlent à des humains. Nous vous invitons donc à nous suivre… Rêvons ensemble sur le parcours « de l’humain à l’urbain » et que nos rêves deviennent réalité ! Bon festival à toutes et tous!

Adama Traoré,
Directeur artistique du festival


Hommage à Philippe Dauchez
Un quart de siècle au service du théâtre au Mali

S’il existe aujourd’hui un homme à qui l’on doit l’éclosion, au Mali, d’un grand nombre de talents dans le domaine du théâtre, c’est bien « le vieux » Philippe Dauchez. Ce septuagénaire fort sympathique, au dos légèrement courbé par le poids des années, est encore très actif et profondément enthousiaste quant à la promotion d’un théâtre « utile », qui soit un instrument d’éveil au service de la conscience populaire.

Arrivé à Bamako en 1978, il avait alors cinquante ans. Il en a aujourd’hui soixante quatorze. Il aura dédié vingt-quatre ans à l’enseignement d’un théâtre « universel » à l’INA de Bamako. Au Mali, Philippe a découvert le Kotéba, cette forme théâtrale qu’il définit comme « un retour aux sources du Théâtre, autant par les sujets envisagés que par les contacts qui s’y établissent. » Le professeur a alors modifié totalement sa façon d’enseigner. Il aurait pu enseigner les Racine, Corneille et autres, mais s’est mis à faire un théâtre fondamentalement axé sur l’improvisation, à partir de thèmes précis. Il a monté près de quatre-vingt spectacles avec des équipes d’inspirations différentes (Dogon, Bambara, Malinké).
Philippe est un maître, un grand, dont on peut être fier d’être l’élève. Cet homme modeste mérite la reconnaissance des Maliens et du Théâtre en Afrique.

Bamako, novembre 2002

Programmation

Théâtre

« Fatma »
A travers le personnage populaire de Fatma, la femme de ménage célibataire, un individu blessé, confronté à de multiples pressions sociales, culturelles et politiques. Dominée par les puissants, bafouée par ses semblables, Fatma, fière, cherche à rester debout…
Texte: M’Hamed Benguettaf (Algérie)
Mise en scène: Patrick Janvier (France) et Adama Traoré (Mali)
Coproduction: Les Voix du Caméléon (France), Ensemble Sauvage Public (Canada/Québec), Acte Sept (Mali)

« Les Troyennes et leurs sœurs »
Tragédie de textes contemporains où l’histoire des hommes est racontée par des femmes. Mémoire des premiers chants de paix avant la guerre…
Textes: Jacques Serena (France), Koffi Kwahulé (Côte d’Ivoire), Claude-Henri Buffard (France), Nocky Djedanoun (Tchad)
Mise en scène: Moïse Touré (France)
Coproduction: Les Inachevés, Espace de Travail Théâtral (France), Acte Sept (Mali)

« La Passion selon Dario Fo »
Fable satirique sur l’ordre social où le Christ est un jongleur, fou et bateleur, au milieu des tous petits. Il a pour seule fortune sa langue, celle qui par le rire fait baisser la culotte aux grands…
Texte: Dario Fo (Italie)
Mise en scène: Chantal Bianchi (Suisse)
Compagnie Les Artpenteurs (Suisse)

« Imonlé »
Le spectacle à proprement parlé est un délire voulu depuis sa conception: il apporte un peu de lumière à ces temps de tempête où l’humain change de statut selon qu’il est américain, européen ou asiatique…
Textes et mise en scène: Ousmane Alédji (Bénin)
Compagnie Agbo-Nkoko (Bénin)

« M’appelle Birahima »
L’itinéraire du quotidien de la guerre à travers les yeux d’un enfant soldat.
Témoignage en faveur du désarmement et de la prévention des conflits.
Adaptation libre de: « Allah n’est pas obligé » d’Ahmadou Kourouma (Côte d’Ivoire)
Mise en scène: Fargass Assandé (Côte d’Ivoire)
Compagnie N’zassa Théâtre (Côte d’Ivoire)

« Carré Blanc »
Deux évadés en fuite que tout oppose… Entre eux, un duel verbal et physique, les idées et les mots se fracassent, s’entrechoquent, chacun tentant de ramener l’autre à la vie. Incompréhensions et impasse entre des discours extrêmes…
Texte et mise en scène: Dieudonné Niangouna (Congo-Brazzaville)
Compagnie Les Bruits de la Rue (Congo-Brazzaville)

« La femme et le colonel »
La rencontre d’un colonel génocidaire et d’une femme dont les traits lui rappellent vaguement quelqu’un, mais dont il n’arrive pas à fixer l’image dans sa mémoire…
La guerre civile ethnique, l’impunité, le souvenir de la tragédie.
Texte: Emmanuel Boundzeki Dongala (Centrafrique)
Mise en scène: Eric Mampouya (Congo-Brazzaville)
Compagnie Le Théâtre de l’Imaginaire (Congo-Brazzaville)

« L’Afrique en morceaux »
La majorité des populations africaines vit dans des conditions extrêmes: indifférence coupable des uns, insouciance notable des autres, goût immodéré du pouvoir…
Texte de William Sassine (Guinée-Conakry)
Mise en scène: Ansoumane Conde (Guinée-Conakry)
La compagnie Alakabon Théâtre (Guinée-Conakry)

« Mangeront-ils ? »
Un essai de confrontation entre deux cultures et de transcription du verbe hugolien dans la bouche de l’ombre du continent africain : quand l’amour force à l’exil, quand le chat devient la souris… sous la plume d’un poète libéré, une drôle de comédie politique dans les dédales des palais.
Textes: Victor Hugo (France)
Mise en scène: Julien Téphany (France)
Coproduction Cie 9 et demi / ATPM Théâtre (France), Acte Sept (Mali)

« La Diseuse quelqu’un »
L’exil, les papiers, l’identité, la solitude face à la monstruosité de la politique et de l’économie. Un espace recréé par une femme qui soulève un coin de sa mémoire pour essayer de comprendre son époque. Les spectateurs deviennent malgré eux les hôtes de cette cérémonie étrange…
Textes: Maylis Bouffartigue (France)
Compagnie Monsieur Madame (France)

« Hamlet »
Un des classiques shakespeariens transposé en Afrique. Une démarche sensible à partir de l’histoire même d’un des membres de la troupe…
Texte: William Shakespeare (Angleterre)
Mise en scène: Serena Sartori (Italie)
Coproduction Siraba (Burkina), Korontle (Italie)

« La liberté des peuples »
Victor Hugo: contre la misère, l’injustice ou l’esclavage, de partout dans le monde, dès qu’une liberté est menacée, on fait appel à sa voix, à sa plume. Un universalisme qui fait souvent oublier les limites du personnage…
Textes d’après Victor Hugo (France)
Mise en scène: Gaël Rabas (France)
Coproduction Théâtre du Versant (France) et Acte Sept (Mali)

« Les Créanciers »
Le retour d’un homme auprès de son épouse après une trop longue absence… Il devra ruser pour reconquérir celle qui est remariée à un autre.
Textes: Stringberg (Irlande)
Mise en scène: Jean-Pierre Guingané (Burkina Faso)
Théâtre de la Fraternité (Burkina Faso)


Danse

« L’âme de la danse »
Conte chorégraphique qui associe le récit et le ballet. Le conteur et les danseurs sont mis à nu. Ils n’ont pour seul moyen que leur corps et leur voix pour relater les faits.
Chorégraphie: Souleymane Badolo (Burkina Faso)
Mise en scène: Elise Mballa Meka (Cameroun)
Compagnie Phénix (Cameroun)

« Les animaux dansent »
Les animaux vivaient en bonne intelligence avec les hommes. C’est ainsi qu’ils créèrent et développèrent plusieurs pas de danse. En souvenir de cette vie antérieure perdue, des hommes et des animaux entrent en scène et dansent pour le plaisir des humains.
Chorégraphie: Boukaré Tassembedo (Burkina Faso)
Troupe Dodonaba Anbga (Burkina Faso)

« Ti Chelbè »
Les ressentis d’une femme, tiraillée entre deux personnages… D’un rapport à moitié conflictuel, à moitié sensuel naît une chorégraphie mêlant l’onirisme au réel, les transferts d’une personnalité à une autre et une histoire merveilleuse.
Chorégraphie et mise en scène: Kettly Noël (Haïti)
Cie La Compagnie (Mali)


Musique

Ano Neko (France-Côte d’Ivoire)
Des mélodies mandingues à la rumba congolaise du ziglibiti ivoirien au bikousti camerounais, du highlife ghanéen au chœurs zoulous, leurs compositions sont variées et colorées, le tout agrémenté par des sonorités jazz, folk, classique ou flamenco.

Kwal (France)
Dans « Règlement de contes », ce groupe de la ville d’Angers détournent les histoires de notre enfance avec leur rap, expression urbaine par excellence. Imaginez un seul instant le Père Noël en esclavagiste sanguinaire ou Guignol en enfant des favelas !

Quartet Serge Pesce / Boubacar Koné (France-Mali-Burkina)
Un jazz « ouvert » et un esprit acoustique trop perdu dans la musique occidentale. A l’écoute de leurs racines communes afin de construire avec plus de force une musique tournée vers l’avenir.

Tanburah (Egypte)
Spiritualité, vivacité et humour ressortent de la Damma, une tradition musicale née de l’interaction avec différentes cultures (rituels soufis, cantiques des peuples de la rive sud de la Méditerranée, chants des pécheurs,…). Une douzaine de chanteurs, danseurs et instrumentistes qui se présente régulièrement entre leur ville de Port Saïd et l’étranger.

Dima Percu Di Waro (Mali)
Bien connue du grand public de Bamako, cette formation de Karim Tounkara mêle la tradition griotte aux arrangements modernes de Jacques Gauthier. Percussions, chant, balafon et danses parcourent les rythmes madan, fura, mianka, kassunké, malinké et wassoulou.

Groupe Didadi (Mali)
Le groupe de musique de Koroutoumou Diawara est en pleine ascension. De ses instruments traditionnels et son chant, il produit un répertoire wassoulou aux sonorités modernes.

Groupe Yapéké (Mali)
Le Yapéké c’est un rythme très cadencé né avec le 3ème millénaire ! Une musique à partir des mélodies traditionnelles du balafon, transposées sur guitares pour créer une sonorité particulière, mais également une danse qui s’inspire de la vie quotidienne des Maliens.

Fakoly (Mali)
En quelques années, cette formation bamakoise, initialement formée de pures percussions, s’est enrichie avec la rencontre d’un piano étranger et l’introduction de cordes. Ses créations, dynamiques, sont bien ancrées dans les traditions musicales du Mali.


Lectures publiques

Les 14, 16 et 17 décembre à 18h
A la Maison du Partenariat Angers-Bamako

Dans le cadre de la deuxième Ruche Sony Labou Tansi (25 novembre-19 décembre), le festival présente trois lectures d’extraits de pièces contemporaines issues de la première édition de cette résidence internationale qui réunit des auteurs dramatiques africains et européens.

A l’initiative d’Ecritures Vagabondes, du Nouveau Théâtre d’Angers-Centre Dramatique National et de Blonba, ces lectures sont mises en voix par Claude Yersin, metteur en scène et Directeur du NTA à Angers. Chaque programme sera ouvert par la lecture de quelques poèmes de Sony Labou Tansi.

Programme 1: Extraits de « Le Secret de la dune » de Boubacar Belco Diallo (Mali)
Extraits de « Le Dernier masque » de Tiecoro Sangaré (Mali).
Programme 2: Extraits de « Bamako » d’Eric Durnez (Belgique) et « Bafon » de Léonard Yakanou (Togo).
Programme 3: Textes à déterminer parmi ceux produits par les 9 auteurs à la Ruche 2.

Les conférences

Du 16 au 20 décembre
En divers lieux

Thème 1: Quels outils pour faire une bonne critique d’une création théâtrale ?
Date: le 16 décembre, à 10h.
Conférencier: Boubacar Boris Diop (Sénégal), romancier, journaliste, sociologue à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar.

Thème 2: Quel type de compagnonnage ? Qu’est-ce qui intéresse les programmateurs du Nord ?
Date: le 17 décembre au Centre Culturel Français de Bamako, à 10h.
Conférencier: Gilberte Tsai (France), metteur en scène, directrice du Centre Dramatique national de Montreuil.

Thème 3: On commémore trop ! L’exception hugolienne.
Date: le 18 décembre à l’INA à 10h.
Conférencier: Reine Prat (France), chargée de mission pour la Célébration du Bicentenaire de Victor Hugo auprès du Ministre de la Culture et de la Communication et du Comité National (France).

Thème 4: Quel type de partenariat entre les médias et les hommes de culture ?
Date: le 19 décembre à 10h.
Conférencier: Françoise Nice (Belgique), journaliste politique et culturelle ayant réalisé de nombreux reportages écrits ou audiovisuels à travers le monde.

Thème 5: Le théâtre africain des années’50 à aujourd’hui ?
Date: le 20 décembre à 10h.
Conférencier: Jean-Pierre Guingané (Burkina), dramaturge, professeur d’université, directeur du Festival International de Théâtre et de Marionnettes de Ouagadougou.



Stages

Stage de journalisme culturel
Du 11 au 21 décembre 2002

Dans un contexte de mondialisation et de professionnalisation du monde culturel africain, des journalistes pourront approfondir leurs connaissances des outils de la critique du théâtre, de l’histoire du théâtre africain et de ses enjeux aujourd’hui. Ils permettra aussi de mettre en pratique ces savoirs par la publication d’un journal qui rendra compte du déroulement du festival…

Activités prévues:
· Organisation d’un forum (deux journées complètes en début de festival + toutes les matinées). Il regroupera 15 journalistes culturels et sera marqué par cinq communications présentées par des journalistes, des hommes de théâtre et des spécialistes des arts et de la culture.
· Publication d’un journal (4 numéros; version papier et version internet) pendant la durée du festival. Les stagiaires assistent à tous les spectacles, écrivent des articles et poursuivent ainsi la dynamique impulsée par le forum.

Encadrement: Françoise Nice (Belgique, journaliste-repoter à la RTBF) et Thierry Perret (France, MFI).


Stage d’art visuel / scénographie
Du 28 novembre au 21 décembre 2002

C’est par le biais de cours théoriques et pratiques (scénographie du festival) que les artistes seront amenés à une réflexion sur la symbolique iconographique comme outil de création.

Encadrement:
Jean-Luc Gosse (France): artiste-peintre, décorateur ; Patrick Béhin (France): auteur-photographe, plasticien; Chloé Gosse (France): Scénographe, plasticienne, comédienne et Olivier Leuckx (France): scénographe, comédien.


Stage Jeu d’acteur
Du 13 au 15 décembre 2002

Un atelier pratique à partir des techniques du bouffon (clown) à travers les âges. Trois jours pour s’initier à l’art de la dérision. Un travail intense à partir, notamment des techniques d’improvisation.

Encadrement:
Trois comédiens armés d’un solide parcours, membres de la troupe des Artpenteurs (Suisse). Ils présentent dans le cadre du festival leur spectacle « La Passion selon Dario Fo ».

Participation des stagiaires
Les stages sont ouverts à une quinzaine de professionnels de la sous-région, issus du monde du spectacle et du journalisme. Sélection sur lettre de motivation et CV. Toute inscription est gratuite et le festival prend en charge l’hébergement, la restauration, les transports des participants et, dans la mesure des budgets, un per diem par personne.
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