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Rencontre-débat sur « L’Afrique de la paix, enjeux et servitudes »
Cycle « L’Afrique des mutations silencieuses »

Français

Dans cette nouvelle série de Rencontres-Débats consacrée à l’Afrique des mutations silencieuses, le thème de la paix est apparu comme devant être traité en premier car il commande très largement les mutations à venir et spécialement le développement.
De prime abord, l’Afrique et la paix sont des termes qui s’opposent dans l’inconscient de la majeure partie de la population occidentale tant l’Afrique (notamment l’Afrique subsaharienne) renvoie une image de conflictualité voire de barbarie. Cette perception, alimentée par une vision caricaturale et résiduelle de la colonisation, accréditent l’idée d’un continent à la dérive comme s’il n’y avait de conflits qu’en Afrique. Cette tendance explique pourquoi les médias occidentaux ont tendance à mettre l’accent davantage sur les troubles ou sur la fragilité des processus de paix que sur les progrès effectués depuis des années dans la recherche de la paix.
Les origines des conflits sont particulières complexes et multiples. Certes, l’héritage de la colonisation (qui conduit à qualifier les conflits africains d’affrontements ethniques) et la fin de la guerre froide jouent un rôle dans les conflits récents. Mais, d’autres causes méritent d’être soulignées comme, par exemple, la prédation, la quête du pouvoir, la faiblesse des Etats (dans leurs prérogatives régaliennes), une frange de la population plus facilement mobilisable pour partir en guerre (avec à la clé des revenus faciles), etc. Cette complexité se résume sous le vocable de « nouveaux conflits », terme qui fait débat (cf. M. Pérouse de Montclos, « Les guerres d’aujourd’hui sont plus nombreuses, plus meurtrières, plus prédatrices et plus barbares », in L’Afrique des idées reçues, Georges Courade).
Ces nouveaux conflits engagent de nouveaux acteurs et notamment les mouvements plus ou moins organisés de la société civile. Ces nouveaux conflits impliquent aussi de nouveaux remèdes. C’est ainsi que l’ONU a, depuis les années 60, entrepris de nombreuses missions de maintien de la paix, voire d’imposition de la paix, de consolidation de la paix, de déploiement préventifs, de mobilisation d’une justice internationale, etc. Certaines missions ont été menées conjointement avec des organisations régionales africaines. Ainsi, depuis plusieurs années, l’Union Africaine est chargée de prévenir les conflits en collaboration avec l’ONU et de superviser dans une certaine mesure quelques opérations de maintien de la paix. Les résultats sont mitigés en raison d’un manque de matériel, de formation des soldats déployés sur le terrain et surtout de moyens financiers. En fait, depuis les recommandations de l’Agenda pour la paix et du rapport intitulé « Improving Preparedness for Conflict Prevention and Peacekeeping in Africa » (publié en 1995), l’ONU et les puissances occidentales ont incité les pays africains à se doter d’une capacité de maintien de la paix propre. Le programme RECAMP initié par la France et maintenant soutenu par l’Union Européenne participe de cette logique. Si certaines initiatives de l’ONU ont conduit à la paix (Namibie, Mozambique…), d’autres n’ont pas apporté de solution et ont, au contraire, contribué à alimenter le conflit.
Aujourd’hui, la complexité des conflits impose des initiatives de paix africaines. Même si elles sont soutenues par la communauté internationale, la volonté et la détermination politique des Etats africains constituent des éléments essentiels pour construire une paix durable. Les solutions imposées de l’extérieur ne prennent en effet généralement pas en compte la complexité de la situation et donc n’apportent que des résultats partiels et temporels. Les exemples de retour à la paix qui semblent fonctionner (comme au Rwanda, en Sierra Leone…), montrent l’importance d’une solution négociée entre Africains.
La réconciliation des populations qui se sont battues et la reconstruction de structures étatiques au service de tous et partout engagent largement la responsabilité des hommes politiques locaux. La mise en oeuvre de commissions « vérité réconciliation » et de tribunaux populaires locaux (type gacaca au Rwanda) peuvent s’avérer des instruments de retour à la paix d’autant plus efficaces qu’ils impliquent de larges couches de la population et la société civile censée la représenter.
Intervenants :

⇒ Mme Valérie Thorin, Journaliste indépendante
⇒ Mme Mireille Raunet, Membre du Conseil Economique et Social (Section des Relations
Extérieures)
⇒ Mme Dominique Bangoura, Professeur d’Université (Paris 1)
⇒ M. Nassé Sangaré, Chef d’entreprise (Contrôle de qualité) et militant associatif
⇒ M. Jean-François Mukuna, Professeur et militant associatif en région parisienne

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Ecole Nationale d’Administration – ENA
Amphithéâtre PARODI
2, avenue de l’Observatoire – Paris 6ème
(RER B : Luxembourg, Bus : 82)
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