Événements

Films d’Afrique et des diasporas noires : Un fleuve humain
Rendez-vous mensuels de projection de films d’Afrique et des diasporas noires. Amphithéâtre EHESS (Paris). 19h-21h

Français

LE MERCREDI 17 Décembre 2008

Amphithéâtre EHESS
105 boulevard Raspail 75006 Paris – 19h à 21h


Projection du film Un fleuve humain
Un film de de Sylvain L’Espérance.
Québec – 2006 – Couleurs – 90 min – Français, Peul, Bambara. S-T-F

Au Mali, le delta intérieur du fleuve Niger se caractérise par un enchevêtrement de canaux, de rivières, de lacs, d’îles, de mares, de prairies, de zones inondables, et une mosaïque d’ethnies. Le fleuve humain commence par un plan général tout en lumière, où les bras du fleuve, la plaine et la plénitude du ciel se perdent dans les brumes de l’horizon. Seul point de rupture : un trait vertical noir et un segment oblique au centre de cette immensité. Un homme sur une pirogue. La « carte postale » qui évoque d’emblée l’Afrique, invitation au voyage et un hymne à la nature est de fait un merveilleux trompe-l’¦il. Car le film est un méthodique travail de sape des apparences, des clichés, de cette mer de tranquillité inaugurale. Un constructeur de pirogues explique qu’une pirogue, c’est d’abord une affaire de hauteur en harmonie avec le cours du fleuve. Un pilote de bateau montre comment on distingue sous l’eau les bancs de sable mouvants, comment on repère les courants et les déplacements du lit. Une marchande de poissons s’inquiète : les joncs qui bordaient les berges du Niger disparaissent et avec eux les poissons qui s’abritaient dans leurs replis. Le berger peul évoque les grands fauves qui ont disparu, la maladie des b¦ufs du fait du tarissement des mares. Chacun à sa façon raconte la même histoire, tous ont la même perception verticale du fleuve : sa beauté, sa puissance nourricière, sont question de profondeur et d’épaisseur, de sinuosités et de boues, dans le temps aussi bien que dans l’espace. Et non pas d’horizon. Ce fleuve, c’est un corps vivant, pas une surface ; un organisme complexe qui meurt lentement sous nos yeux et que nous ne voyons pas mourir. La beauté plastique du Fleuve humain rappelle qu’un film, c’est d’abord un regard, et que le regard, c’est une question de désir, pas de savoir, un enveloppement et non une séparation, et qu’une caméra, ce n’est pas qu’un ¦il, c’est aussi une main, et qu’un plan cinématographique, c’est plus qu’une image, c’est d’abord une réalité tactile – une caresse. Eisenstein, lui, parlait de ciné-poing.

Entrée libre

Renseignements
Elisabeth Dubois / Secrétariat du Centre d’Etudes Africaines
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
96, Boulevard Raspail 75006 – Paris – France
Tél : 01 53 63 56 50
Mèl : [email protected]
fax : 01 53 63 56 48
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