Événements

Folie de Janus (La)
La Folie de Janus, pièce de Sylvie Dyclo-Pomos . Mise en scène par Judith Depaule. Jeu : Ludovic Louppé. Dan sle cadre du cycle « Afrique : violence extrême en Héritage » avec débats, films et exposition photos.

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L’affaire des disparus du Beach

L’affaire fait suite à une crise politique aiguë et à une succession de guerres civiles et fratricides au Congo. La première guerre éclate en 1993 et oppose le président de la république Pascal Lissouba au maire de Brazzaville, Bernard Koleas. De juin à octobre 1997, la seconde guerre affronte les partisans de Denis Sassou Nguesso à ceux de Pascal Lissouba, entraînant le massacre de milliers de civils. Trois milices contrôlent la capitale, Brazzaville : au Sud les Ninjas (milice de Koleas), au centre les Cocoyes (milice de Lissouba), au Nord les Cobras (milice de Sassou Nguesso) dotant le conflit d’un caractère ethnique. Sassou Nguesso évince Lissouba et s’impose à la tête du pays. En 1998, le nouveau pouvoir lance de violentes offensives militaires en direction des régions Sud du Congo et des quartiers Sud de Brazzaville où vivent les populations originaires du Sud, opérant un véritable « nettoyage » qui entraîne la fuite de centaines de milliers de personnes vers la forêt du Pool et vers la République Démocratique du Congo (RDC ou ex-Zaïre). Courant 1999, dans un souci de réconciliation et de normalisation, le Président Sassou Nguesso lance des appels au retour aux réfugiés. Un accord tripartite est signé entre le Congo Brazzaville, la RDC et le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), garantissant la sécurité des rapatriés sous forme d’un couloir humanitaire. Entre le 5 et le 14 mai 1999, les déplacés rentrent par bateau depuis Kinshasa et accostent au port fluvial de Brazzaville, baptisé « Beach ». À leur arrivée, ils sont « triés » en différents groupes : les hommes jeunes, notamment, sont arrêtés par des éléments de la garde présidentielle, emmenés dans des lieux tenus secrets, où ils sont torturés, mutilés, sommairement exécutés, enfermés dans des containers et noyés dans le fleuve Congo. Plus de 350 personnes sont portées disparues.

Une poignée d’hommes en réchappe et vient frapper à la porte de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) pour échapper à leurs bourreaux, faire entendre la voix des disparus et tenter de leur rendre justice. Alertée, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) avec à sa tête, Me Patrick Baudouin, avocat plus tard des victimes et des familles de disparus, entre dans la danse et ouvre au tribunal de Meaux une instruction pour « crimes contre l’humanité ». S’engage alors l’une des plus délirantes affaires judiciaires de la France-Afrique allant jusqu’à inquiéter le président congolais Denis Sassou Nguesso, son ministre des affaires étrangères, les chefs de la Police et ses adjoints. La justice congolaise organise un procès durant l’été 2005 qui aboutit à la reconnaissance sans auteur des disparitions forcées courant 1999, se limitant à condamner l’Etat congolais à dédommager les ayants droit des disparus. L’instruction de Meaux est suspendue pour « conflit de compétence entre la France et la République du Congo ». Mais la Cour de cassation confirme le 10 janvier 2007 que « la justice française est compétente pour poursuivre et réprimer les auteurs des crimes de tortures qui ont conduit au massacre de plus de 350 personnes au Beach de Brazzaville en avril et mai 1999. » Elle donne par ailleurs son feu vert le 9 avril 2008 pour que l’instruction se poursuive devant les juridictions françaises. Une nouvelle juge d’instruction est nommée en 2008 et les parties civiles défendues par la FIDH essayent de relancer le dossier afin que la justice française aille jusqu’au bout en jugeant les responsables.

http://www.fidh.org/spip.php?rubrique68


Durant la guerre civile de 98 du Congo, Zatou quitte Brazzaville, se réfugie dans la forêt du Pool, puis dans un camps du HCR en RDC. Suite à l’appel de son gouvernement, il accoste en mai 99 avec ses congénères au Beach de Brazzaville. Il se remémore ses années en forêt et les exactions dont a été victime sa famille. Mais les rapatriés sont triés, certains sont conduits vers des destinations inconnues…”

L’Affaire des disparus du Beach

La folie de Janus est dédiée à tous les “disparus du Beach de Brazzaville”. L’affaire des disparus du Beach fait suite à une crise politique aiguë et à une succession de guerres civiles et fratricides au Congo. La première guerre éclate en 1993 et oppose le président de la république Pascal Lissouba au maire de Brazzaville, Bernard Koleas. De juin à octobre 1997, la seconde guerre affronte les partisans de Denis Sassou Nguesso à ceux de Pascal Lissouba, entraînant le massacre de milliers de civils. Trois milices contrôlent la capitale, Brazzaville : au Sud les Ninjas (milice de Koleas), au centre les Cocoyes (milice de Lissouba), au Nord les Cobras (milice de Sassou Nguesso) dotant le conflit d’un caractère ethnique. Sassou Nguesso évince Lissouba et s’impose à la tête du pays. En 1998, le nouveau pouvoir lance de violentes offensives militaires en direction des régions Sud du Congo et des quartiers Sud de Brazzaville où vivent les populations originaires du Sud, opérant un véritable « nettoyage » qui entraîne la fuite de centaines de milliers de personnes vers la forêt du Pool et vers la République Démocratique du Congo (ex-Zaïre). Courant 1999, dans un souci de réconciliation et de normalisation, le Président lance des appels au retour aux réfugiés. Un accord tripartite est signé entre le Congo Brazzaville, la RDC et le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), garantissant la sécurité des rapatriés sous forme d’un couloir humanitaire. Les déplacés rentrent par bateau depuis Kinshasa et accostent au port fluvial de Brazzaville, baptisé « Beach ». À leur arrivée, ils sont séparés en différents groupes : les hommes jeunes, notamment, sont arrêtés par des éléments de la garde présidentielle, emmenés dans des lieux tenus secrets, où ils sont torturés, mutilés et pour certains exécutés. Plus de 350 sont portés disparus.

Le procès organisé par la justice congolaise durant l’été 2005 a abouti à la reconnaissance sans auteur des disparitions forcées courant 1999, se limitant à condamner l’Etat congolais à dédommager les ayants droit des disparus. L’instruction pour “crimes contre l’humanité” ouverte à Meaux, à l’initiative de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), de la Ligue des droits de l’homme (LDH) et de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) a été suspendue pour “conflit de compétence entre la France et la République du Congo”. La Cour de cassation a confirmé le 10 janvier 2007 que “la justice française était compétente pour poursuivre et réprimer les auteurs des crimes de tortures qui ont conduit au massacre de plus de 350 personnes au Beach de Brazzaville en avril et mai 1999.” Elle a par ailleurs donné son feu vert le 9 avril 2008 pour que l’instruction se poursuive devant les juridictions françaises…


http://www.fidh.org/spip.php?rubrique689


Le spectacle
Création le 18 décembre 2006 à Brazzaville au Festival Mantsina sur scène

Depuis plusieurs spectacles, je m’interroge sur le statut de la parole du témoin au théâtre qui induit une langue et une adresse au public particulières que j’envisage directes et sans affect. L’acteur fait acte de témoignage pour toutes les paroles empêchées dans un rapport au public où toute théâtralité disparaît pour tendre à une véridicité immédiate, car si la parole n’est pas restituée ici et maintenant elle ne pourra pas trouver d’existence à proprement parler. Le théâtre devient le champ de sa légitimité. Le spectateur devient alors à son tour témoin, certes indirect, mais témoin au sens de passeur de mémoire. La Folie de Janus propose une contemporanéité quasi immédiate, sans que l’Histoire n’ait permis de dénouement possible. L’issue du procès de l’affaire, la nature du gouvernement en place, le traumatisme de la population, qui, pour une grande partie, choisit de se taire, font de ce texte un chant contre l’oblitération de la mémoire.

Le comédien Ludovic Louppé, seul en scène, porte la voix individualisée mais plurielle des disparus du Beach, comme une voix universelle, celle de la mémoire d’un peuple. Tour à tour homme puis femme (se transformant grâce à de très simples accessoires), il fait revivre les différents visages de la guerre. Il rend hommage à « tous ceux que la puissance du silence a englouti au fond de l’oubli », en leur restituant la parole.

Cette parole s’accompagne de l’utilisation de la vidéo, pensée comme un outil indispensable à la syntaxe générale du spectacle. Déclinaison du portrait en très gros plan du comédien, projetée en grand au-dessus de sa tête, elle devient un partenaire de jeu à part entière, tel un double avec qui il dialogue. Cette tête se fait l’écho de ses pensées les plus intimes et les plus monstrueuses. Elle est l’illustration de la “folie de Janus”, ce Dieu au double visage, pris entre le “bien” et le “mal”, le passé et le futur. La vidéo devient l’endroit du transfert, permettant de déplacer l’émotion et de la rapporter à cet autre qui est à la fois le personnage et déjà un sujet distancié. Telles des ponctuations dramatiques, des vidéos de paysages nous ramènent à la réalité géographique du propos.

Le comédien évolue à l’intérieur d’un espace double qui comprend à la fois l’espace de jeu et les spectateurs, plaçant ces derniers au cœur du dispositif pendant la seconde partie du spectacle, au moment de sa mort : le container dans lequel le personnage est placé étant suggéré par un cordon de sécurité qui dessine un rectangle autour des spectateurs. Seul élément de décor, l’écran de projection, flottant dans le vide au-dessus de la tête de l’acteur, semblable à une voile de bateau, suggère l’embarcadère où Zatou a accosté et la traversée qu’il a accomplie pour rentrer au pays. Elle est aussi la métaphore de sa traversée intérieure, du voyage dans ses souvenirs de la guerre et son exode.

PROGRAMME DES DÉBATS ET DES FILMS

10.03 « Le viol, arme de guerre »
Bolya, écrivain congolais,
auteur de La Profanation des vagins (éd. Le Serpent à plumes)
Wassyla Tamzali, avocate, ex-directrice du droit des femmes à l’Unesco,
auteur du rapport de l’ONU sur le viol comme arme de guerre

11.03 « L’affaire des disparus du Beach »
Patrick Baudouin avocat des parties civiles dans l’affaire du Beach,
président d’honneur de la FIDH

Olivier Bidounga, chargé de l’affaire du Beach
à la Fédération des Congolais de la Diaspora.
Julien Bissila, metteur en scène, auteur de «Crabe rouge»
Benjamin Moutsila, président de la Fédération des Congolais de la Diaspora
Colonel Marcel Touanga, président du collectif des parents des disparus du Beach

12.03 « Les conflits post-coloniaux »
Jean-Pierre Dozon, anthropologue, directeur d’étude à l’EHESS,
auteur de L’Afrique à Dieu et à Diable (éd. Ellipses).
Gilles Manceron, vice président de la LDH, historien de la colonisation,
rédacteur en chef de la revue Hommes et Libertés
Patrice Yengo,
 anthropologue à l’EHESS,
auteur de La guerre civile au Congo 1993-2002 (éd. Karthala)

13.03 « Le traumatisme de guerre »
Sibel Agrali, présidente du centre de soins de l’association Primo Levi, soins et soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique
Marie-Odile Godard, psychanalyste,
auteur de Rêves et traumatismes ou la longue nuit des rescapés (éd. Érès)

14.03 – 18h projection
Côte d’Ivoire, poudrière identitaire, un film de Benoît Fcheuer, Marie Steinbock, Dominique Tremblay, Pierre Van Thienen, 2001, 110’
Comment la Côte d’Ivoire a basculé dans les rivalités ethniques…
En présence d’Isabelle Gourmelon, Chargée de mission de la FIDH et/ou Florent Geel, responsable adjoint du Bureau Afrique de la FIDH

17.03 « Témoigner de la guerre »
Henrik Lindell, journaliste à Témoignage Chrétien

Jean-Pierre Tuquoi, journaliste au Monde


18.03 « Les enfants soldats »
Jean-Etienne de Linares, secrétaire général de l’Action des Chrétiens pour
Florent Geel, responsable adjoint du Bureau Afrique de la FIDH
l’Abolition de la Torture (ACAT)
Yaoundé Mulamba, artiste, ex-enfant soldat en RDC
Amisi Mugo, artiste, ex-enfant soldat en RDC
Lionel Quille, responsable de la commission «enfants» d’Amnesty International

19.03 « Autres guerres, autres témoins »
Souâd Belhaddad, écrivain, coauteur de SurVivantes, Rwanda, Histoire d’un génocide (éd. de LʼAube)
Catherine Choquet, Ligue des Droits de l’Homme


20.03 « L’influence de la guerre chez les artistes congolais »
Alain Brossat, professeur de philosophie à l’Université Paris VIII-Saint-Denis
Boris Ganga Bouetoumoussa, chorégraphe

Zu Lukaya, conteur et auteur
Dieudonné Niangouna, auteur et metteur en scène (en vidéo)

Marie-Agnès Sevestre, directrice du festival des francophonies en Limousin
avec la participation de la Revue Mouvement

21.03 – 19h Projection de film
Contes cruels de la guerre, un film d’Ibéa Atondi et de Karim Miské, 2002, 51’ Comment rendre la folie des guerres ethniques de l’Afrique contemporaine au travers d’un retour au Congo-Brazzaville.



Dans le cadre de la thématique, la Galerie Photo de Confluences présente l’exposition de photographies de Philip Poupin www.philip-photos.com
PARTIS LES MAINS VIDES Populations en fuite au Kivu (République Démocratique du Congo)
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