Événements

Les cauchemars du gecko
de Raharimanana mise en scène Thierry Bedard

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Comment va le monde quand on le regarde depuis Madagascar ? Artiste associé à Bonlieu, Thierry Bedard nous a présenté en juillet dernier une avant-première des cauchemars du gecko, créée cet été à Avignon. Dans la continuité du travail avec l’écrivain malgache Raharimanana, entamé par 47 et Excuses et dires liminaires de Za dans le cadre du cycle de l’étranger(s), la pièce ouvre un point de vue inattendu sur un des dix pays les plus pauvres du monde. Une affaire d’humanité de haute importance à entendre sous un rire vertigineux !

Dans la salle, on entend un drôle d’écho. On dirait qu’il est derrière nous, sur les murs ou au plafond. C’est le son du gecko, sorte de petit lézard qui n’a pas de paupières, ce sont aussi ses cauchemars. Ils nous parlent d’entendement et de fausse résonance. Thierry Bedard fait de l’étranger le miroir dans lequel découvrir une vision troublante de nous-mêmes. Sur le plateau, c’est toute une pensée autre qui se déploie en rapports inédits entre imaginaire, réel, pathos et épique. Critiquer, inventer, imaginer et penser sont peut-être une même chose pour Raharimanana. Thierry Bedard trouve dans son écriture le principe même qui anime son désir de théâtre. La variabilité des formes de ses créations dépend de ses recherches pour ajuster selon les sujets, à chaque fois, le plus délicatement les frontières entre réel et imaginaire. Entre vécu et invention poétique, entre pensée réflexive et fiction. Quelle allure a le monde quand on a pour unique champ de vision une fiction plaquée sur nous ? À la façon de Za, héros fou d’un pays ravagé par la misère, des êtres déclassés en lutte vont passer devant nous, contredire et donner le vertige jusqu’au surgissement du réel.
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