Événements

tableaux d’Arezki Metref

Français

vernissage le 2 juin à 18 h 30

Je suis un homme de couleurs

La peinture ? Longtemps, elle a été pour moi le luxe des poètes, l’escale des visionnaires, le secret des amants. Je n’étais ni un visionnaire en quête de répit, ni un amant dissimulé sous les frondaisons nocturnes du frêne originel ni un poète démangé par le besoin de continuer les mots par les couleurs et les signes. Je ne me sentais, pour ainsi dire, pas concerné. Je n’avais même pas suffisamment de mondanité pour faire celui qui perçoit dans la peinture ce que l’universalité pouvait apporter à ma culture de naissance rendue aveugle à toute représentation par l’islam. Je préférais, pour tout dire, la musique.

Mes amis peintres trouvaient en moi une écoute évasive et un regard trop neutre pour représenter quelque intérêt intellectuel ou sensible. Et voilà qu’à l’automne de 2003, j’ai ouvert les vannes. Je peins en inculte et en maladroit. Mais je peins. Je lâche mes couleurs et mes formes (méforme !) sans aucun contrôle, le doigt en guise de pinceau et l’instinct de palette. J’ai au fond de mon chaos un monde morcelé que je n’arrive pas à recoller. Alors, je l’atomise davantage, faisant de mon mieux pour insulter avec la meilleure élégance les formes traditionnelles, que je suis bien sûr incapable de reproduire, les couleurs conventionnelles et les règles des maîtres. Je n’ai pas l’intention de faire des chefs d’œuvre. Je suis trop paresseux pour cela. Mais, je peins quand même.

D’abord, je l’ai fait pour moi, pour soigner une impuissance (passagère, j’espère) à écrire de la poésie. Puis, depuis que quelques peintures ont été montrées par Loïc au théâtre de Cergy, je peins avec la conscience d’être malgré tout responsable de quelque chose. Marie-Joëlle Rupp, avec autant de culture que d’indulgence à mon égard, trouve dans ce magma chromatique qui me sert d’exutoire une filiation avec l’impressionnisme allemand et plus précisément avec le groupe Cobra. Cette comparaison m’honore et, dans le même temps, elle place la barre à un niveau trop haut pour moi. J’ai l’intention de continuer à délirer dans mes couleurs vives, à répandre tout le désarroi qui vient des tréfonds de mon malaise collectif à l’aide de ces tons attentatoires. Je rêve de couleurs piégées, qui explosent à contretemps, laissant derrière elle et derrière moi la marque de cette douleur que je vous dédie comme le bonheur de l’humanité.  » Il n’y a pas d’amour heureux « , je le crains.

Arezki Metref
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