Événements

Le Complexe de Thénardier
de José Pliya, Ed. L’Avant-scène théâtre – collection des quatre-vents mise en scène Vincent Colin

Français

avec Sylvie Chenus et Hyam Zaytoun
Coproduction : Compagnie Vincent Colin et Théâtre du Lucernaire.

Présentation

« Le Complexe de Thénardier existe.
On a pu le rencontrer au cours du siècle dernier,
dans l’europe occupée, au Rwanda, dans l’ex-Yougosolavie…
Et chez moi, dans la maison de mon enfance. »
José Pliya

Une guerre. La Mère recueille Vido qui fuit le génocide. Pour se rendre utile, Vido devient fille de maison, femme de ménage, bonne à tout faire. Un froid matin d’hiver, Vido choisit de s’en aller. Contre toute logique, contre tout bon sens. La Mère, atteinte du « complexe de Thénardier », décide de l’en empêcher. Coûte que coûte… Note de l’éditeur

Deux femmes interprètent une variation contemporaine du conflit maître – esclave. Loin de tout réalisme, l’action se situe dans un ailleurs pourtant proche et actuel.
Née du mauvais côté de la frontière, une jeune femme se débat avec obstination entre le devoir de gratitude et son désir de libre-arbitre.
Dans une langue poétique, Pliya sculpte ses personnages par petites touches subtiles. Évitant toute précision de lieu ou de contexte géographique, il se garde de porter sur eux un jugement moral et conserve à chacun sa part de mystère.


Morceaux Choisis

VIDO : Vous m’avez sauvé la vie. Vous êtes une juste. Madame, une sainte. J’ai bien failli vous croire. Un court instant. Le doute m’a saisie comme une rage de dents, sans prévenir. Et j’ai douté de vous. J’ai douté de vos mains, si belles, si menues et qui ont fait le bien, qui ne s’en vantent pas. J’ai douté de vos yeux si durs et si sévères mais que j’ai vu pleurer tant de fois, comme une fillette honteuse, fautive et délaissée. J’ai douté de votre voix, celle qui m’a dit « entrez » une nuit de rafle alors que je fuyais la mort. J’ai douté. Un sentiment étrange, le doute, qui n’est fondé sur rien ou sur si peu. J’ai bien failli vous croire.


LA MÈRE : Pauvre folle. Vous feriez mieux de suivre le doute. Il vous éclaire plus que tout témoignage. Vous ne me connaissez pas. Mes mains ont caressé tant d’uniformes, mes yeux se sont fermés sur tant de crimes, ma bouche a embrassé tellement de bottes que rien, même diable, ne peut l’imaginer. Taisez-vous. Vous ne me connaissez pas.

(extrait – Le Complexe de Thénardier)
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