Événements

« Les Bonnes » de Jean Genet
Compagnie Planches Contact. Mise en scène : Jean-Christophe Poisson. Interprétation : Manu, Allen Parnell et Mamadou Sanou, trois jeunes acteurs africains d’exception dans une version où la boxe et le ring sont omniprésents…

Français

« Une chose doit être écrite : il ne s’agit pas d’un plaidoyer sur le sort des domestiques. Je suppose qu’il existe un syndicat des gens de maison – Cela ne nous regarde pas. »
Jean Genet – « Comment jouer Les Bonnes »

En éloignant la pièce du théâtre de boulevard auquel elle emprunte sa structure, en favorisant à l’extrême la violence des rapports qui sous tendent le propos, en déracinant « Les Bonnes » vers l’univers de la boxe, la mise en scène s’attache à concentrer le texte sur sa force à créer la conscience de l’injustice, des mécanismes de la domination et de l’autodestruction que l’auteur y déroule à son corps défendant.

Cette proposition s’inscrit en infraction totale avec le carcan d’indications imposé par l’auteur, évacuant le réalisme minutieux décrit dans les consignes de décor et la profusion de didascalies.

Genet lui-même y encourage :
« Il est possible que la pièce paraisse réduite à un squelette de pièce. En effet, tout y est dit trop vite, et trop explicite, je suggère donc que les metteurs en scène éventuels remplacent les expressions trop précises, celles qui rendent la situation trop explicite, par d’autres plus ambiguës. Que les comédiennes jouent. Excessivement ».

L’approche privilégie également le rapport scène/salle qui semble le plus propice à l’acte communautaire du théâtre. Et c’est en cela qu’ici, dans son adaptation des Bonnes, le public cerne de près un ring symbolique.
À l’énergie brute des engagements physiques des comédiens se mêlent les luttes toutes intérieures de leurs interprétations des personnages, pour construire la version inlassable d’un rite atemporel.
Le dispositif scénique et la légèreté du décor confèrent au spectacle une grande mobilité, et le pouvoir d’être donné dans n’importe quelle salle, appartement, gymnase, lieu public…


La Compagnie Planches Contact fonde son théâtre sur la puissance à dire et à transmettre de l’acteur. Elle ne perd jamais de vue la responsabilité collective fondamentale de l’acte artistique, quel qu’il soit : prétendre arrêter le monde le temps d’une représentation, se placer devant lui et lui livrer une version inédite de sa propre image.
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