Événements

L’esclavage. La France, les abolitions, les enjeux
Conférences – débats – rencontres avec : Christiane Taubira, Sandrine Lemaire, Edouard Glissant, Pascal Blanchard, Nelly Schmidt, Oruno Denis Lara, Françoise Verges, Caroline Oudin-Bastide et Nicolas Rey

Français

« Nul lieu du Monde ne peut s’accommoder du moindre oubli d’un crime, de la moindre ombre portée. Nous demandons que les non-dits de nos histoires soient conjurés pour que nous entrions tous ensemble et libérés dans le Tout-Monde. Ensemble encore, nommons la traite et l’esclavage perpétrés dans les Amériques crime contre l’humanité. »
Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau, Wole Soyinka

Et d’abord quelques dates auxquelles bien d’autres devraient s’ajouter, pour conjurer l’oubli et offrir quelques point d’ancrage à une mémoire collective qui reste à édifier.

1685 : promulgation par Louis XIV du Code Noir qui réglemente l’esclavage des Noirs dans les colonies françaises d’Amérique. Février 1794 : abolition générale de l’esclavage par la Convention à l’issue de révoltes et d’insurrections. Juillet 1802 : rétablissement de l’esclavage par Bonaparte et déclenchement d’une guerre dont le but était de rejeter dans les fers des femmes et des hommes qui étaient devenus de libres citoyens. 1er janvier 1804 : proclamation du premier Etat noir indépendant qui prend le nom de Haïti, à la suite de la reddition des armées françaises . Avril 1848 : décret d’abolition de l’esclavage par le gouvernement de la IIe République. Adoption par le parlement français de la loi du 21 mai 2001 (loi Taubira), « tendant à la reconnaissance, par la France, de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité ».

Cette loi revêt un caractère fondateur s’il est vrai que l’enjeu est bien de dégager un avenir commun à travers une histoire enfin partagée. Non qu’il fallût attendre cette date pour découvrir l’esclavage. Mais la société avait cru se protéger des effets d’une prise de conscience trop aiguë, en rejetant dans un passé vague et lointain une pratique qu’elle jugeait désormais barbare, et que de ce fait, elle considérait en quelque sorte étrangère à elle-même et à sa propre histoire. C’est pourquoi il a paru indispensable de se focaliser sur la pratique française de l’esclavage même si évidemment notre pays n’en a pas eu la triste exclusivité. Car il s’agit justement d’éclairer comment l’esclavage s’inscrit dans l’ histoire française, jusqu’à quel point les représentations qui prétendaient le justifier ont perduré dans la colonisation et quels furent, au fil des ans et des circonstances, leurs avatars, leurs contradictions, leurs travestissements. Afin de mieux cerner ce que sont aujourd’hui les enjeux de mémoire.

En 1848, la seconde abolition fut accompagné d’un impératif appel à l’oubli du passé, comme prix d’une nécessaire réconciliation. Ainsi, une lourde chape de silence fut-elle posée sur l’esclavage que l’on venait de proscrire. C’est cette chape qu’aujourd’hui on soulève. Ces rencontres voudraient modestement y contribuer Car, il n’y a pas lieu de craindre ici le ressassement quand il s’agit de mettre au jour ce qui a été si longtemps refoulé.


Sur une proposition et un programme de Jean-Claude Myrtil.

Information
Christine Bolron, 01 44 78 46 52, fax : 01 44 78 12 03, mail : [email protected]
Entrée libre dans la mesure des places disponibles

Programme
Vendredi 31 mars, 19h30

Christiane Taubira : Les deux abolitions et leurs ambiguïtés. Quelles traces aujourd’hui dans les représentations et les inégalités.
Sandrine Lemaire : L’esclavage dans l’imaginaire colonial.
Edouard Glissant : Nous sommes entrés dans une ère du monde où toute simplicité est un gage d’erreur et de fixation.

Samedi 1er avril, 15h

Pascal Blanchard : Les « Noirs » en image : des abolitions au zoos humains, des conquêtes coloniales aux indépendances.
Nelly Schmidt : Abolitions de l’esclavage : entre mythes et réalités.
Oruno Denis Lara : Colonisation, esclavage et liberté.

19h30 : Projection du film de Guy Deslauriers Passage du milieu (1h17mn, Kréol productions, 1999)

Samedi 22 avril, 15h

Françoise Verges : Les troubles de mémoire, des défis pour la République.
Caroline Oudin-Bastide : Violence et esclavage.
Nicolas Rey : En finir avec une histoire occultée : les Libérateurs de l’Amérique latine étaient antillais !
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