Gabon, présence des esprits
À travers des oeuvres d’une qualité plastique exceptionnelle, cette exposition donne une vision d’ensemble de modes d’expression témoins de savoirs ancestraux et de pratiques comptant parmi les plus aboutis des arts africains.
Exposition
du 20 Septembre au 22 Juillet 2007
Horaires : 00:00
Horaires : 00:00
Arts plastiques, Histoire/société
Dapper – 35 bis, rue Paul Valéry (musée)
50, av. Victor Hugo (admin.), 75116 Paris –
Français
Dès la fin du XIXe siècle, des sculptures fang, kota et punu retenaient le regard des amateurs. Mais si, dans les années 1860, des Européens rapportèrent, avec des trophées de chasse et des panoplies d’armes, quelques masques et « figures d’ancêtres », ce sont surtout les artistes qui s’intéressèrent véritablement à leurs formes. Vlaminck, Derain, Picasso, ainsi que de grands marchands, à commencer par Paul Guillaume, acquirent des pièces gabonaises.
Situation géographique
Traversé par l’équateur, le Gabon a une superficie de 267667km2 et compte un peu plus d’un million d’habitants. Relief, hydrographie, climat et végétation, celle-ci étant caractérisée par une forêt dense, sont relativement homogènes. L’Ogooué, le fleuve le plus important, long de 1200 kilomètres, qui prend sa source au Congo, coule principalement au Gabon. Son bassin couvre à peu près les trois quarts du territoire. D’ailleurs, dans la littérature anthropologique, les Gabonais sont appelés fréquemment les « peuples du bassin de l’Ogooué ».
Issus de différentes migrations qui se sont croisées et succédé vraisemblablement depuis le XIVe jusqu’au XIXe siècle, les populations occupant cette région sont très diverses. Les connaissances relatives aux déplacements les plus anciens, souvent évoqués par la tradition orale, sont fragmentaires. Les travaux sur les époques antérieures et plus particulièrement sur la préhistoire sont encore insuffisants et peu diffusés.
Parmi les populations venues du nord, on peut distinguer de grands groupes ethnolinguistiques, eux-mêmes subdivisés en sousgroupes : dont les Fang, les Myene, les Mbede et les Kota. En ce qui concerne les immigrants venus du sud, principalement du Congo, ils regroupent des Punu, des Lumbu, des Vili et des Teke.
Il est à noter que les groupes pygmées étaient déjà présents avant l’arrivée de ces peuples et entretinrent avec eux d’étroites relations, dans les domaines tant économiques que culturels.
Aperçu historique
Les côtes gabonaises furent découvertes par les navigateurs portugais en 1472. Puis, du XVIe au XIXe siècle, Portugais, Espagnols, Anglais, Français et Hollandais installèrent quelques comptoirs. Dans ce système de traite s’échangeaient de la verroterie, des tissus, de l’alcool et des armes contre de l’ivoire, du bois et des esclaves. Les autochtones étaient attentifs à conforter leurs relations avec les étrangers. À cet égard, leurs chefs ne manquaient pas de veiller à leurs intérêts. Ainsi, le roi Rapontchombo, appelé « roi Denis », signa, en 1839, un traité avec les Français afin de réglementer le négoce effectué dans la région de l’Estuaire.
C’est au milieu du XIXe siècle que les Européens remontèrent difficilement le grand fleuve et pénétrèrent au coeur des forêts inhospitalières.
Paul Belloni Du Chaillu (1831-1903) séjourna de 1848 à 1852 au Gabon, où son père était commerçant. Ce quarteron d’origine « francoréunionnaise », qui s’établira ensuite à New York et adoptera la nationalité américaine, y effectua surtout deux missions, de 1855 à 1859, puis de 1863 à 1865, pendant lesquelles il put recueillir quelques éléments ethnologiques relatifs aux coutumes, aux langues, aux religions, aux systèmes sociaux et économiques des populations qu’il observa.
En cette fin du XIXe siècle, d’autres voyageurs et explorateurs tentèrent eux aussi l’aventure.
On peut citer ainsi les noms de Robert Bruce Napoleon Walker, commerçant anglais, l’un des premiers à s’installer et à reconnaître le bas cours de l’Ogooué et de la Ngounié, l’Allemand Oscar Lenz, qui parvint à reconnaître le cours moyen de l’Ogooué, et les Français Alfred Marche, le marquis de Compiègne et surtout Pierre Savorgnan de Brazza (1852-1905).
Lors de sa deuxième expédition, ce dernier pénétra dans le haut bassin de l’Ogooué, arrivant ainsi, par l’intérieur, jusqu’au bassin du Congo. Il en rapporta un traité avec le makoko, présenté comme le roi des Teke.
Il organisa et dirigea la troisième, dénommée « Mission de l’Ouest africain » (1883-1885).
Vers 1900, le développement des chantiers forestiers dû à l’exportation croissante du caoutchouc et des essences de bois rares a favorisé et intensifié les brassages humains.
Le bassin de l’Ogooué devint ainsi un carrefour économique vers lequel affluèrent des immigrants de plus en plus nombreux. Si la colonisation du Gabon, avec l’installation de personnels administratifs et religieux, apportait de profonds changements dans les territoires occupés, il n’en demeurait pas moins que les autochtones, tout en suivant leurs propres coutumes, avaient en commun des systèmes d’organisation sociale et politique.
En effet, les relations entre individus étaient déterminées par les niveaux de parenté, celle-ci étant soit patrilinéaire soit matrilinéaire.
Par ailleurs, chacun avait sa place dans le lignage et dans le clan de son groupe.
L’art de la sculpture
La plupart des peuples du bassin de l’Ogooué ont transmis à travers les objets leurs croyances et leurs préoccupations. Ces supports, sculptés dans le bois, plus rarement dans l’ivoire, réalisés à partir de métaux, fer, cuivre, laiton, traduisent des façons de vivre et de penser.
Ainsi les masques, autrefois très présents lors des cérémonies cultuelles, offrent-ils au regard des formes diversifiées, allant du naturalisme des pièces punu à la stylisation de celles des Vuvi en passant par des constructions géométriques élaborées comme celles qui structurent les rares masques mahongwe.
Les oeuvres les plus connues des arts du Gabon sont certainement les figures de reliquaire.
Liés au culte des ancêtres, qui requiert la conservation de crânes et d’ossements ayant appartenu à d’illustres défunts – fondateur, chef, guerrier ou chasseur émérite, grand officiant – du lignage, ces objets sont marqués par des esthétiques très différentes. En effet, hormis leur fonction, quels sont les points de convergence plastique entre une figure de reliquaire fang, représentation anthropo-morphe des plus abouties, et une oeuvre kota où la forme du visage, celle des yeux, d’une bouche, d’une coiffure, prennent leur distance avec les références humaines pour aboutir à une stylisation qui joue sur la pure géométrisation chez les Mahongwe ? D’autres pratiques rituelles, qui s’échelonnaient au rythme de la périodicité des cultes ou selon l’importance d’un événement, épidémie, famine, venant troubler l’harmonie de la communauté, nécessitaient des supports particuliers, simples « paquets » de matériaux divers, minéraux et végétaux, ou figures en bois.
En outre, nombre de masques, figures et statuettes servant à la divination faite par les officiants, à la protection d’une femme enceinte, d’un individu désireux de se prémunir lui-même ou sa famille contre le mal ou de guérir de maux provoqués par des actes de sorcellerie, portent les traces de styles différents. Il est donc fréquent que des pièces témoignent de codes esthétiques et culturels appartenant à deux peuples ou plus.
L’art de vivre
Les objets qui ne relèvent ni de l’art du masque ni de celui de la statuaire rendent également compte de la grande créativité des peuples du Gabon. Ainsi les instruments de musique, principalement les trompes en ivoire au corps finement gravé et les cloches surmontées d’une tête humaine sculptée et dotées d’un ou deux battants de fer, étaient-ils réalisés avec d’autant plus de soin qu’ils accompagnaient les cérémonies cultuelles, notamment celles du bwiti. Il en est de même pour les harpes anthropomorphes au visage délicat.
Activités essentielles pour le groupe, la chasse et la guerre – cette dernière faisant naître sous les mains des forgerons des armes dont les lames, les manches et les fourreaux montrent des formes surprenantes – ont suscité la création de pièces exceptionnelles.
Utilisés lors de cérémonies ou au quotidien, les plats pour la nourriture se parent de fins graphismes, et les cuillers, petites, délicates et fragiles en ivoire, ou grandes et solides en bois, faites pour être bien tenues en main, se sont patinées au gré des ingrédients qu’elles recevaient.
Situation géographique
Traversé par l’équateur, le Gabon a une superficie de 267667km2 et compte un peu plus d’un million d’habitants. Relief, hydrographie, climat et végétation, celle-ci étant caractérisée par une forêt dense, sont relativement homogènes. L’Ogooué, le fleuve le plus important, long de 1200 kilomètres, qui prend sa source au Congo, coule principalement au Gabon. Son bassin couvre à peu près les trois quarts du territoire. D’ailleurs, dans la littérature anthropologique, les Gabonais sont appelés fréquemment les « peuples du bassin de l’Ogooué ».
Issus de différentes migrations qui se sont croisées et succédé vraisemblablement depuis le XIVe jusqu’au XIXe siècle, les populations occupant cette région sont très diverses. Les connaissances relatives aux déplacements les plus anciens, souvent évoqués par la tradition orale, sont fragmentaires. Les travaux sur les époques antérieures et plus particulièrement sur la préhistoire sont encore insuffisants et peu diffusés.
Parmi les populations venues du nord, on peut distinguer de grands groupes ethnolinguistiques, eux-mêmes subdivisés en sousgroupes : dont les Fang, les Myene, les Mbede et les Kota. En ce qui concerne les immigrants venus du sud, principalement du Congo, ils regroupent des Punu, des Lumbu, des Vili et des Teke.
Il est à noter que les groupes pygmées étaient déjà présents avant l’arrivée de ces peuples et entretinrent avec eux d’étroites relations, dans les domaines tant économiques que culturels.
Aperçu historique
Les côtes gabonaises furent découvertes par les navigateurs portugais en 1472. Puis, du XVIe au XIXe siècle, Portugais, Espagnols, Anglais, Français et Hollandais installèrent quelques comptoirs. Dans ce système de traite s’échangeaient de la verroterie, des tissus, de l’alcool et des armes contre de l’ivoire, du bois et des esclaves. Les autochtones étaient attentifs à conforter leurs relations avec les étrangers. À cet égard, leurs chefs ne manquaient pas de veiller à leurs intérêts. Ainsi, le roi Rapontchombo, appelé « roi Denis », signa, en 1839, un traité avec les Français afin de réglementer le négoce effectué dans la région de l’Estuaire.
C’est au milieu du XIXe siècle que les Européens remontèrent difficilement le grand fleuve et pénétrèrent au coeur des forêts inhospitalières.
Paul Belloni Du Chaillu (1831-1903) séjourna de 1848 à 1852 au Gabon, où son père était commerçant. Ce quarteron d’origine « francoréunionnaise », qui s’établira ensuite à New York et adoptera la nationalité américaine, y effectua surtout deux missions, de 1855 à 1859, puis de 1863 à 1865, pendant lesquelles il put recueillir quelques éléments ethnologiques relatifs aux coutumes, aux langues, aux religions, aux systèmes sociaux et économiques des populations qu’il observa.
En cette fin du XIXe siècle, d’autres voyageurs et explorateurs tentèrent eux aussi l’aventure.
On peut citer ainsi les noms de Robert Bruce Napoleon Walker, commerçant anglais, l’un des premiers à s’installer et à reconnaître le bas cours de l’Ogooué et de la Ngounié, l’Allemand Oscar Lenz, qui parvint à reconnaître le cours moyen de l’Ogooué, et les Français Alfred Marche, le marquis de Compiègne et surtout Pierre Savorgnan de Brazza (1852-1905).
Lors de sa deuxième expédition, ce dernier pénétra dans le haut bassin de l’Ogooué, arrivant ainsi, par l’intérieur, jusqu’au bassin du Congo. Il en rapporta un traité avec le makoko, présenté comme le roi des Teke.
Il organisa et dirigea la troisième, dénommée « Mission de l’Ouest africain » (1883-1885).
Vers 1900, le développement des chantiers forestiers dû à l’exportation croissante du caoutchouc et des essences de bois rares a favorisé et intensifié les brassages humains.
Le bassin de l’Ogooué devint ainsi un carrefour économique vers lequel affluèrent des immigrants de plus en plus nombreux. Si la colonisation du Gabon, avec l’installation de personnels administratifs et religieux, apportait de profonds changements dans les territoires occupés, il n’en demeurait pas moins que les autochtones, tout en suivant leurs propres coutumes, avaient en commun des systèmes d’organisation sociale et politique.
En effet, les relations entre individus étaient déterminées par les niveaux de parenté, celle-ci étant soit patrilinéaire soit matrilinéaire.
Par ailleurs, chacun avait sa place dans le lignage et dans le clan de son groupe.
L’art de la sculpture
La plupart des peuples du bassin de l’Ogooué ont transmis à travers les objets leurs croyances et leurs préoccupations. Ces supports, sculptés dans le bois, plus rarement dans l’ivoire, réalisés à partir de métaux, fer, cuivre, laiton, traduisent des façons de vivre et de penser.
Ainsi les masques, autrefois très présents lors des cérémonies cultuelles, offrent-ils au regard des formes diversifiées, allant du naturalisme des pièces punu à la stylisation de celles des Vuvi en passant par des constructions géométriques élaborées comme celles qui structurent les rares masques mahongwe.
Les oeuvres les plus connues des arts du Gabon sont certainement les figures de reliquaire.
Liés au culte des ancêtres, qui requiert la conservation de crânes et d’ossements ayant appartenu à d’illustres défunts – fondateur, chef, guerrier ou chasseur émérite, grand officiant – du lignage, ces objets sont marqués par des esthétiques très différentes. En effet, hormis leur fonction, quels sont les points de convergence plastique entre une figure de reliquaire fang, représentation anthropo-morphe des plus abouties, et une oeuvre kota où la forme du visage, celle des yeux, d’une bouche, d’une coiffure, prennent leur distance avec les références humaines pour aboutir à une stylisation qui joue sur la pure géométrisation chez les Mahongwe ? D’autres pratiques rituelles, qui s’échelonnaient au rythme de la périodicité des cultes ou selon l’importance d’un événement, épidémie, famine, venant troubler l’harmonie de la communauté, nécessitaient des supports particuliers, simples « paquets » de matériaux divers, minéraux et végétaux, ou figures en bois.
En outre, nombre de masques, figures et statuettes servant à la divination faite par les officiants, à la protection d’une femme enceinte, d’un individu désireux de se prémunir lui-même ou sa famille contre le mal ou de guérir de maux provoqués par des actes de sorcellerie, portent les traces de styles différents. Il est donc fréquent que des pièces témoignent de codes esthétiques et culturels appartenant à deux peuples ou plus.
L’art de vivre
Les objets qui ne relèvent ni de l’art du masque ni de celui de la statuaire rendent également compte de la grande créativité des peuples du Gabon. Ainsi les instruments de musique, principalement les trompes en ivoire au corps finement gravé et les cloches surmontées d’une tête humaine sculptée et dotées d’un ou deux battants de fer, étaient-ils réalisés avec d’autant plus de soin qu’ils accompagnaient les cérémonies cultuelles, notamment celles du bwiti. Il en est de même pour les harpes anthropomorphes au visage délicat.
Activités essentielles pour le groupe, la chasse et la guerre – cette dernière faisant naître sous les mains des forgerons des armes dont les lames, les manches et les fourreaux montrent des formes surprenantes – ont suscité la création de pièces exceptionnelles.
Utilisés lors de cérémonies ou au quotidien, les plats pour la nourriture se parent de fins graphismes, et les cuillers, petites, délicates et fragiles en ivoire, ou grandes et solides en bois, faites pour être bien tenues en main, se sont patinées au gré des ingrédients qu’elles recevaient.
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