Fiche Film
Cinéma/TV
LONG Métrage | 2018
Bon Grain et l’Ivraie (Le)
Pays concerné : France
Durée : 94 minutes
Genre : drame
Type : fiction

Français

En 2015, Manuela Frésil rencontre les familles qui vivent à la rue à Annecy. Elle filme une année durant la vie des enfants qui vivent là leur vie d’enfants tandis que les parents silencieux et inquiets tentent de préserver un semblant de vie de famille. Les conditions de vie sont rudes et plus encore quand sur décision du préfet le Centre qui les héberge ferme. L’hôtel social, le square au centreville, l’appartement prêté, toutes les nuits il faut trouver où dormir. Et pour ces enfants se raconter une normalité entre l’école et le foyer. Même lorsque c’est l’hiver, lorsqu’il neige dehors et que la gare est le seul refuge pour la journée, personne ne songe à rentrer au pays. Ce pays n’est souvent déjà plus que celui de leurs parents pour ces enfants qui manient la langue française comme s’ils étaient nés là.
Pour la première fois, Manuela Frésil réalise un film seule, avec une caméra, un micro et une voiture. Elle le réalise seule, c’est-à-dire sans équipe, mais en vérité seule elle ne l’est jamais. Elle est avec ces enfants, elle les regarde autant qu’ils la regardent, ils lui racontent leur quotidien, leur espoir, les peurs, ce qu’ils comprennent aussi de situations qu’ils ne comprennent pas. Ils jouent pour elle, ils jouent avec elle. La cinéaste ainsi est tirée à l’intérieur de son film, hors cadre mais dans un contre-champ omniprésent que l’on se figure aisément. En filmant ces enfants auxquels l’état français refuse l’asile, Manuela légitime leur présence autant à nos propres yeux qu’aux leurs, ils sont sur le devant de la scène. Face à la caméra, ils vivent, s’amusent, bavardent, ils existent aux yeux de tous, ils sont à leur place ici et maintenant.

English

Good Grain and the Chaff (The)
In 2015, Manuela Frésil met families living in the streets of Annecy. Over the course of a year, she films the life of children living out their childhood, while their silent and worried parents try to preserve some semblance of family life. Living conditions are harsh and become even more so when the Prefect decides to close the centre that lodges them. The hostel, the city-centre square, the flat on loan, every night they have to find somewhere to sleep. And for the children’s sake, they act as if all were normal between school and home. Even in winter, when snow is falling and the only daytime shelter is the train station, no one thinks of returning to their home country. For these children, who handle French as if they were born here, this home country is often no more than where their parents come from.
For the first time, Manuela Frésil has made a film alone, with a camera, a microphone and a car. She has made it alone without a crew but, in fact, she is never alone. She is with these children, watching them as they watch her and talk about their daily life, their hopes, fears, also about what they understand of situations they do not understand. They play for her, play with her. The filmmaker is drawn into her film, offscreen but in an omnipresent reverse shot that we can easily imagine. By filming these children who have been refused asylum by the French government, Manuela has legitimised their presence, not only in our eyes but also in theirs, they are centre stage. Facing the camera, they live, have fun, chatter, they exist in everyone’s eyes, they are there for all to see, they belong here and now.

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