Pour gagner la baie d’Antongil, la plus vaste de Madagascar, et contempler ses époustouflants panoramas, il faut s’armer de courage et de patience. Accéder à ce paradis naturel enclavé nécessite d’emprunter les pistes boueuses reliant les villages ou d’attendre les départs des bacs dépendant bien souvent de l’humeur du passeur. Cette terre est celle des Betsimisaraka – « les nombreux inséparables » -, des tribus liées par un pacte de sang depuis des siècles. Elle a aussi accueilli des navigateurs portugais et des bâtiments hollandais de la Compagnie des Indes. Elle a servi de refuge aux flibustiers.
Depuis peu, le Fonds européen de développement a débloqué quelque 20 millions d’euros à un programme de lutte contre l’enfermement naturel de la région. Des projets d’écotourisme voient aujourd’hui le jour. Mais les familles de villageois sont encore obligées de diversifier leurs activités pour subvenir à leurs besoins. Les habitants s’en sortent grâce aux ressources que leur offre la nature luxuriante et à la vente. La mer regorge de poissons.
La terre, de girofliers et de vanille. Le commerce et les exportations rythment la vie quotidienne. A Mananara nord, le girofle est cultivé et utilisé à des fins thérapeutiques ou sous forme d’huile essentielle. La canne à sucre, autre spécialité locale, est transformée quant à elle en betsé betsé, une boisson alcoolisée. La région dispose aussi de gisements de quartz encore peu exploités. L’extraction se fait avec des moyens dérisoires et dans des conditions précaires. La population perpétue également la construction de boutres, bateaux d’origine arabe présents de l’Inde jusqu’à Madagascar en passant par le Yémen… Ariane Dadier