Ferro et gaita: deux mots obsédants qui désignent un groupe unique. Mais qui pourraient également lui servir de manifeste, voire servir de mode d’emploi pour comprendre le funana.

Le funana, apparu au début du siècle dernier est la danse populaire de Santiago (la plus grande des îles du Cap-Vert, la plus africaine également). Traditionnellement joué à la « gaita » (accordéon) accompagnée du « ferrinho » (sorte de reco-reco en fer), c’est à l’origine une danse de paysans, au rythme saccadé, très africain, dont les accents de l’accordéon rappellent de lointaines mélodies portugaises. Sorti de l’ombre après l’indépendance, modernisé par une instrumentation électrique et des arrangements inspirés du jazz et du rock, il est devenu l’étendard de la jeunesse capverdienne et le symbole de l’indépendance durement conquise.

Ferro et gaita: c’est de la conjonction d’une lamelle de métal (ferro), grattée en tous sens, et d’un accordéon (gaita), surmené, que viennent les plus revigorantes chansons de l’archipel.

Ferro et gaita: les générations se sont succédées sans que ne se perde l’âme du funana. Au cours des années 90, quelques jeunes qui avaient grandi au son du reggae ont à leur tour brandi le ferro et la gaita, qu’ils ont unis dans une même pulsation lourde, hypnotique. Le succès a été instantané. De Boston à Rotterdam, ils sont désormais considérés comme les rois du funana. Leur nom ? Ferro Gaita.