Littérature / édition
HISTOIRE | Juillet 2011
Essaouira Mogador
André Ménard
Pays concerné : Maroc
Edition : Editions Atlantica
Pays d’édition : France
ISBN : 978-2-7588-0429-1
Pages: 248
Prix : 25.00
Parution : Juillet 2011
Français
Histoire d’un destin singulier
Les chats d’Essaouira :
Selon la tradition, le Prophète Mohammed aurait, un jour, fait faire par un autre la prière publique à la mosquée, pour ne pas déranger un chat qui s’était endormi dans une des longues manches de sa djellaba. Cela expliquerait cette forme de respect qu’ont les musulmans pour les chats. Par ailleurs, le chat qui passe une bonne partie de son temps à se nettoyer, est propre (pas comme le chien, réputé impur). Quelle qu’en soit la raison, les chats prospèrent allègrement dans les rues d’Essaouira où ils ne sont jamais maltraités. Peu d’habitants ont un chat chez eux, mais tous veillent à ce que ceux qui vivent dans la rue ne meurent pas de faim en déposant les reliefs de leurs repas sur le pavé. Il y a aussi des « Bardot »206 locales qui récupèrent des seaux de tripailles aux souks à la volaille et au poisson, et qu’attendent fidèlement chaque jour aux mêmes endroits et à heures fixes, des dizaines de sages matous, tranquilles comme de vrais souiris. Au printemps, quand vient le moment pour la majorité des chattes de mettre bas, les caisses en cartons fleurissent le long des murs pour abriter les fragiles nichées. Bien sûr, les accidents de parcours sont fréquents pour ces innombrables chatons et beaucoup n’arriveront pas à l’âge adulte. Souvent, des mères se voient gratifiées de rejetons orphelins, Brigitte Bardot, actrice de cinéma qui connut son heure de gloire dans les années 60 et qui s’est consacrée ensuite à la protection des animaux quelquefois beaucoup plus gros que leurs propres petits…, et il arrive évidemment que cela finisse mal pour tout le monde quand la mère collective meurt d’épuisement. Durant cette période, il est vivement conseillé aux âmes sensibles de circuler dans les rues le nez en l’air, sinon, il y a fort à parier qu’elles ne pourront résister à l’appel muet de l’une ou l’autre de ces petites boules de poils, toute seule et résignée, dans l’aigreur du vent…. J’en connais, de ces âmes sensibles, j’en suis une : il était là, ce petit bout de chat, au coin de notre rue et l’infection qui lui collait les yeux ne lui laissait aucune chance. « Bon, d’accord, on le prend, mais juste le temps de le soigner et après, ouste ! dehors ! »… P’tit Bout a aujourd’hui quatre ans, c’est un beau matou sarthois, curieux comme tous les chats mais qui, lorsque nous revenons prendre nos quartiers d’hiver à Essaouira ne montre pas la moindre velléité d’aller voir ce qui se passe dans les rues ! Ce que l’on ignore le plus souvent c’est que, au temps où Essaouira était le grand port international que l’on sait, un autre animal avait la faveur des maisons bourgeoises : la gazelle ! Voici ce qu’en dit Paul-Eugène Bache en 1861 : « Ce charmant petit animal a trop exercé la verve des poètes orientaux et donné matière à trop de récits hyperboliques de la part des voyageurs et des naturalistes, pour qu’il soit nécessaire de s’étendre ici de nouveau sur les avantages dont la nature a été si prodigue envers lui ; nous dirons seulement qu’à Mogador, il semble avoir été réduit au plus complet état de domesticité, sans que, pour cela, il ait rien perdu de sa grâce, de sa finesse et de son élégance primitive : élevé en toute liberté, il bondit avec autant d’agilité que dans le désert ; il n’est ni craintif ni farouche et s’apprivoise dès sa naissance ; en un mot, la beauté de ses formes et sa douceur en font tout à la fois l’ornement d’une maison et le compagnon ordinaire des jeux des enfants. »
Les chats d’Essaouira :
Selon la tradition, le Prophète Mohammed aurait, un jour, fait faire par un autre la prière publique à la mosquée, pour ne pas déranger un chat qui s’était endormi dans une des longues manches de sa djellaba. Cela expliquerait cette forme de respect qu’ont les musulmans pour les chats. Par ailleurs, le chat qui passe une bonne partie de son temps à se nettoyer, est propre (pas comme le chien, réputé impur). Quelle qu’en soit la raison, les chats prospèrent allègrement dans les rues d’Essaouira où ils ne sont jamais maltraités. Peu d’habitants ont un chat chez eux, mais tous veillent à ce que ceux qui vivent dans la rue ne meurent pas de faim en déposant les reliefs de leurs repas sur le pavé. Il y a aussi des « Bardot »206 locales qui récupèrent des seaux de tripailles aux souks à la volaille et au poisson, et qu’attendent fidèlement chaque jour aux mêmes endroits et à heures fixes, des dizaines de sages matous, tranquilles comme de vrais souiris. Au printemps, quand vient le moment pour la majorité des chattes de mettre bas, les caisses en cartons fleurissent le long des murs pour abriter les fragiles nichées. Bien sûr, les accidents de parcours sont fréquents pour ces innombrables chatons et beaucoup n’arriveront pas à l’âge adulte. Souvent, des mères se voient gratifiées de rejetons orphelins, Brigitte Bardot, actrice de cinéma qui connut son heure de gloire dans les années 60 et qui s’est consacrée ensuite à la protection des animaux quelquefois beaucoup plus gros que leurs propres petits…, et il arrive évidemment que cela finisse mal pour tout le monde quand la mère collective meurt d’épuisement. Durant cette période, il est vivement conseillé aux âmes sensibles de circuler dans les rues le nez en l’air, sinon, il y a fort à parier qu’elles ne pourront résister à l’appel muet de l’une ou l’autre de ces petites boules de poils, toute seule et résignée, dans l’aigreur du vent…. J’en connais, de ces âmes sensibles, j’en suis une : il était là, ce petit bout de chat, au coin de notre rue et l’infection qui lui collait les yeux ne lui laissait aucune chance. « Bon, d’accord, on le prend, mais juste le temps de le soigner et après, ouste ! dehors ! »… P’tit Bout a aujourd’hui quatre ans, c’est un beau matou sarthois, curieux comme tous les chats mais qui, lorsque nous revenons prendre nos quartiers d’hiver à Essaouira ne montre pas la moindre velléité d’aller voir ce qui se passe dans les rues ! Ce que l’on ignore le plus souvent c’est que, au temps où Essaouira était le grand port international que l’on sait, un autre animal avait la faveur des maisons bourgeoises : la gazelle ! Voici ce qu’en dit Paul-Eugène Bache en 1861 : « Ce charmant petit animal a trop exercé la verve des poètes orientaux et donné matière à trop de récits hyperboliques de la part des voyageurs et des naturalistes, pour qu’il soit nécessaire de s’étendre ici de nouveau sur les avantages dont la nature a été si prodigue envers lui ; nous dirons seulement qu’à Mogador, il semble avoir été réduit au plus complet état de domesticité, sans que, pour cela, il ait rien perdu de sa grâce, de sa finesse et de son élégance primitive : élevé en toute liberté, il bondit avec autant d’agilité que dans le désert ; il n’est ni craintif ni farouche et s’apprivoise dès sa naissance ; en un mot, la beauté de ses formes et sa douceur en font tout à la fois l’ornement d’une maison et le compagnon ordinaire des jeux des enfants. »
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