Indiscipline des élèves pour lesquels l’enseignant est très vite le dindon de la farce en ces temps où l’école n’est plus forcément un sésame à la vie, rivalités et conflits entre collègues généralement justifiés par la quête des responsabilités juteuses lors des examens, incompréhension des parents condescendants souvent trompés par le génie des cancres, situation salariale anémique et sans rapport avec la dimension de la tâche abattue au quotidien, on pourrait égrener à l’infini les misères de l’enseignant dans notre univers où l’échelle des valeurs est renversée. Roman noir de l’enseignant qui oblige à une prise de conscience du corps social tout entier, on n’est pas si loin de le dire, tant la force des détails prouve que Kayabochan maîtrise son sujet. Un sujet amer comme l’avenir de la jeunesse africaine qui se joue insidieusement sous nos yeux. On en pleurerait, si le souffle prodigieux de l’humour qui traverse comme une musique légère l’ensemble de la création ne nous distillait la joie fraîche d’écrire de Kayabochan. Juste pour nous rappeler, s’il en était encore besoin, que nous ne sommes que dans un jeu, le jeu de l’écriture qui se saisit de nous.