Fiche Livre
Cinéma/TV, Littérature / édition
REVUE | Octobre 2021
manifeste et pratique pour une décolonisation culturelle Le FESPACO : Création – évolution – défis
Revue : Black Camera
Pays concerné : Burkina Faso
Parution : Octobre 2021

Français

Co-publication Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de
Ouagadougou (FESPACO) et la revue BLACK CAMERA (Etats-Unis)


Introduction

Gaston J.M. Kaboré et Michael T. Martin

« Faire un film, c’est prendre position »

-Sarah Maldoror, 1977

« Le cinéma africain se cite lui-même.
C’est le signe qu’il a désormais une histoire. »

-Férid Boughedir, 1992

« Notre continent, bien que rongé par tant de problèmes internes
et externes, est plus vivant que jamais. Nous devons faire preuve d’audace et reconquérir notre espace culturel et cinématographique. »

-Ousmane Sembène, 1995

Dans la longue histoire de l’humanité, le traumatisme causé par l’impérialisme occidental et l’ascension du capitalisme avec la mise en œuvre de l’esclavage et du colonialisme en Afrique, dans les Caraïbes et aux Amériques a été sans précédent pour les peuples qui l’ont subi. La résistance des Africains et des peuples diasporiques doit continuer de s’organiser afin de mettre définitivement fin à ces pratiques systémiques d’exploitations et de répressions culturelles et pour appeler à refuser la négation inacceptable, à dessein ou par ignorance, de l’immense contribution de l’Afrique à la culture et à la civilisation mondiales.
Aujourd’hui encore, parallèlement à l’homogénéisation implacable des cultures et des sociétés engendrée par la mondialisation, le projet d’accumulation du capitalisme d’entreprise séquestre et sape la capacité et la volonté de l’humanité « d’agir » ensemble solidairement contre le pillage du monde naturel dont dépend la vie entière de la planète Terre.
En relation avec ces faits, que pouvons-nous mettre en lumière dans l’histoire du cinéma africain et de ses articulations diasporiques ? A l’instar des autres modes d’expressions artistiques, comme le démontrerait un kaléidoscope de genres, de thématiques et de représentations emblématiques, le cinéma africain est un processus en gestation qui est en train de s’approprier son passé, en imaginant et en indiquant les sentiers de l’avenir.
Dans leurs créations, les cinéastes et tous les autres créateurs culturels africains s’efforcent d’épouser les causes et les luttes des peuples et des groupes marginalisés et de traduire leurs aspirations à bâtir un monde pluriel plus respectueux de tous et de chacun, plus juste et plus équitable. Dans le cas particulier des productions cinématographiques africaines, la réflexivité des films porte à la fois « sur les sujets abordés et sur le médium du cinéma lui-même », et cela, dans un premier temps, comme praxis politique, et dans un second temps comme dispositif spectaculaire. Malgré leur riche diversité de genres, de formes narratives, de styles et d’esthétiques, les films africains et tout ce qui s’y apparente, sont en adéquation avec chaque époque historique dans ses composantes de réalité et de fantastique. De tels textes contre-historiques- en fait tous les textes cinématographiques le sont – sont tout autant influencés par les aléas et les nécessités des circonstances, du lieu et du temps dans lesquels ils sont renseignés et constitués dans les circuits de production et d’échanges régionaux, nationaux et continentaux.


D’une manière générale, en gardant à l’esprit ces conditionnalités, la généalogie des lignées du cinéma africain peut être située et rendue intelligible, historiquement et culturellement différenciée. En partant depuis le projet colonial de déni et de dévalorisation culturelle jusqu’aux énoncés créateurs des cinéastes africains et de leurs alliés, on peut s’apercevoir clairement que ces derniers se sont mobilisés pour devenir une force qui s’est lancée à la quête d’un cinéma portée et façonnée par l’âme et le regard africains, et agissant comme une affirmation décoloniale et une reconquête du « moi collectif ». Non moins primordial, est le fait que la nascita de ce cinéma s’est produite au cœur d’un théâtre où se jouaient le panafricanisme et les luttes anticoloniales au cours des années 1960. Puis, dans la période postindépendance, les « nationalisations » des salles de cinéma commencées au début des années 80 et achevées à la fin des années 90 dans un certain nombre de pays et dans le contexte d’une « économie de marché », selon Olivier Barlet et Claude Forest, ont marqué le déclin de la « conscience collective » et l’essor d’un cinéma « d’individuation ». Depuis lors et jusqu’à aujourd’hui, les deux auteurs soutiennent que la révolution numérique a provoqué « un renouveau thématique et esthétique radical » du cinéma africain, que les contributeurs de cette collection interrogent, comme ils le font pour chaque étape du continuum du cinéma africain. L’une des nombreuses chronologies de la naissance et des implantations géographiques successives des expressions cinématographiques africaines, de sa périodisation et de ses péripéties évolutives jusqu’à aujourd’hui, est suggérée dans la liste suivante de films qui est involontairement et nécessairement réductrice et simplificatrice.
En 1895 – année de la projection du film La Sortie d’Usine des frères Lumière- Félix Regnault documente le travail d’une potière d’argile wolof dans A Woman ouolove. L’année d’après en 1896, des projections ont lieu au Caire en Égypte et en Afrique du Sud ; en 1897, c’était autour de la Tunisie et du Maroc d’accueillir des projections cinématographiques. Pendant la période de dénonciation coloniale, René Vautier condamne le projet colonial dans le documentaire Afrique 50 (1950, France – voir photo 5, ci-dessus), Paulin Soumanou Vieyra et Mamadou Sarr traitent de l’identité des étudiants africains à Paris et de la signification emblématique et localisée de l’Afrique, en tant que signifiant flottant, dans Afrique sur-Seine (1955), et Chris Marker et Alain Resnais examinent le racisme dans les lectures de l’art africain dans Les statues meurent aussi (1963).
Parmi les textes cinématographiques de la période anticoloniale, on peut citer Borom Sarrett (1963) et Emitaï (1971) d’Ousmane Sembène, La Bataille d’Alger (1966, coproduction algéro-italienne), cette méditation théorisée de Gillo Pontecorvo sur la guerre d’indépendance de l’Algérie, Sambizanga de Sarah Maldoror (1972, Guadeloupe/Angola), Soleil Ô, de Med Hondo (1970, Mauritanie), Touki bouki de Djibril Mambety Diop (1973, Sénégal) et Wend Kuuni de Gaston Kaboré (1982, Burkina Faso), et pendant la période d’économie de marché et de nationalisations évoquée plus haut, Finye (1983, Mali) et Yeelen (1987, Mali) de Souleymane Cissé, Sarraounia (1986, Mauritanie) de Med Hondo, Mortu Nega (1988, Guinée-Bissau), de Flora Gomès, Guelwaar (1993, Sénégal) de Ousmane Sembène, Afrique, je te plumerai (1992, Cameroun) et Clando (1996, Cameroun) de Jean-Marie Teno, Buud Yam (1997, Burkina Faso) de Gaston Kaboré, et Living in Paradise (1998, Algérie/France), de Bourlem Guerdjou. Enfin, consignant les films dans le « moment » contemporain de Barlet et Forest (« Renouveau esthétique et révolution numérique »), Bye Bye Africa (1998, Tchad) et Un homme qui crie (2010,Tchad) de Mahamat-Saleh Haroun, Faat Kine (1999, Sénégal) et Moolaade (2003, Sénégal) de Ousmane Sembène, de Heremakono (2002, Mauritanie), Bamako (2006) et Timbutu (2014, Mauritanie) d’Abderrahmane Sissako, Le Malentendu colonial (2004, Cameroun) de Jean-Mari Teno, Teza (2008, Éthiopie) de Haile Gerima, La Pirogue (2012, Sénégal) de Moussa Touré, La maison jaune (2007, Algérie/France) d’Amar Hakkar, Félicité (2017, Sénégal) d’Alain Gomis et Atlantique (2019, Sénégal) de Mati Diop. Dans le cadre des repères historiques suggérés ci-dessus, et de l’évolution globale du cinéma africain, il faut placer à son vrai niveau d’impact la fonction anticoloniale de fait du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO), ce très important évènement cinématographique, unique dans son genre dans le monde. Depuis sa création en 1969, la mission du FESPACO est restée remarquablement inchangée, bien que son organisation soit en difficulté, sous-capitalisée et dépendante. Dans la longue et difficile histoire de la représentation, la mission du FESPACO est de récupérer, chroniquer, affirmer et reconstituer la représentation du continent africain et de sa diaspora mondiale, en déclinant dans les films toutes les formes d’identité panafricaine, l’expérience et l’avenir du monde noir dans le projet de création d’une humanité mondiale solidaire.

Conscient de cette raison d’être du FESPACO, on ne saurait le réduire ou le confondre à un simple festival de cinéma quel qu’en soit la taille physique ou l’allure magnifique et la richesse de la programmation.
Le FESPACO est une activité et une intervention historiques œuvrant pour la réalisation des ambitions culturelle, artistique, politique, social et économique, pour la modernité et pour l’indépendance réelle et le développement des nations sur le continent africain.
Dans cet ouvrage, le corpus de la littérature relative au FESPACO est constitué en grande partie d’essais, de commentaires et de témoignages dans une variété de revues d’études cinématographiques et culturelles et de catalogues de festivals. Plus récemment, le FESPACO a fait l’objet d’un panel lors de la conférence 2019 de la Society for Cinema and Media Studies qui s’est tenue à Seattle/ Washington, et a été présenté dans un numéro à paraître du Journal of African Cinemas. Parmi les publications, citons le chapitre de Manthia Diawara sur le FESPACO dans African Cinema : Politics & Culture , Teresa Hoefert de Turégano, African Cinema and Europe : Close-Up on Burkina Faso et Curating Africa in the Age of Film Festivals de Lindiwe Dovey. D’autres travaux substantiels sur le FESPACO apparaissent dans Viewing African Cinema in the TwentyFirst Century de Mahir Saul et Ralph A. Austen, African Cinema from A to Z de Férid Boughedir et des essais et documents dans d’autres publications, y compris ceux publiés dans Black Camera, An International Film Journal, ainsi que l’article de Claire Andrade-Watkins, A Mirage in the Desert ? African Women Directors at FESPAC0 et Going to the Cinema in Burkina Faso de Mustapha Ouédgraogo. Bien que ces publications fournissent un contexte et abordent de manière critique certains aspects des activités, des programmes et des politiques du FESPACO, il n’existe pas de collection complète consacrée à l’étude de cette institution cinématographique et culturelle panafricaine de premier plan.
La présente collection commence par un aperçu des « Lieux et des contextes d’exposition du cinéma africain », avec des essais de Lindiwe Dovey, Manthia Diawara, Beti Ellerson, Sambolgo Bangré et Dorothee Wenner. Puis vient, « Le FESPACO : manifestations cinématographique et culturelle en constante évolution », dédié aux cinquante ans d’histoire du festival lui-même. Il comprend des déclarations d’Ousmane Sembène et de Wole Soyinka, des essais commandés à Mbye Cham, Rod Stoneman, Claire Diao et Sheila Petty, ainsi qu’un long entretien avec Gaston Kaboré et des essais de Manthia Diawara, M. Africanus Aveh, Mahir Saul, Aboubakar Sanogo, Teresa Hoefert de Turégano, Claire Andrade-Watkins, Beti Ellerson, Férid Boughedir, Michel Amarger et Colin Dupré. Cinq essais suivent sur les « Enjeux et défis du FESPACO », dont trois ont été commandés pour cette publication à Imruh Bakari, June Givanni et Remi Abega auxquels s’ajoutent huit textes de contributeurs. Viennent ensuite plus de 80 témoignages de cinéastes, de chercheurs en cinéma, de critiques et de professionnels des médias, parmi lesquels Françoise Pfaff, Jean-Marie Téno, Danny Glover, Mansour Sora Wade, Bridgett M. Davis, Jane Bryce, Alimata Salambéré, Aminata Dramane Traoré, Christiane Taubira, Djamila Sahraoui, Ben Diogaye Beye, Bassek Ba Kobhio, John Akomfrah, Jean-Pierre Bekolo, Euzhan Palcy, Alain Gomis, Flora Gomès, Annette Mbaye D’Erneville, Jihan El Tahari, Baba Hama. Enfin une dernière section comprenant des documents du FESPACO, neuf (9) contributions libres de différents professionnels africains, deux dessins du caricaturiste Damien Glez et deux hommages faits aux deux premiers Directeurs de la Photographie et Cadreurs de cinéma du Burkina Faso, Sékou Ouédraogo et Issaka Thiombiano.
Remerciements

La réalisation d’un projet de cette envergure dépend de la collaboration d’individus et d’institutions. Nous souhaitons reconnaître et remercier nos collaborateurs et en particulier l’excellent travail des équipes de Black Camera au sein de l’Indiana University, USA et de l’Institut IMAGINE à Ouagadougou, Burkina Faso :
– Conseillers
Erna Beumers, Conservatrice de musée, Afrique, Utrecht, Pays-Bas.
June Givanni, Conservatrice et Directrice, Archives du cinéma panafricain (JGPACA), Londres, UK.
Eileen Julien, Professeure, Département de littérature comparée, Université de l’Indiana, USA.
Rod Stoneman, Professeur émérite et ancien directeur de la Huston School of Film & Digital Media, Université nationale d’Irlande, Galway, Irlande.
Emma Sandon, Maître de Conférences, département du cinéma, des médias et des études culturelles, Ecole des arts de Birbeck, université de Londres, Royaume-Uni.
Olivier Barlet, critique de cinéma et chercheur, ancien directeur d’Africultures, France.
Justin Ouoro, Maître de Conférence, enseignant de cinéma, Université Joseph Ki-Zerbo, Ouagadougou, Burkina Faso.
Somet Yoporeka, Université Marc Bloch de Strasbourg, France
Edith Kaboré, Docteur en Pharmacie, membre fondateur de l’Association l’Institut IMAGINE, Ouagadougou, Burkina Faso.
– FESPACO (Burkina Faso)
Ardiouma Soma
, Délégué Général, Festival Panafricain du Cinéma
et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO), 2014-2020
Moussa Alex Sawadogo, Délégué Général en fonction Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO),
Tous les personnels du FESPACO
– FEPACI (Burkina Faso)
Cheick Oumar Sissoko
, Secrétaire Général, Fédération panafricaine
des Cinéastes (FEPACI)
Dramane Démé, Secrétaire exécutif, Fédération panafricaine
des Cinéastes (FEPACI)
– La Plateforme Plus Loin Ensemble (PLE) (Burkina Faso)
Carrefour International de Théâtre de Ouagadougou (CITO) – La Fédération du Cartel – Association Succès Cinéma Burkina Faso (SCBF) – Association Instiut Imagine
– Indiana University Press (USA)
Sherondra Thedford, directrice, production de revue
Michael Regoli, directeur, opérations de publication
– Autres
Julie Hagaret
, traductrice, Université d’Indiana, USA, France
Bernard Boucher, ancien secrétaire général, Institut Québécois du Cinéma, Canada
Catherine Ruelle, Journaliste et critique de cinéma, France
Daouda Sanguisso, interprète/traducteur, Burkina Faso
– Partenaires Institutionnels et Soutiens Individuels de l’Association Institut IMAGINE
Alimata Salambéré, Ancien Générale du FESPACO de 1982 à 1984, Ouagadougou, Burkina Faso.
Toussaint Tiendrébéogo, Secrétaire de la Convention sur la Protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles / Unesco, précédemment responsable de programme, Direction de la langue française, culture et diversités, OIF.
Edouard Ouédraogo, Directeur de Publication du Journal l’Observateur, Ouagadougou, Burkina Faso.
Direction de Développement et de la Coopération (DDC)/ Bureau de la Coopération Suisse, Berne-Ouagadougou-Burkina Faso.
Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)/ Paris, France
Ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCAT)
Fonds de Développement Culturel et Touristique (FDCT)

Notes


1 Voir « FESPACO @ 50: Celebrating the 50th Anniversary of Africa’s Most Important Film Festival and Cultural Event », programme de la conférence SCMS 2019, session Q, 16 mars, Seattle, WA.
2 Manthia Diawara, African Cinema: Politics & Culture (Bloomington: Indiana University Press, 1992), 128-39.
3 Teresa Hoefert de Turégano, African Cinema and Europe: Close-Up on Burkina Faso, (Florence: European Press Academic Publishing, 2004), 60-74.
4 Lindiwe Dovey, Curating Africa in the Age of Film Festivals (New York: Palgrave Macmillan, 2015), 87-109.
5 Mahir Şaul et Ralph A. Austen, Viewing African Cinema in the Twenty-First Century: Art Films and the Nollywood Video Revolution (Athens: Ohio University Press, 2010), 145-48.
6 Ferid Boughedir, African Cinema from A to Z (OCIC, 1992), 181-85.
7 Teaching African Cinema, Roy Ashbury, W. Helsby, and M. O’Brien, eds. (Londres: British Film Institute, 1998), 58-61.
8 Teaching African Cinema, Roy Ashbury, W. Helsby, and M. O’Brien, eds. (Londres: British Film Institute, 1998), 58-61.




SOMMAIRE

Préface
Ardiouma Soma, Délégué général du FESPACO (2014-2020) 3
Introduction 5
Gaston J.M. Kaboré et Michael T. Martin

I. SITES & CONTEXTES D’EXPOSITION

Festivals de films africains en Afrique : Programmer des « publics africains » 11
pour des « films africains ».
Lindiwe Dovey
Sur les traces du cinéma mondial : le cinéma africain aux festivals de films 46
Manthia Diawara
Les femmes africaines dans le paysage des festivals de films 60
Beti Ellerson
Le cinéma africain dans la tempête des festivals mineurs 91
Sambolgo Bangré
La collaboration dans le cinéma postcolonial et les politiques des festivals 97
Dorothee Wenner
Hasard et nécessité dans l’invention du FESPACO 111
Inoussa Ousseini
Le premier festival du Cinéma Africain de Ouagadougou – 1er – 15 Février 1969 117
Catherine Ruelle


II. LE FESPACO : MANIFESTATIONS CINÉMATOGRAPHIQUE ET CULTURELLE EN CONSTANTE ÉVOLUTION

Cinéma et festivals africains : Le FESPACO 125
Manthia Diawara
FESPACO – Promouvoir le développement du cinéma africain par l’octroi 137
de bourses d’études
M. Africanus Aveh
FESPACO et valorisation culturelle 151
Mahir Şaul
Le Cinéma africain entre « ancien » et « nouveau » 156
Mbye Cham
Ousmane Sembène répond à des questions lors d’une rencontre suscitée par la Ligue 165
Patriotique pour le Développement (LIPAD) à Ouagadougou en 1979
Le nom est plus fort que la tyrannie du goût. 183
Wole Soyinka
Cine-Agora Africana : Méditations sur le cinquantième anniversaire du FESPACO 201
Aboubacar Sanogo
Politiques culturelles de production et cinéma francophone ouest-africain : 216
Le FESPACO 1999
Teresa Hoefert de Turégano
Un mirage dans le désert ? Femmes africaines réalisatrices au FESPACO 235
Claire Andrade-Watkins
La longue marche : Gaston Kaboré répond à Michael T. Martin à propos de la 244
FEPACI et du FESPACO
Michael T. Martin
De Sankara à Bollore 266
Frédérique Lagny
Révélations urgentes : Notes sur le temps passé au FESPACO ou la mémoire du futur 273
Rod Stoneman
Cinquante ans d’engagement des femmes au FESPACO 283
Beti Ellerson
Thiaroye ou Yeelen ? Les deux perspectives du cinéma africain 294
Férid Boughedir
Vive le cinéma ! Vive le FESPACO. A Luta Continua ! 299
Claire Diao
Penser le FESPACO comme un écho 306
Michel Amarger
Aller au cinéma au Burkina Faso 310
Mustapha Ouédraogo

Le FESPACO et ses nombreuses vies après la mort 318
Sheila Petty
Le FESPACO, festival de cinéma 225
Colin Dupré

III : CONDITIONS & DEFIS

Vers un recadrage du FESPACO 333
Imruh Bakari
FESPACO Passé et futur : les voix des archives 347
June Givanni
Ouverture de l’Afrique du Sud et avenir du cinéma africain 364
Mahir Şaul
FESPACO 2009-2019 : de la fespagaille à la résurrection 371
Olivier Barlet
50 ans des mémoires pour forger l’avenir ! 400
Rémi Abega
Mots délivrés lors du colloque sur le cinquantenaire du FESPACO (1969 – 2019) :
Alimata Salambéré 404
Aminata Dramane Traoré 408
Christiane Taubira 412
La diplômatie culturelle et FESPACO par Filippe Savadogo 419
Le FESPACO à l’ère du numérique par Lassané Ouédraogo et Laurentine M. Bayala 425
Le français et les langues nationales d’Afrique noire francophone 441
Justin Ouoro

IV. TÉMOIGNAGES DE 81 PERSONNES A PROPOS DU FESPACO 462

V. DOCUMENTS

Résolution de Rabat sur le FESPACO / Conférence de l’OUA (05-12 Juin 1972 650
Règlement général des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC, 1970) 651
Déclaration de Tunis pour la défense des cinémas nationaux 657
Règlement du Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou (FESPACO 1981) 661
Textes préparatoires du colloque sur le cinquantenaire du FESPACO 667
Palmarès du FESPACO depuis 1972 681
La question de la mémoire du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de 704
Ouagadougou
Hamadou Sondé
Plaidoyer pour les salles de cinéma en Afrique 712
Khalilou N’Diaye
« Le public du cinéma africain : mythe, réalité, politique et langage de la vraie vie » 716
Nii Kwate Owoo
Cinéma burkinabè : la Grande Marche à Reculons ? 722
Sékou Traoré
Sékou Ouédraogo, grand directeur de la photographie et formateur émérite 735
Issaka Thiombiano, Chef opérateur de prise de vues/cadreur cinéma de grande expérience 736
Le Cinéma africain : Ma perception, mes attentes et mon rêve. 738
Bernard Yaméogo
A propos de la charte des cinéastes africains 739
Le cinéma africain dans le tiers-monde 744
Ahmed Bedjaoui
« Confronter notre mémoire » – « Ce passé doit parler à son présent » 246
Yoporeka Somet
« Un cinéaste d’Algérie en quête de vérité » 750
Larbi Benchiha
Galerie d’affiches du FESPACO 1969 – 2019 754


Coordination générale / Chef de rédaction
Gaston J-M KABORE
Assistants de rédaction
Toussaint ZONGO
Catherine COMPAORE
Thierry KOUTI
Hanata ZOURE
Karim SALLE
Edmond Tuwendé-Sida SAWADOGO
Serge YANOGO
Catherine RUELLE
Maquette et composition
S. Paul YERBANGA
Directeur d’édition et de production
Jean-Paul SAGADOU – Bayard Africa

Equipe de traduction
Responsable en chef
Daouda SANGUISSO
Traducteurs
Toussaint ZONDI
Harrouna MALGOUBRI
Davy Michel YAGO
Sonia SAWADOGO/MILLOGO
Karl Joseph BATIENO
Equipe de correcteurs
Abdoul Salam ZOURE
Jean Wilson OUEDRAOGO
Etienne NASSA

English

Introduction
Gaston J.M. Kaboré and Michael T. Martin
« To make a film means to take a position. »
-Sarah Maldoror, 1977
« African cinema quotes itself. This is a sign that it now has a history. »
-Férid Boughedir, 1992
« Our continent, ridden with so many internal and external problems, is more alive than ever. We have to be daring and reconquer our cultural and cinematographic space. » -Ousmane Sembène, 1995

The epoch and trauma of colonial rule and slavery in Africa, the Caribbean, and the Americas is arguably without precedent in the long history of western imperialism and ascendancy of capitalism. Africans and its descended peoples’ resistance is no less a challenge today than it was during the period of conquest, settlement, and enslavement. Indeed, the legacy of this period and those defaced by it, the continuing struggle against its repressive cultural and systemic practices in the contemporary period constitutes an abiding summons to refute the denial, by design and ignorance, of Africa’s contribution to world culture and civilization.
To this day, along with globalization’s relentless homogenization of cultures and societies, corporate capitalism’s project of accumulation sequesters and undermines humankind’s capacity and will to « act » in solidarity against the pillaging of the natural world that sustains life and planet Earth.
In these relational historical determinations, consider the decolonizing mediation of the Pan-African Film & Television Festival of Ouagadougou (FESPACO), the world’s most important, inclusive, and consequential cinematic convocation of its kind. Since its formation in 1969, FESPACO’s mission is, in principle, remarkably unchanged, though organizationally distressed, undercapitalized, and dependent. In the long and fraught history of representation, FESPACO’s defining mission is to unapologetically recover, chronicle, affirm, and reconstitute the representation of the African continent and its global diaspora of peoples, thereby enunciating in the cinematic, all manner of Pan-African identity, experience, and the futurity of the Black World in the project of world-making.
With this raison d’être of FESPACO in mind, the festival is to neither be mistaken for merely a site of exhibition, nor a venue for the display of African and Black artistic achievement, nor a modality for cultural performance and representation. FESPACO is a historical activity and intervention on behalf, and in the play, of culture, art, politics, modernity, and the development of nations on the African continent.
This collection then, of landmark and commissioned essays, commentaries, conversations, dossiers, and programmatic statements and manifestos, maps the key moments, historical determinations, and trajectories of the formation and evolution of FESPACO. Together, they document and commemorate twenty-six editions of this biennial festival’s aesthetic and thematic concerns of African and African diasporic filmmaking-time enough to assess its practice, reception, efficacy, and challenges-past and forward. By examining its role as host to deliberations among filmmakers, film scholars, and critics alike in public conversation about the cultural politics and theory of cinema and its location and role in the development priorities of state governments, we are able to discern, particularly African cinema, as a national, continental, and increasingly, in its diasporic iterations, a global cultural formation.
Literature Review
The corpus of literature on FESPACO is comprised largely of essays and commentary in a variety of cinema and cultural studies journals and festival catalogs. More recently, FESPACO was the subject of a panel at the 2019 Society for Cinema and Media Studies conference held in Seattle, Washington and featured in a forthcoming issue of The Journal of African Cinemas.1 Among publications, consider Manthia Diawara’s chapter on FESPACO in African Cinema: Politics & Culture,2 Teresa Hoefert de Turégano’s African Cinema and Europe: Close-Up on Burkina Faso,3 and Lindiwe Dovey’s Curating Africa in the Age of Film Festivals.4 Other substantial work on FESPACO appear in Mahir Şaul and Ralph A. Austen’s Viewing African Cinema in the TwentyFirst Century,5 Férid Boughedir’s, African Cinema from A to Z,6 and essays and documents in other publications, including ones in this journal, Black Camera: An International Film Journal, as well as Claire Andrade-Watkins’s, « A Mirage in the Desert? African Women Directors at FESPACO »7 and Mustapha Ouedgraogo’s, « Going to the Cinema in Burkina Faso. »8 While these publications provide context and critically engage with aspects of FESPACO’s activities, programs, and politics, absent is a comprehensive collection devoted to the study of this premier Pan-African cinema and cultural institution.

Organization of Contents

Co-Published by Black Camera and the General Delegation of FESPACO, this collection is organized in three parts. Part One, constituted in this issue of the journal, is devoted entirely to FESPACO. Part Two, on Colonial Antecedents, Constituents, Theory, and Articulations of African cinema will appear in Volume 12, Number 2 of the Spring 2021 issue of Black Camera; and Part Three, The Documentary Record: Statements, Declarations, Resolutions, Manifestos, Fall 2021.
Part One begins with an overview of the Sites and Contexts of Exhibition for African cinema, featuring essays by Lindiwe Dovey, Manthia Diawara, Beti Ellerson, Sambolgo Bangré, and Dorothee Wenner. Next, FESPACO: An Ever-Evolving Cinematic and Cultural Formation, engages with the fifty-year history of the festival itself. It comprises statements by Ousmane Sembène and Wole Soyinka; commissioned essays by Mbye Cham, Rod Stoneman, Claire Diao, and Shelia Petty; along with a lengthy interview with Gaston Kaboré and essays by Manthia Diawara, M. Africanus Aveh, Mahir Şaul, Aboubakar Sanogo, Teresa Hoefert de Turégano, Claire Andrade-Watkins, Beti Ellerson, Férid Boughedir, Michel Amarger, and Colin Dupré.
Five essays follow on the Conditionalities and Challenges to FESPACO, three commissioned for this publication by Imruh Bakari, June Givanni, and Rémi Abéga. Next in the line-up are over fifty commissioned short statements by filmmakers, film scholars, critics, and media professionals, among them Francoise Pfaff, Jean-Marie Téno, Danny Glover, Mansour Sora Wade, Bridgett Davis, Jane Bryce, et al. Lastly, two sections, one devoted to FESPACO documents, the other three dossiers on the Paul Robeson Award Initative (PRAI), and the film training institutes ISIS-SE and Institut IMAGINE.

Acknowledgements

To realize a project of this scope, scale, and moving parts depends upon the active participation of individuals and cooperation of institutions. We want to recognize and thank our collaborators and, particularly the good work of the staffs of Black Camera and Institut IMAGINE, Ouagadougou, Burkina Faso:

– Advising Consultants
Erna Beumers, Museum Curator, Africa, Utrecht, Netherlands
June Givanni, Curator & Director, Pan African Cinema Archives (JGPACA), London, UK
Eileen Julien, Professor, Department of Comparative Literature, Indiana University, USA
Ron Stoneman, Prof. Emeritus & former Director, Huston School of Film & Digital Media, National University of Ireland, Galway, Ireland
Emma Sandon, Senior Lecturer, Dept. of Film, Media and Cultural Studies, School of Arts Birbeck, University of London, UK
Olivier Barlet, Film critic and scholar, former Director of Africultures, France
Justin Ouoro, Professor of Film, University of Ouagadougou, Burkina Faso
Somet Yoporeka, Marc Block University of Strasbourg, France, Burkina Faso
– Institut IMAGINE (Burkina Faso)
Edith Kaboré
Catherine Compaore, Administrative Assistant
Edmond Sawodogo, Research Associate
Camille Varenne, Artist, filmmaker, Research Associate
Toussaint Zongo, Filmmaker and Director of Administration
– FESPACO (Burkina Faso)
Ardiouma Soma, General Delegate, Pan-African Festival of Film &
Television of Ouagadougou (FESPACO), 2014-2020
The staff of FESPACO9
– FEPACI (Burkina Faso)
Dramane Deme, Executive Director, Pan-African Federation of
Filmmakers (FEPACI)
Black Camera (USA)
Katherine Johnson, (former) Editorial/Production Manager
Megan Connor, Editorial/Production Manager
Samuel Smucker, Editorial Assistant
Yalie Kamara, Translator, Editorial Assistant
Cole Nelson, Editorial Assistant
Richard Jermain, Additional Staff
Pallavi Rao, Additional Staff
Andre Seewood, Additional Staff
Gaston J.M. Kaboré and Michael T. Martin / Introduction 9
– Indiana University Press (USA)
Sherondra Thedford, Manager, Journals Production
Michael Regoli, Director, Publishing Operations
– Other
Julie Hagaret, Translator, Indiana University, USA, France
Bernard Boucher, Former Secretary General, Institut Québécois du Cinéma, Canada
Catherine Ruelle, Journalist and Film Critic, France
Daouda Sanguisso, Interpreter/Translator, Burkina Faso

Notes

1. See « FESPACO @ 50: Celebrating the 50th Anniversary of Africa’s Most Important Film Festival and Cultural Event, » SCMS 2019 Conference Program, session Q, March 16, Seattle, WA.
2. Manthia Diawara, African Cinema: Plitics & Culture (Bloomington: Indiana University Press, 1992), 128-39.
3. Teresa Hoefert de Turégano, African Cinema and Europe: Close-Up on Burkina Faso, (Florence: European Press Academic Publishing, 2004), 60-74.
4. Lindiwe Dovey, Curating Africa in the Age of Film Festivals (New York: Palgrave Macmillan, 2015), 87-109.
5. Mahir Şaul and Ralph A. Austen, Viewing African Cinema in the Twenty-First Century: Art Films and the Nollywood Video Revolution (Athens: Ohio University Press, 2010), 145-48.
6. Ferid Boughedir, African Cinema from A to Z (OCIC, 1992), 181-85.
7. See Cinemas of the Black Diaspora: Diversity, Dependence, and Oppositionality, Michael T. Martin, ed. (Detroit: Wayne State University Press, 1995), 145-52.
8. Teaching African Cinema, Roy Ashbury, W. Helsby, and M. O’Brien, eds. (London: British Film Institute, 1998), 58-61.
9. The staff of FESPACO includes: Adèle Zerbo-Nanema, Guy Désiré Yameogo, Aboubacar Ouango, Marc Placide Sanou, Irène Traore-Yaro, Evelyne Bance, Amina Traore, Mamadou Traore, Moise Sondo, Oumarou Compaore, Hamadou Sonde, Christiane Badolo, Alain Danhoue, Sidiki Ouedraogo, Saïdou Sawadogo, Oumar Ouedraogo, Issa Sawadogo, Boubakar P. Diallo, Youssoufou Ouedraogo, Daouda Traore, Aimée Bado, Prosper Bationo, Rodrigue Parfait Tassembedo, Lucie Tiendrebeogo, San Traore, Gervais Hien, Youl Bahisimine, Constant Bazie, Wilfried Zango, Abdoulaye Sanfo, Suzanne Kourouma, Orokiatou Baro, François Adianaga, Jean Delaru Kambire, Jean Yves Nana, B. Patrice Napon, Serge Alain Kahoun, Idrissa Sourwema, Bassirou Zoundi, Dieudonné Ouedraogo, and Bernard Constant Conombo.
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