Fiche Spectacle
Théâtre
THéâTRE
Improbable vérite du monde (L’)
Contributeur(s) : Ahmed Madani
Date : 26 Septembre 2006

Français

Europe / Océan Indien / Afrique / Haïti
De et mis en scène par Ahmed Madani
Théâtre du Grand Marché, CDR de l’Océan Indien

Avec :
Anne-Laure Brasey,
Mounir Hamza Hamada,
Valérie Liengme,
Dominique Magloire,
Colin Offord,
Laurence Beaumarchais
Joan Mompart,
Olivier Périat,
Christine Pouquet,
Haingomalala
Ratsimbazafy,
Fela Karlynah
Razafiarison.

Ahmed Madani a réuni acteurs, musiciens, écrivains (réunionnais, malgaches, africains, européens) qui croisent leurs regards et leurs expériences sur le monde. Ils invitent à découvrir non pas une, mais des vérités, non pas une, mais des histoires, des histoires de vie, des histoires d’amour, de mort, de chair, des histoires de rien du tout que l’on trouve à bon marché dans n’importe quelle échoppe de Tananarive, de Johannesburg ou de Saint-Denis de la Réunion.
Un spectacle-voyage au pays des vies qui grouillent, pour écouter des hommes et des femmes d’aujourd’hui, dire le monde qui est venu à eux et qui s’est installé, sans que personne ne sache ni comment, ni pourquoi, sur le pas de leur porte. Exactement à l’endroit où ils sont venus au monde.
Ahmed Madani, né en Algérie, dit de lui-même :
« Je n’ai pas de frontières, je suis de partout et de nulle part. J’avance vers l’endroit d’où je ne suis jamais parti, toujours à la quête de ma propre histoire, à la rencontre de celle de l’autre… Si mes pièces de guerre sont des pièces d’amour, alors mes pièces d’amour sont des pièces politiques. Je ne suis pas un artiste engagé mais enragé.
Je suis un humain de la race des humains. Mon pays est une page blanche. »
Ce spectacle a connu plusieurs étapes de construction, trois « chantiers » d’écriture et de recherche collective : le premier, « Le monde est petit » s’est déroulé à l’été 2004 au CDR de la Réunion, le deuxième, « Des mondes et des mots » a eu lieu du 1er au 22 mai 2005 à Madagascar, le troisième, « Rêver le monde » s’est déroulé en février 2006 à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon.
Cette notion de laboratoire est consubstantielle à la façon de travailler de Madani à Saint-Denis : au coeur d’une société où de multiples visions du monde, cultures, religions, cohabitent, il fait de son théâtre un lieu d’expérience du « vivre ensemble » à La Réunion.
« Un spectacle-voyage, carnet de route où ma fuite pourra se déployer dans la peau des autres, dans la morsure de leurs dents blanches croquant et déchirant la vie et pour certains d’entre eux la mort. Je vous invite à découvrir les grands
et petits mensonges qui jonchent les avenues bitumées des villes du monde, et ceux des ruelles en terre battue où des pieds nus ou chaussés, écorchés ou manucurés, ont martelé les sols, ont marqué la cadence, ont dansé, ont couru, ont pris peur, ont semé la mort et la terreur, ont fui, ont trouvé compagnes et compagnons. Et si ces pieds pouvaient parler, ils nous diraient tant de choses que nos oreilles en bourdonneraient des mois après. Lorsque nos pieds fouleront le sol, non plus par en-dessus mais, par en-dessous, tout redeviendra-il vraiment paisible ?
La vérité du monde tient dans la capacité des hommes et des femmes à pouvoir dire en tout lieu et à toute heure : « Non ! Cela n’est pas vrai, tout ce qu’il y a ici devant vous n’est qu’illusion, je vais vous raconter comment cela s’est passé exactement ».
(…) Les origines, la belle affaire ! De quelle origine es-tu ? Nom, prénom, papiers, passeport, identité ! Non toi tu ne passes pas ! Reste chez toi ! N’entre pas ici. Les frontières ne sont pas seulement dans la tête. Partout, des fils barbelés, des lignes à haute tension, des chiens de garde, des miradors. Oui, le monde est divisé, quadrillé, organisé, on ne touche pas à l’oeil du cyclope qui veille sur le bon ordre des choses. Mounir le Comorien ne pourra jamais retrouver ses cousins de Mayotte et s’il prend le kwassa-kwassa (petit boutre comorien) il devra attendre la nuit pour franchir clandestinement la barrière de corail. Sur les plages de la belle Mayotte, les cadavres se relèvent chaque nuit le ventre gonflé et les yeux tuméfiés, et dans le fracas de la houle, hurlent leur peur et les rêves perdus. Quand les morts parlent, ça fait toujours mal.
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