Wamato

Des Amazones de Guinée

Coup de grâce
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Enfin ! voici le retour en force des femmes gendarmes de Conakry !
Je n’étais pas encore né que j’étais déjà tombé fou amoureux de cet orchestre, comme vous le serez instantanément en écoutant ce disque.
Près d’un demi-siècle après sa création, le premier ensemble musical féminin d’Afrique a plus que jamais fière allure. Pourtant, comme l’écrit justement notre cher confrère Justin Morel Junior, « l’histoire des Amazones n’est pas faite de dentelles roses. Les musiciennes l’ont tissée point par point au carrefour des volontés et des passions, au dépassement des complexes et des obstacles ; elles l’ont structurée au fil du temps, l’ont ravigotée à la rencontre d’évènements politiques et culturels malgré les surprises fatales du destin avec la mort de certaines d’entre elles. »
Et Justin d’ajouter : « Décastiser l’art, promouvoir une mentalité nouvelle et laisser la femme de Guinée s’épanouir librement dans tous les domaines de la vie, tel est l’esprit qui enfante en 1961 « l’Orchestre féminin de la Gendarmerie Nationale » qui deviendra plus tard les « Amazones de Guinée ».
Certes un orchestre féminin, ce n’était pas une nouveauté mondiale, ce fut même une mode aux États-Unis dans le jazz des années 1930. Dans l’Afrique de la décolonisation, c’est une véritable révolution.
D’ailleurs, aujourd’hui encore, en 2008 il n’existe aucun orchestre féminin aussi extraordinaire, ni en Afrique, ni nulle part ailleurs.
Pierre René-Worms, dont les photos magnifiques illustrent le livret de ce cd, a bien raison de souligner dans le texte qui les accompagne :
« Pendant plus d’une décennie, les Amazones sillonnent en vraies Reines d’Afrique le continent alors que toutes les tentatives de groupes similaires échouent les unes après les autres. »
Certes à l’écoute de cet album pétulant, délicatement ouvragé par François Bréant (qui fut l’arrangeur de Salif Keita et de Sekouba Bambino) il est assez difficile d’imaginer qu’il a été enregistré par une quinzaine de femmes gendarmes ! Et pourtant…
On a beau être méfiant envers la maréchaussée, impossible de ne pas défaillir en écoutant les voix des Lieutenants Fatoumata Keita et M’Mah Sylla (le « rossignol de Guinée »), les congas du Capitaine Élisabeth Camara ou le saxophone du Commandant Djenabou Bah – tous ces grades étant évidemment à décliner au féminin…
Dire que cet orchestre féminin est comparable aux meilleurs orchestres masculins du Mandingue, ou même de l’Afrique, serait forcément insultant, voire ridicule. Les Amazones de Guinée ont vite fait de vous convaincre que les femmes sont les meilleures en tout !
D’ailleurs, comme l’écrit si justement notre ami Justin Morel Junior : « grâce à une discipline remarquable et surtout une musique de bon aloi, elles s’affirment géniales au travail et admirables de caractère. »
Nous ajouterons simplement qu’elles « swinguent » prodigieusement.
Et après tout, n’est-ce pas cela qui compte le plus dans la vie ?

Wamat, Les Amazones de Guinée, Cantos / PIA///Article N° : 7691

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