Suzanne Rousseau

Nuits d'Afrique, Directrice générale
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Un festival de musique africaine ou caraïbéenne ne se connaît encore que par le bouche à oreille mais sait démontrer sa nécessité.

 » Nuits d’Afrique est le plus vieux festival de musique du monde à Montréal. Nous existons depuis 13 ans. Mais en fait, c’est quand nous avons souligné notre 10ème anniversaire que les différents paliers de gouvernement se sont enfin rendus compte de notre existence. Ils ont constaté que nous étions capables de remplir une salle de 2 000 personnes. Ça les a impressionnés. Et puis l’an dernier, nous avons reçu l’appui de notre premier commanditaire majeur. Quelle innovation !
Le public, lui, a toujours été au rendez-vous. Quasiment depuis les débuts. Mais pour survivre, pour parvenir à boucler l’événement, il fallait cogner aux portes, et cogner encore, et cogner toujours. C’est épuisant. Mais lors de la dernière édition, nous avons été largement récompensés quand, pour le spectacle de clôture, des milliers de personnes se sont réunies pour danser, bouger et chanter avec Kadanss de la Guadeloupe. C’est un groupe de jeunes que nous connaissions à peine et qui assurait la première partie de King Sunny Adé. Mais ils ont fait ce qu’ils voulaient des spectateurs ! Nous regardions cela de l’arrière scène avec les larmes aux yeux. Cet enthousiasme qui ressemblait à s’y méprendre à celui rencontré pendant les festivals majeurs (jazz ou FrancoFolies) couronnait des années d’efforts.
Lors de la dernière édition, nous avons réalisé notre premier sondage. La plupart des spectateurs venait pour la première fois, et la plupart d’entre eux ont signifié leur désir de revenir. Ils avaient été agréablement surpris par ce qu’ils avaient vu et entendu. L’ambiance, les couleurs, la chaleur, tout leur avait plu. Nous avons aussi appris que majoritairement, le public soulignait le manque désolant de promotion et de publicité. Ils étaient nombreux à réclamer la même couverture médiatique et la même représentation extérieure que les autres festivals majeurs. De fait, c’est encore le bouche à oreille qui est le plus efficace parmi nos spectateurs principalement Québécois de souche. Quelque soit le spectacle, ils sont souvent plus nombreux que les Québécois issus des communautés africaines ou caraïbéennes. Ça en dit long !  »

Suzanne Rousseau. Directrice générale du festival Nuits d’Afrique après avoir occupé tous les postes de l’organigramme depuis la création de l’événement.///Article N° : 712


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