Événements

Wole Soyinka
invité de la Fête du livre, avec également Tony Allen, Gaston-Paul Effa, Kossi Efoui, Tunde Kelani, Henri Lopes, Daniel Maximin, Madeleine Mukamabano, Mariame N’diaye…

Français

Octobre 2007. L’écrivain nigérian Wole Soyinka est à Aix-en-Provence… Longue chaîne de fidélités : La Maison et le Monde est d’abord en 1915 un roman de l’Indien Rabindranâth Tagore qui décrit, dans le Bengale colonie britannique, la prise de conscience sociale et nationale comme processus puissamment dramatique. La Maison et le Monde est en 1984 le film que l’immense réalisateur indien Satyajit Ray en a tiré.
C’est – déjà en 1991 – le titre de la Fête du Livre consacrée à ces géants de la littérature et du cinéma.
Affrontement entre l’intime et le solennel, entre le profond et le superficiel, entre le dedans et le dehors.
Affrontement de l’homme libre à la privation de sa personnalité. Chez Wole Soyinka, la maison en pays yoruba naît du monde qu’est le Nigeria, ce géant d’Afrique qu’enfantent les douleurs et les espérances.
Douleurs d’hier. La traite négrière lui a enlevé des fils.
Plaintes et luttes d’esclaves dont l’écho – lors de la Fête du livre en 2001 – a rugi de l’autre rive de l’océan dans l’oeuvre de Toni Morrison… Une puissance impériale, la Grande-Bretagne – et une autre, non loin, la France – plie l’Afrique pour longtemps au nom du colonialisme.
Depuis 1960, le Nigeria indépendant s’édifie en nation riche de plusieurs langues, de plusieurs religions, de plusieurs réalités sociales, de plusieurs cultures autour du delta du grand fleuve.
Face à ce défi formidable, Wole Soyinka s’inscrit sans emphase avec la forte conscience de ses origines et la permanence de son combat. Dans ses romans, sa poésie et son théâtre, il dit – en langue anglaise savamment mêlée de yoruba – sa maison, son père, sa mère, les traditions, les milieux coloniaux, la corruption et les oppressions d’aujourd’hui, la modernité dantesque des villes et des routes. Il dit les itinéraires du monde qui vont d’hier à aujourd’hui et demain, les exils et les retours, d’une Afrique douloureuse à une Afrique responsable, dans la dénonciation – véhémente mais optimiste – des fautes et des crimes, dans l’affirmation des grandeurs, sans fanfaronnade et sans faiblesse.
Les Écritures Croisées
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