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Le Vaudou fascine, le vaudou fait peur – surtout parce que nous ne le connaissons pas : une religion née de l’esclavage, ferment d’unité de malheureux soumis à une vie de souffrance, ferment aussi de leur révolte – et de ce fait au cœur de la culture haïtienne, ferment d’une création artistique foisonnante qui fascina André Malraux… D’inspiration diabolique ? non : diabolisée par les maîtres des esclaves, ce qui n’est pas tout à fait la même chose.

Issus de diverses régions d’Afrique, les esclaves déportés vers les Antilles élaborèrent une religion nouvelle, intégrant aux cultes des divers royaumes africains qu’ils venaient de quitter, les rites et personnages du catholicisme imposés par leurs colonisateurs. Ces femmes et ces hommes, arrachés à leur pays, vendus comme des bêtes, ont tenté de retrouver à travers cette communion dans une même croyance, un peu de dignité et d’espoir. Selon les pays, cette religion en gestation porta différents noms ; en Haïti, on l’appela le vodou.

Les conditions de vie inhumaines des esclaves, des évadés, dans les forêts, les grottes ou les camps, contribuèrent à créer une nouvelle solidarité, une nouvelle société, une nouvelle langue (le créole) et une religion originale à partir des différents rites africains. La pratique du culte faisait naître parmi ces gens d’origines différentes, une unité, une conscience communes.

Plus tard, c’est vers la libération des peuples asservis que tendront toutes ces forces réunies. Haïti sera la première à conquérir sa liberté par les armes en 1804. Loin d’être une simple pratique païenne enfantine, primitive ou diabolique, le Vaudou, est intimement lié à l’histoire tragique de ces peuples. C’est ce monde, au sens strict, que l’exposition fera découvrir, à partir des plus grandes collections existantes (Musée national d’Haïti et grands collectionneurs privés).