Événements

Présence africaine
Une tribune, un mouvement, un réseau

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Du 11 mars au 26 juin 2011, la Bibliothèque de l’Université Cheikh Anta Diop (Dakar) accueille l’exposition Présence Africaine : une tribune, un mouvement, un réseau, présentée en 2009 au musée du quai Branly.

C’est à Dakar, en 1966, que Léopold Sédar Senghor et Alioune Diop mirent en place le premier Festival mondial des arts nègres, en présence d’Aimé Césaire, Duke Ellington, Joséphine Baker, André Malraux…
En 2010, le Sénégal fêtait le centenaire de la naissance d’Alioune Diop, fondateur de la revue Présence africaine, et organisait le troisième festival des Arts Nègres. Cette exposition s’inscrit dans la continuité des manifestations qui, depuis l’an dernier, célèbrent la très riche histoire culturelle et intellectuelle sénégalaise.

La revue littéraire et culturelle « Présence Africaine », héritière des « négritudes » d’avant la seconde guerre mondiale, est fondée à Paris en 1947 par l’intellectuel sénégalais Alioune Diop. Un texte inaugural « Niam n’goura ou la raison d’être de Présence Africaine » explique clairement les objectifs de la revue: Publier des études africanistes sur la culture et la civilisation noire, publier des « textes africains », passer en revue les « œuvres d’art ou de pensée concernant le monde noir ».
Alioune Diop crée un comité de rédaction essentiellement constitué d’intellectuels africains (Bernard Dadié, Mamadou Dia, Abdoulaye Sadji,…) et s’entoure, dans les premiers numéros, de toutes les personnalités intéressées par les mondes noirs : ethnologues, anthropologues (Marcel Griaule, Georges Balandier, Théodore Monod, Michel Leiris, Paul Rivet), écrivains, philosophes (Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Jean-Paul Sartre, André Gide, Albert Camus, Richard Wright) mais aussi galeristes et critiques d’art (Charles Ratton, William Fagg). La part d’auteurs français diminue après les cinq premiers numéros. Si, en 1947, Alioune Diop écrit « cette revue ne se place sous l’obédience d’aucune idéologie philosophique et politique », en 1955, il redéfinit clairement ses objectifs : « Tous les articles seront publiés sous réserve que leur tenue s’y prête, qu’ils concernent l’Afrique, qu’ils ne trahissent ni notre volonté antiraciste, anticolonialiste, ni notre solidarité des peuples colonisés ».
« Présence africaine » a été un outil de diffusion qui a permis aux intellectuels et aux écrivains noirs de revendiquer leurs identités culturelles et historiques que le contexte colonial niait ou « exotisait ». Cette revue fut donc à la fois un mouvement, un réseau d’échanges et une tribune permettant aux différents courants d’idées liés aux « mondes noirs » de s’exprimer. « Présence Africaine » a été également l’un des acteurs qui a permis très tôt de constituer la bibliothèque des textes fondateurs de l’anticolonialisme en France (Aimé Césaire, Jean-Paul Sartre, Frantz Fanon, …).

Cette exposition a pour ambition de montrer le rôle majeur joué par « Présence Africaine » dans l’histoire politique et culturelle des intellectuels noirs francophones, anglophones et lusophones des années 1950- 1960.
Elle explore et analyse son rôle de catalyseur durant les 20 premières années de son existence. En effet, c’est au cours de cette période que « Présence Africaine » fonde une maison d’édition (1949), produit le film Les Statues meurent aussi d’Alain Resnais et Chris Marker (1953), créée une association culturelle (1956), organise 2 Congrès d’écrivains et d’artistes noirs (1956 et 1959) et participe activement à la mise en œuvre du « premier festival des arts nègres » de Dakar (1966).
Aujourd’hui, une exposition consacrée à l’histoire de « Présence Africaine » permet de révéler à un large public sénégalais le rôle méconnu des intellectuels africains, antillais, malgaches et noirs américains dans la vie intellectuelle française et mondiale. Elle est également l’occasion de rendre hommage à Alioune Diop, une grande personnalité trop peu connue.


Sarah Frioux-Salgas

Née en 1978, elle a suivi des études d’Histoire Africaine à Paris 1 (recherches sur la traite négrière et l’esclavage dans les Caraïbes). Elle a été assistante d’exposition au Musée d’art et d’histoire du judaïsme (« Marc Chagall : Hadassah », 2002, « Tim : être de son temps », 2003). Depuis 2003, elle est responsable des archives et de la documentation des collections à la médiathèque du musée du quai Branly et collabore régulièrement avec le département de la recherche et de l’enseignement du musée (colloque, journées d’étude). Elle a collaboré avec Edouard Glissant, à plusieurs projets liés à l’histoire de l’esclavage (journée en mai 2007, pour la journée de « La mémoire des esclavages et de leurs abolitions » et publication en 2010 aux éditions Galaade), et contribué aux catalogues des expositions « Les étrangers au temps de l’exposition coloniale » (Centre National de l’Histoire de l’Immigration, 2008) et « Ode aux grands arts africains : les Statuent meurent aussi » (musée de la Monnaie de Paris, 2010)

Gaëlle Seltzer, scénographe de l’exposition
Née en 1970, Gaëlle Seltzer a suivi des études d’architecture à Paris et à Berlin. Diplômée en 1995, elle découvre la scénographie au sein de l’agence Pylône, qui travaille notamment cette année-là sur l’aile des Antiquités Orientales du Grand Louvre. Depuis, elle n’a de cesse de développer son savoir-faire dans le domaine muséal sur des sujets très variés, en architecture au pavillon de l’arsenal par exemple. En 2002, Gaëlle Seltzer retrouve Jean-Paul Boulanger (agence Pylône), pour une longue collaboration : ils mènent des projets tels Starwars à la Cité des sciences, ou encore Gauguin, le Douanier Rousseau au Grand-Palais. C’est en 2007 qu’elle crée sa propre agence, « 17 avril », et continue d’explorer des sujets divers : photographie, peinture, archéologie, ethnographie, art moderne…
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