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Youssef Nabil – You Never Left

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Cette exposition constitue une première à double titre puisque Youssef Nabil, connu pour son travail à mi-chemin entre la photographie et la peinture, y dévoile son premier film : un court-métrage de huit minutes mettant en scène les acteurs Fanny Ardant et Tahar Rahim dans un ailleurs allégorique, métaphore de l’Egypte perdue.

You Never Left représente à cet égard un tournant majeur dans le parcours d’un artiste dont l’œuvre entière est inspirée par le 7ème art. Youssef Nabil y réinvestit avec révérence et inventivité les caractéristiques esthétiques de l’âge d’or du cinéma égyptien, à l’origine même de sa vocation – les stars, le technicolor, le tournage sur pellicule. Entourant ce très beau travail cinématographique, une série de photographies inédites seront également présentées.

« Le cinéma est la distillation de la vie » déclare Fanny Ardant dans un entretien avec l’artiste. Le spectateur retrouve dans You Never Left la dimension personnelle, diariste, propre à l’œuvre photographique de Youssef Nabil. Le film donne à voir le face-à-face poignant entre un homme (Tahar Rahim) et le pays qu’il a quitté pour accomplir une destinée individuelle qui est aussi scénario de cinéma. L’Egypte, « Mère Patrie » incarnée par Fanny Ardant et sublimée en mater dolorosa devient au terme de ce récit initiatique la région intérieure de l’artiste, son pays mental.

Fidèle au talent de coloriste du photographe, You Never Left propose un traitement empreint d’allusions et de mystère qui tire sa puissance de son alliance féconde avec l’hyperréalisme du médium cinématographique. Il retrouve dans sa forme même l’oscillation permanente entre désir d’ailleurs et nostalgie du connu.

Dressant un parallèle entre l’exil et la mort, Youssef Nabil signe avec You Never Left un véritable autoportrait filmé, à la fois intimiste et solennel.



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Youssef Nabil observe sa vie comme un spectateur de cinéma, assistant à chaque minute de son propre film. Enfant, la prise de conscience douloureuse que nombre des icônes du cinéma égyptien qu’il adule ne sont plus de ce monde allume en lui le désir de rencontrer et d’immortaliser ceux qui sont toujours en vie. Ce faisant, il s’engage dans la création d’une réalité imaginaire qui reflète les paradoxes du Moyen-Orient actuel tout en réveillant les fantasmes flamboyants des films Egyptiens cosmopolites des années prérévolutionnaires.

Youssef Nabil commence sa carrière en 1992 en mettant en scène ses amis dans des tableaux rappelant les saynètes mélodramatiques de l’âge d’or du cinéma égyptien. Dans les années 1990, alors qu’il travaille comme assistant photographe à New York et à Paris, il initie une série sur les artistes, donnant à voir au sein de portraits oniriques un visage singulièrement différent de leurs personnages publics. A son retour en Egypte en 1999, il approfondit, à l’occasion d’un travail sur le cinéma du monde arabe, une technique singulière de photographie, réalisant des tirages argentiques noir et blanc qu’il peint à la main. Cette approche nouvelle lui permet – à l’instar des films égyptiens de son enfance – de libérer la réalité de ses scories, réconciliant art contemporain et culture populaire. Récemment installé entre Paris et New York, Youssef Nabil donne également naissance à des autoportraits qui reflètent sa vie fragmentée loin de l’Egypte.

Le travail de Youssef Nabil a été présenté dans de nombreuses expositions personnelles et collectives, notamment au British Museum de Londres, à la Villa Medicis de Rome, au BALTIC Centre for Contemporary Art de Newcastle, au Centro Andaluz de Arte Contemporaneo de Séville, au Centro de la Imagen de Mexico, au North Carolina Museum of Art, au Centre de Cultura Contemporanea de Barcelona à l’Institut du Monde Arabe à Paris. Deux monographies ont été publiées sur son oeuvre: Sleep in My Arms, (Autograph ABP and Michael Stevenson, 2007) et I Won’t let you die (Hatje Cantz, 2008).

Présenté en avant-première au sein de l’exposition événement Told/Untold/Retold lors de l’inauguration du Mathaf à Doha en décembre 2010, You Never Left y a rencontré un succès critique important inscrivant Youssef Nabil dans une « Nouvelle Vague » d’artistes arabes venus renouveler le paysage artistique international.

Copyright : Youssef Nabil, 2010.
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