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Qayna, triptyque musical
Avec les chanteuses Laïla Amezian, Nathalie Meftah et Anissa Rouas

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Rares sont les créateurs, dans le monde arabe, à se réclamer de l’héritage préislamique. Et tout aussi rares, hors du cercle des spécialistes, sont ceux qui ont eu vent des qayna-s, ces maîtresses-femmes, anciennes esclaves libérées par la pratique de leur art, renommées pour leurs strophes finement ciselées qu’elles déclamaient ou, parfois, chantaient dans les souks et les soirées privées. On prêtait également à ces courtisanes plutôt aisées une grande influence sur les décisions des califes et des notables, et on louait leur culture générale et leur aptitude aux langues. De ces qayna-s demeurent quelques magnifiques poèmes – dont les thèmes sont loin d’être dépassés – qui sont ici interprétés sur fond de genres traditionnels dits sinad et hazadj.

En revanche, nulle trace des musiques qui soutenaient leurs chants. Restait à les imaginer : c’est ce qu’ont fait Abid Bahri, compositeur et joueur de luth, et Addi Yahia, directeur artistique, deux Marocains de Belgique passionnés d’histoire et de patrimoine ancien et soucieux de la sauvegarde d’une tradition injustement occultée. Pour faire revivre ce passé si précieux, ils ont

fondé l’ensemble Qayna, fort de onze musiciens et rehaussé par la présence de trois superbes voix, celles de Laïla Amezian, Anissa Rouas et Naziha Meftah.
Les compositions d’Abid Bahri, joliment arrangées par l’Algérien « andalousant » Samir Bendimered, jouent sur les nuances arabes et les harmonies occidentales.

D’origine arabe, éthiopienne, perse ou byzantine, ces femmes de confession juive, chrétienne ou païennes professaient déjà la multiethnicité et le multiculturalisme. Ce concert leur rend hommage.
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