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Bouki Blues Festival

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Bouki Blues Festival est un projet culturel à tois volets. Le festival en est le point focal.
Un Programme du Centre de Recherche Ouest Africain Dakar.

1. LE PORTEUR DE L’INITIATIVE

 » Statut de la structure : L’Association de Recherche Ouest Africaine (AROA) est une association à but non lucratif et à durée illimitée
 » Composition : L’AROA est ouverte à tous les chercheurs qui s’intéressent à l’espace ouest africain, quelle que soit la discipline à laquelle ils appartiennent.
 » Fonctionnement : L’AROA est pilotée par un conseil d’administration élu par une Assemblée générale pour une durée de trois ans renouvelables. Elle dispose d’un siège (le Centre de Recherche Ouest Africain), convenablement équipé pour l’appui à la recherche (documentation, conseils, contacts, organisation de séminaires, de rencontres scientifiques, etc.), sis à Fann Résidence, rue E x Léon Damas, Dakar.
 » Informations sur le projet et ses acteurs :
La mise en œuvre des objectifs de l’Association de Recherche Ouest Africaine est effectuée par le biais de commissions techniques qui élaborent des projets structurants tels que le Centre de Recherche sur les Politiques Sociales (Crepos), qui épaule les doctorants de l’Université dans la formulation et la réalisation de leurs projets de recherche, et le Bouki Blues Festival qui œuvre pour la promotion des études sur la diaspora noire. Le festival en est à sa troisième édition. La première, qui a eu lieu en janvier 2002 à St. Louis du Sénégal, a connu un franc succès avec la participation d’artistes et d’universitaires du Sénégal, du Mali, de la Mauritanie et du Mississippi. Dakar et Jiloor Jijaak, sites de la deuxième édition, ont pu aussi réunir des chercheurs et artistes de la sous-région et des USA, dont Pascal Baba Coulibaly, ancien Ministre de la Culture du Mali. Les performances réalisées dans le cadre du Bouki Blues Festival sont l’œuvre d’une équipe majoritairement composée d’universitaires qui, en dehors des amphithéâtres, sont aussi des acteurs culturels dont l’expertise est confirmée et sollicitée.

 » Liste nominative des membres du comité de pilotage :
– Ousmane Sène, Département d’Anglais, UCAD, Directeur du Centre de Recherche Ouest Africain : Administrateur général
– Ibrahima Seck, Département d’Histoire, UCAD, Secrétaire Général Association de Recherche Ouest Africaine : coordonnateur
– Mallé Diaw et Mamoudou Sy, chercheurs : Assistants à la coordination
– Oumar Ndao, Département de Lettres Modernes, UCAD : directeur artistique
– Ibrahima Thioub, Département d’Histoire, UCAD, président Association de Recherche Ouest Africaine : directeur scientifique
– Kisito Diène, anthropologue, acteur culturel : directeur de la logistique
– Souleymane Kane, acteur culturel : directeur de la programmation
– Ibrahima Wane, Département de Lettres Modernes, UCAD : directeur de la communication
– Bassirou Niang, journaliste : attaché de presse.
– Abdoulaye Niang, comptable du Centre de Recherche Ouest Africain : trésorier
– Moulaye Keïta, chercheur, trésorier de l’ Association de Recherche Ouest Africaine : trésorier adjoint
– Mamadou Wane, acteur culturel, parolier : chargé de l’évaluation
– Baïla Talla, administrateur civil : conseiller chargé des relations avec les institutions
– Laurence Gavron, cinéaste : chargée de la documentation filmographique
– Mignane Diouf, administrateur de projets au Congad : chargé de liaison avec le village de Jiloor Jijaak.
– Membres du comité local de Jiloor Jijaak : Maliam Diouf (président), Pierre Ngoor Bakhoum (lutte), Paul Senghor (sécurité), Daouda Thiaré (accueil), Latyr Senghor (hébergement), Khane Diagne (animation artistique), Sophie Diouf (restauration), Famara Basse (liaison avec les Ong locales).

2. RESUME ET CONTEXTE DU PROJET

 » Bouki Blues Festival est un projet essentiellement consacré aux arts scéniques (musique et danse) avec des activités académiques à l’appui sous forme de conférences ou colloques. Le blues est le genre musical ciblé.

 » Les activités académiques qui accompagnent le festival sont organisées en milieu universitaire pour permettre à la communauté universitaire, en particulier les étudiants, de s’imprégner des questions relatives à la traite des eclaves et à la disapora noire, avec comme point focal les aspects culturels de cette migration forcée. Lors de la première édition à St. Louis, le colloque avait eu lieu à l’Université Gaston Berger.

 » Les enfants sont aussi concernés. Le festival démarre traditionellement avec une séance de contes accompagnés de musique. Lors de la séance d’ouverture de la 2e édition, au Théâtre National Daniel Sorano, un conte de Bouki avait été utilisé comme prétexte pour dérouler une fresque historique sur la traite des esclaves.

 » Le blues étant avant tout un phénomène musical rural sorti des champs de coton du Mississippi, les activités festives de Bouki Blues Festival se font désormais essentiellement en milieu rural, notamment à Jiloor Jijaak ou Jiloor-Siin. Ce village est le royaume d’enfance du poète-président Léopold Sédar Senghor. Il s’agit d’un village d’un millier d’habitants localisé sur un site aux énormes potentialités touristiques, sur les bords du fleuve Siin, entre Fimla et Ndangaan. Plusieurs années de sécheresse ont considérablement affecté l’environnement, avec notamment la dégradation de la mangrove et la perte des terres rizicoles du fait d’une hausse excessive de la salinité. La population locale est constituée essentiellement de paysans, de pasteurs et de pêcheurs dont la majorité, surtout les jeunes, est affectée par l’exode rural.
Pendant une grande partie de l’année, Jiloor est plongée dans une torpeur proverbiale que ne peuvent briser ses résidents permanents composés en majorité d’enfants et de personnes âgées. Au début de chaque année, après les récoltes, un championnat de lutte traditionnelle est l’occasion de grandes retrouvailles entre les résidents et ceux, plus nombreux, qui ont choisi de chercher fortune en ville. Ce championnat, à but social et récréatif, attire aussi des lutteurs et spectateurs de tous les villages environnants. Il s’agit d’un moment d’effervescence culturelle qui permet à la jeunesse de se ressourcer dans ce que la société peut lui offrir de plus essentiel pour son devenir. Toutefois, les maigres ressources qui en sont tirées ne servent qu’à renouveler l’évènement. Bouki blues Festival offre un autre moment d’effervescence culturelle qui, au-delà des activités festives, cherche à créer une synergie pour un développement endogène.

3. OBJECTIFS ET METHODOLOGIE


 » Objectif principal du projet : Bouki Blues Festival se positionne comme un forum pour une meilleure connaissance de la culture du blues et pour la lutte contre la marginalisation qui frappe nos campagnes.

 » Principaux résultats attendus :
– Mise en œuvre d’opportunités d’échanges et de coopération entre les chercheurs et les artistes intéressés par les questions de la traite des esclaves, notamment dans sa dimension culturelle ;
– Création d’une tribune pour valoriser le patrimoine culturel africain et celui de sa diaspora;
– Promotion de la destination Sénégal pendant la basse saison touristique.
– Mise en place d’une foire culturelle au profit des populations ciblées en milieu rural ;
– Amélioration de la visibilité de la région ciblée pour favoriser son développement économique et la protection de son environnement.

 » Apport du projet au secteur culturel : Il s’agit principalement de faire la promotion du blues, un genre musical que les populations du sahel et de la savane africaines ont pu réinventer aux USA, dans un contexte de servitude. Le festival ambitionne de créer une rencontre annuelle, au Sénégal, entre les musiciens de blues d’Afrique, de la diaspora et d’ailleurs. Des pourparlers sont en cours pour créer, à court terme, un triangle du blues entre le Bouki Blues Festival, le Mississippi Delta Blues Festival et le Bordeaux Delta Blues Festival. Le blues est un phénomène qui, au-delà de la musique, implique aussi une vision du monde, des aspects culinaires, bref toute une culture que des spécialistes pourront décortiquer pour le grand public.

 » Principaux bénéficiaires du projet :

– La communauté universitaire de Dakar ;
– Les enfants de l’agglomération de Dakar ;
– Le village de Jiloor Jijaak et ses voisins dans la communauté rurale de Fimla ;
– Les participants extérieurs.

 » Conception du projet : Bouki Blues Festival est conçu comme un projet intégré mettant en synergie des chercheurs, des artistes et les populations-cibles.

 » Méthodologie : Il s’agit d’un projet éducatif basé sur une pédagogie particulière : la mise en scène de certains aspects de l’unité culturelle entre l’Afrique et la diaspora, les initiateurs étant convaincus qu’il ne suffit pas d’en parler. L’esprit du festival consiste à exposer des faits culturels propres à la diaspora à leur origine africaine pour permettre au grand public de voir les similitudes et les évolutions apportées par la distance, le temps et les influences externes. Aussi, ce projet culturel n’aurait-il pas de sens si toutefois il se limitait au milieu urbain. Les festivaliers étrangers auront besoin de découvrir le milieu rural où la culture africaine est mieux conservée. La population rurale a aussi besoin de profiter des manifestations culturelles comme les festivals internationaux tout autant que la population urbaine.


4. JUSTIFICATION DU PROJET

Bouki est le nom wolof de la hyène que les Bambara appellent Soroku. Comme Anansi ou Ananzé du monde Akan, Bouki est un personnage qui atteste la présence et la persistance de la culture africaine en Amérique. Jusqu’à nos jours, en Louisiane, on trouve les contes de la savane africaine interprétés par des Noirs et les descendants des Acadiens, des Blancs de souche française, chassés du Canada par les Anglais à la fin de la Guerre de sept ans. Il s’agit des fameux contes de Bouki et Compère Lapin. Celui-ci n’est rien d’autre que la survivance américaine de Leuk-le-lièvre qui aurait évolué pour donner naissance à Bugs Bunny, fameux personnage de dessins animés aux USA. Bouki a aussi survécu dans les contes de Floride, des Bahamas et de Haïti.

Dans sa conférence inaugurale de la deuxième édition de Bouki Blues Festival, Pascal Baba Coulibaly, ancien Ministre de la Culture du Mali, a clairement campé le personnage en tant que vecteur d’éducation et de paix sociale : « L’hyène assume, chez la plupart des peuples du Sahel, la fonction centrale de pédagogue par excellence de la communauté humaine. Le fait est qu’au Sénégal, en Guinée, dans le Nord de la Côte d’Ivoire, au Niger, au Burkina Faso, au Mali, parmi les contes devisant sur les travers de l’humanité et les mystères de la destinée, c’est elle qui occupe la place royale concernant le domaine particulier de la proclamation de la morale et de l’éthique, colonnes vertébrales du corps social. Pour ce faire, elle est hissée de façon unanime, au statut combien envié de parent à plaisanterie de l’homme. Cette pratique, courante dans les pays ci-dessus cités, consiste, on le sait, à l’établissement de relations d’entraide, mais surtout de plaisanterie entre familles, patronymes, ethnies, classes d’âges ou personnes alliées. Les deux protagonistes fonctionnent, à l’intérieur de cette configuration cathartique, l’un sous l’accusation de l’autre, comme porteur de la totalité des travers connus de la communauté. L’hyène elle, a le privilège suprême d’être le parent à plaisanterie de tout le monde, sorte de « punching ball » communautaire qui permet le défoulement en même temps que l’enseignement collectif « .

Le nom donné au festival n’est donc pas fortuit. Le personnage de Bouki est utilisé ici comme un liant pour rapprocher des peuples et promouvoir une culture de paix et de fraternité transcendant les affres de la traite négrière et de l’esclavage. La justification du projet se trouve dans cette approche qui consiste à créer les conditions de la rencontre autour d’une musique (le blues) avec ce que cela implique comme effets induits : promotion du genre musical ciblé et tout ce qu’il véhicule comme enseignements, ouvrir en milieu universitaire un champ de réflexion encore en friche, réconcilier les enfants avec les contes traditionnels dans toute leur dimension éducative, transporter la fête au village-cible pour l’intégrer au calendrier culturel national et exposer ses problèmes aux décideurs et potentiels investisseurs.

English

1. Presentation of the project.
Envisioned for the second week of January 2005, in Jiloor Jijaak, Dakar, and Gorée Island, Sénégal, the second edition of Bouki Blues Festival was devoted to the historical and cultural links between West Africa, the Mediteranean world and the Western hemisphere. The first edition, hold on January 7-12, 2002, was primarily devoted to the Mississippi-Louisiana area where African music has survived under the name of Blues, a musical form that evolved in the urban milieu to give birth to Jazz and Rock’n Roll. Musicians and scholars from Mali, Mauritania, Senegal, and Mississippi were given the opportunity to interact during that week-long event. The keynote speaker was the late professor Peter Aschoff of the University of Mississippi at Oxford and the guest star was the celebrated blues singer James « Super Chikan » Johnson from clarksdale, Mississippi.

The theme of the second edition depicted the will of the organizers to open gradually the festival to all sections of the African diaspora around the world. The main goal of the festival was to bring together cultural expressions of the Diaspora with their African origins to permit the greater public to see the similarities, adaptations, and variations created by distance, time, and external influences. Exhibitions and a symposium will permit specialists to enlighten and educate participants and visitors. The artists and the musicians from West Africa will be able to interact and compare their work with their counterparts from the diaspora.
Interest in such an event existed in the reunion and reconciliation of people, the rediscovery and the promotion of the kind of multiculturalism advocated by UNESCO. It was necessary to promote a culture of peace and fraternity by showing, beyond the horrors of the slave trade and slavery, the results of the resistance and resilience of African culture exported to America, the Mediterranean world and elsewhere. The Festival was also an occasion to honor, on African ground, those who have contributed to the promotion of Africa and its culture.

Bouki Blues Festival was also designed as :
– An opportunity to promote African culture, especially the performing arts
– An arena for the struggle against all forms of modern slavery
– A cultural fair to the benefit of the local population
– A sustainable cultural industry based at least on five permanent jobs and hundreds of seasonal jobs during the week of the festival.

Bouki Blues Festival was conceived as an integrated educational project bringing together scholars, artists, and the target populations in order to perform the cultural connections, not only talk about them. This project would also be a non-sense if limited to urban areas. Participants had the opportunity to discover the rural milieu where african culture is more obvious. The rural population also needed to be associated with international cultural events hitherto limited to big cities.

Jiloor Jijaak or Jiloor-Siin, a small village located between Fimla and Ndangaan in the Sereer country, is prevalent in the poetry of Léopold Sédar Senghor, the late président of Senegal who spent there the most significant years of his childhood. Many years of drought have destroyed the environment and have decided the youth to join big cities like Dakar, leaving behind old people and children. Every year, at the end of the rainy season and after having safely stored the new crops, a wrestling contest is organized by the villagers. This is an occasion for family reunions and a unique opportunity for the youth to fully reconnect with, rejuvenate, and consolidate its roots. One of the goals of the second edition of Bouki Blues Festival is to promote this cultural event and weave a network of solidarity for the benefit of the village.

2. Why the name « Bouki Blues Festival »? What musical form symbolizes human sufferance better than the blues ? The blues is a way of life, a synthesis of African culture in America. Its most typical melodic features came from the Sahel and the savannah of West Africa just like Bouki and Lapin, the famous folktales characters which one still finds today in Louisiana. Compère Lapin is nothing else but the American survival of Leuk-le-lièvre, the West African hare, who eventually evolved into the cartoon character Bugs Bunny. Bouki is the Wolof name for the hyena, a character that also survived in folktales from Florida, the Bahamas, and Haiti.
Bouki symbolizes the persistence of African culture in America, and African wisdom at large. The way West Africans have depicted his character traits summarizes eloquently their mostly dramatic experience with the rest of the world. Germaine Dieterlen and Yousouf Tata Cissé noted in Les Fondements de la Société du Komo that « the hyena, for the Bambara, is gifted with intuition and infallible foresight. It possesses « dark knowledge » : the obscurity, that is to say, the mystery, has no secrets for him. His name is constantly associated with the night which shelters loves, with the secret of maternities, and cults of fertility and abundance. The hyena is guardian of life on Earth. Often presented in popular stories as naïve and clumsy, he is in reality, typical of « gens du savoir » who always seem to be disinterested, carefree and cool. »

The Director of the Festival
Dr. Ibrahima Seck
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