Fiche Film
Cinéma/TV
2018
Omar Sharif Une vie de nomade
Pays concerné : Égypte
Durée : 52 minutes
Genre : portrait
Type : documentaire

Français

À travers le témoignage de ses proches, un portrait attachant d’Omar Sharif, prince acteur, « oriental lover » et joueur invétéré, dont les rôles fiévreux au cinéma hantent les mémoires.

Pendant près d’un demi-siècle, son beau visage a incarné le monde arabe sur les écrans internationaux. Né Michel Chalhoub en 1932 à Alexandrie, dans une famille catholique aisée – son père est un prospère marchand de bois, sa mère joue aux cartes avec le roi Farouk -, Omar Sharif, fils unique et polyglotte éduqué au très british Victoria College, arpente précocement les planches, porté par son goût pour la littérature française. À une époque où le cinéma égyptien domine le marché oriental, c’est Youssef Chahine qui le révèle avec Ciel d’enfer, où il compose avec l’idole Faten Hamama, qu’il épouse après s’être converti à l’islam, un couple glamour de légende. David Lean, cependant, l’éloigne de la femme de sa vie quand il l’installe au firmament hollywoodien, en 1963, avec Lawrence d’Arabie, où son regard de braise rivalise avec celui bleu glacier de Peter O’Toole. Dès lors, l' »oriental lover » joue l' »étranger de service » pour les studios, tour à tour argentin (Che !), allemand (La nuit des généraux) et surtout russe dans Le docteur Jivago, encore du maître Lean. Star mondialisée ? L’acteur séducteur est même accusé de collaborer avec Israël pendant la guerre des Six Jours, quand il embrasse, devant et derrière la caméra, la Funny Girl Barbra Streisand. Mais sa réputation de joueur invétéré, du bridge au casino en passant par les champs de courses, le tient bientôt à l’écart des plateaux, le comédien enchaînant des nanars, au déclin des années 1970, par seule nécessité de se renflouer. Au crépuscule de sa vie, ce seigneur ruiné connaît pourtant une douce résurrection avec Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran de François Dupeyron, où il bouleverse en épicier arabe adoptant un adolescent juif, rôle œcuménique sur mesure qui lui vaut un César.

Dandy d’Alexandrie
D’Alexandrie à Hollywood en passant par Paris et Deauville, ce documentaire, nourri des témoignages de ses proches, dont son fils, son petit-fils ou encore Andréa Ferréol, qui se souvient de ses fameux dîners, brosse le portrait attachant d’un acteur raffiné, star internationale et vrai « citoyen du monde », comme il aimait à se définir, qui s’est pourtant toujours accroché à sa nationalité égyptienne. Éternel nomade, ne vivant qu’à l’hôtel et consumant sa vie en dandy, Omar Sharif se réjouira d’assister, avant sa sortie de scène définitive en 2015, à la révolution de la place Tahrir. Comme échappée d’un film de Youssef Chahine, une figure follement romanesque, qui avouait, l’œil pétillant : « Je crois que je fais du cinéma seulement en amateur. »

Documentaire de Jascha Hannover (Allemagne, 2018, 52mn) – Auteurs : André Schäfer et Jascha Hannover

English

Through the testimony of those close to him, an endearing portrait of Omar Sharif, prince actor, « oriental lover » and inveterate player, whose feverish roles in the cinema haunt the memories.

For almost half a century, his beautiful face has embodied the Arab world on international screens. Born Michel Chalhoub in 1932 in Alexandria, in a well-to-do Catholic family – his father was a prosperous wood merchant, his mother played cards with King Farouk – Omar Sharif, an only son and polyglot educated at the very British Victoria College, was an only child. He started walking the boards at an early age, driven by his taste for French literature. At a time when Egyptian cinema dominates the Eastern market, it is Youssef Chahine who reveals it with Ciel d’enfer, where he composes with the idol Faten Hamama, whom he marries after converting to Islam, a legendary glamorous couple. David Lean, however, takes her away from the woman in his life when he sets her up in the Hollywood firmament in 1963 with Lawrence of Arabia, where her fiery gaze rivals Peter O’Toole’s glacier blue. From then on, the « oriental lover » plays the « foreigner on duty » for the studios, alternately Argentinean (Che!), German (La nuit des généraux) and above all Russian in Le docteur Jivago, again by master Lean. Globalized star? The seductive actor is even accused of collaborating with Israel during the Six Day War, when he kisses Funny Girl Barbra Streisand in front and behind the camera. But his reputation as an inveterate gambler, from bridge to casino to racetrack, soon kept him off the boards, the actor chaining nanars, in the decline of the 1970s, just by the need to bail himself out. In the twilight of his life, this ruined lord nevertheless experiences a sweet resurrection with Monsieur Ibrahim and the flowers of the Koran by François Dupeyron, where he turns upside down as an Arab grocer who adopts a Jewish teenager, a tailor-made ecumenical role that earns him a Caesar.
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