Fiche Film
Cinéma/TV
2020
Qui est là ?

Durée : 54 minutes
Genre : société
Type : documentaire
Français
Dans une banlieue quelconque, à l’écart de la capitale, se dessine un autre monde en marge de ce monde-ci, monde des djinns qui appartiennent à la nuit, en lien avec une lointaine origine.
Les djinns, ces esprits malins de la tradition islamique, se manifestent principalement la nuit venue. Les différentes personnes réunies par Souad Kettani en ont fait l’expérience : l’un les a entendus dans la brousse sénégalaise, l’autre dans sa cuisine, une troisième s’en trouva possédée… Que ces démons existent ou non, une chose est sûre : les souvenirs sont bien vivants. Les récits témoignent des différents usages des croyances : comme outils de contrôle social ou comme remparts contre la folie. « Qui est là ? » expose avec limpidité la façon dont une culture vient alors à la rescousse de l’autre : une sourate en arabe apporte une protection qui fait défaut, une référence issue du cinéma hollywoodien permet de mieux décrire une expérience surnaturelle. Et lorsqu’on ne trouve pas d’emploi, les djinns fournissent une explication plus acceptable que le fait qu’un pays jadis colonial et avide de main d’œuvre étrangère prive tant de ses ressortissants d’une vie décente. Les plans décrivant l’architecture de la ville de banlieue parisienne où résident les différents témoins renforcent l’amertume de ce constat : le caractère désolé des lieux apparaît inévitablement comme un vide à remplir. Les djinns deviennent alors la synecdoque de la survivance d’un héritage culturel exogène chez les immigrés et leurs descendants. Un héritage qui peut stigmatiser, mais également faire office de refuge : dans une société encline à la ségrégation, les djinns font le lien entre ici et là-bas.
Olivia Cooper-Hadjian (Cinéma du réel)
Les djinns, ces esprits malins de la tradition islamique, se manifestent principalement la nuit venue. Les différentes personnes réunies par Souad Kettani en ont fait l’expérience : l’un les a entendus dans la brousse sénégalaise, l’autre dans sa cuisine, une troisième s’en trouva possédée… Que ces démons existent ou non, une chose est sûre : les souvenirs sont bien vivants. Les récits témoignent des différents usages des croyances : comme outils de contrôle social ou comme remparts contre la folie. « Qui est là ? » expose avec limpidité la façon dont une culture vient alors à la rescousse de l’autre : une sourate en arabe apporte une protection qui fait défaut, une référence issue du cinéma hollywoodien permet de mieux décrire une expérience surnaturelle. Et lorsqu’on ne trouve pas d’emploi, les djinns fournissent une explication plus acceptable que le fait qu’un pays jadis colonial et avide de main d’œuvre étrangère prive tant de ses ressortissants d’une vie décente. Les plans décrivant l’architecture de la ville de banlieue parisienne où résident les différents témoins renforcent l’amertume de ce constat : le caractère désolé des lieux apparaît inévitablement comme un vide à remplir. Les djinns deviennent alors la synecdoque de la survivance d’un héritage culturel exogène chez les immigrés et leurs descendants. Un héritage qui peut stigmatiser, mais également faire office de refuge : dans une société encline à la ségrégation, les djinns font le lien entre ici et là-bas.
Olivia Cooper-Hadjian (Cinéma du réel)
English
Who is there ?
In a random suburb, away from the capital, another world takes shape on the fringes of this world, the world of the djinns who belong to the night, linked to a distant origin.
Jinns, the evil spirits of Islamic tradition, manifest themselves mainly at night. The various people brought together by Souad Kettani have experienced them: one heard them in the Senegalese bush, another in her kitchen, a third found herself possessed by them… Whether these demons exist or not, one thing is certain: the memories are very much alive. The stories testify to the different uses of beliefs: as tools of social control or as bulwarks against madness. « Who’s there? » clearly shows how one culture comes to the rescue of another: a sura in Arabic provides protection that is lacking, a reference from Hollywood films helps describe a supernatural experience. And when no job is to be found, jinns provide a more acceptable explanation than the fact that a once colonial country hungry for foreign labour deprives so many of its citizens of a decent life. The shots describing the architecture of the Parisian suburban town where the various witnesses reside reinforce the bitterness of this observation: the desolate character of the place inevitably appears as a void to be filled. The djinns then become the synecdoche of the survival of an exogenous cultural heritage among immigrants and their descendants. A heritage that can stigmatise, but also act as a refuge: in a society prone to segregation, the djinns form the link between here and there.
Olivia Cooper-Hadjian (Cinéma du réel)
Jinns, the evil spirits of Islamic tradition, manifest themselves mainly at night. The various people brought together by Souad Kettani have experienced them: one heard them in the Senegalese bush, another in her kitchen, a third found herself possessed by them… Whether these demons exist or not, one thing is certain: the memories are very much alive. The stories testify to the different uses of beliefs: as tools of social control or as bulwarks against madness. « Who’s there? » clearly shows how one culture comes to the rescue of another: a sura in Arabic provides protection that is lacking, a reference from Hollywood films helps describe a supernatural experience. And when no job is to be found, jinns provide a more acceptable explanation than the fact that a once colonial country hungry for foreign labour deprives so many of its citizens of a decent life. The shots describing the architecture of the Parisian suburban town where the various witnesses reside reinforce the bitterness of this observation: the desolate character of the place inevitably appears as a void to be filled. The djinns then become the synecdoche of the survival of an exogenous cultural heritage among immigrants and their descendants. A heritage that can stigmatise, but also act as a refuge: in a society prone to segregation, the djinns form the link between here and there.
Olivia Cooper-Hadjian (Cinéma du réel)
Partager :