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Histoire/société
Interculturel/Migrations
Patrimoine
MOYEN Métrage | 2024
Algérie, Sections Armes Spéciales

Date de sortie en France : 16/03/2025
Pays concerné : Algérie
Durée : 52 minutes
Genre : historique
Type : documentaire
Français
Dans "Algérie, sections armes spéciales", documentaire rigoureux et implacable, la réalisatrice Claire Billet (déjà autrice d'un long article sur le sujet pour la revue XXI) et l'historien Christophe Lafaye détaillent l'utilisation massive et systématique d'armes chimiques pendant la guerre d'Algérie.
Des combattants et civils algériens, réfugiés dans les grottes, ont été alors gazés par des « sections armes spéciales » de l'armée française. Un aspect historique méconnu en raison de la difficulté d'accès aux archives, dont beaucoup sont encore classées secret-défense.
Comme le rappelle l'historien, la mission de ces sections armes spéciales était double. Elles intervenaient « pour lutter contre les combattants de l'Armée de libération nationale réfugiés dans les grottes et pour procéder à des infections systématiques des grottes qui ne pouvaient pas être totalement détruites » et dont les parois sont toujours contaminées, plus d'un demi-siècle après la fin des combats.
Le gaz identifié sur des documents militaires est le CN2D, un composé de chloroacétophénone – irritant puissant – et d'adamsite – agent vomitif -, dont l'emploi massif obligeait les insurgés à fuir les sites « traités », au risque d'y mourir. La méthode rappelle les « enfumades » auxquelles a eu recours le corps expéditionnaire français durant la conquête de l'Algérie au XIXe siècle.
Entre 8 000 et 10 000 opérations de ce type se seraient déroulées sur le sol algérien entre 1956 et 1962, évalue l'universitaire, qui n'a localisé que 440 lieux jusqu'ici, entravé dans ses recherches par un accès très limité aux comptes rendus d'opérations et aux documents d'état-major. Selon le code du patrimoine issu de la loi de 2008, ces éléments répondent au régime des archives incommunicables à perpétuité, au prétexte qu'elles seraient susceptibles « d'entraîner la diffusion d'informations permettant de concevoir, fabriquer, utiliser ou localiser des armes nucléaires, biologiques, chimiques ou toutes autres armes ayant des effets directs ou indirects de destruction d'un niveau analogue ».
A partir des archives nationales d'outre-mer, de fonds privés, de courriers collectés chez des descendants, Christophe Lafaye a tout de même pu mettre en lumière cet usage de gaz toxiques, expérimental en 1956, puis généralisé sur l'ensemble de l'Algérie à partir de 1957 avec la création de la Brigade armes spéciales (BAS) et la mise sur pied de 119 équipes de grotte. Cette organisation a été rationalisée à la faveur du plan Challe (du nom du général Maurice Challe) en 1959. 'enquête qu'il a conduite avec la réalisatrice Claire Billet lève le voile sur une page sombre et méconnue de la guerre : l'usage à grande échelle de gaz toxiques contre les combattants algériens.
Le documentaire inédit sur la guerre d'Algérie fut déprogrammé par France Télévisionsquelques jours à peine avant sa diffusion, prévue dimanche 16 mars dans l'émission La Case du siècle (France 5). La déprogrammation du documentaire « Algérie, sections armes spéciales » n'est qu'une « péripétie » aux yeux de l'historien, mais elle aidera peut-être à faire parler de cette page méconnue de l'histoire et à faire réagir l'Etat : « Ce n'est pas l'armée seule qui a pris la décision de recourir aux armes chimiques, c'est une décision politique de Maurice Bourgès-Maunoury, ministre de la défense en 1956, agréée par les autorités civiles et militaires en Algérie ».
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http://www.imdb.com/fr/title/tt36146083
Des combattants et civils algériens, réfugiés dans les grottes, ont été alors gazés par des « sections armes spéciales » de l'armée française. Un aspect historique méconnu en raison de la difficulté d'accès aux archives, dont beaucoup sont encore classées secret-défense.
Comme le rappelle l'historien, la mission de ces sections armes spéciales était double. Elles intervenaient « pour lutter contre les combattants de l'Armée de libération nationale réfugiés dans les grottes et pour procéder à des infections systématiques des grottes qui ne pouvaient pas être totalement détruites » et dont les parois sont toujours contaminées, plus d'un demi-siècle après la fin des combats.
Le gaz identifié sur des documents militaires est le CN2D, un composé de chloroacétophénone – irritant puissant – et d'adamsite – agent vomitif -, dont l'emploi massif obligeait les insurgés à fuir les sites « traités », au risque d'y mourir. La méthode rappelle les « enfumades » auxquelles a eu recours le corps expéditionnaire français durant la conquête de l'Algérie au XIXe siècle.
Entre 8 000 et 10 000 opérations de ce type se seraient déroulées sur le sol algérien entre 1956 et 1962, évalue l'universitaire, qui n'a localisé que 440 lieux jusqu'ici, entravé dans ses recherches par un accès très limité aux comptes rendus d'opérations et aux documents d'état-major. Selon le code du patrimoine issu de la loi de 2008, ces éléments répondent au régime des archives incommunicables à perpétuité, au prétexte qu'elles seraient susceptibles « d'entraîner la diffusion d'informations permettant de concevoir, fabriquer, utiliser ou localiser des armes nucléaires, biologiques, chimiques ou toutes autres armes ayant des effets directs ou indirects de destruction d'un niveau analogue ».
A partir des archives nationales d'outre-mer, de fonds privés, de courriers collectés chez des descendants, Christophe Lafaye a tout de même pu mettre en lumière cet usage de gaz toxiques, expérimental en 1956, puis généralisé sur l'ensemble de l'Algérie à partir de 1957 avec la création de la Brigade armes spéciales (BAS) et la mise sur pied de 119 équipes de grotte. Cette organisation a été rationalisée à la faveur du plan Challe (du nom du général Maurice Challe) en 1959. 'enquête qu'il a conduite avec la réalisatrice Claire Billet lève le voile sur une page sombre et méconnue de la guerre : l'usage à grande échelle de gaz toxiques contre les combattants algériens.
Le documentaire inédit sur la guerre d'Algérie fut déprogrammé par France Télévisionsquelques jours à peine avant sa diffusion, prévue dimanche 16 mars dans l'émission La Case du siècle (France 5). La déprogrammation du documentaire « Algérie, sections armes spéciales » n'est qu'une « péripétie » aux yeux de l'historien, mais elle aidera peut-être à faire parler de cette page méconnue de l'histoire et à faire réagir l'Etat : « Ce n'est pas l'armée seule qui a pris la décision de recourir aux armes chimiques, c'est une décision politique de Maurice Bourgès-Maunoury, ministre de la défense en 1956, agréée par les autorités civiles et militaires en Algérie ».
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http://www.imdb.com/fr/title/tt36146083
English
Algeria, Special Weapons Sections
In "Algeria, Special Weapons Sections" a rigorous and relentless documentary, director Claire Billet (who already wrote a long article on the subject for XXI magazine) and historian Christophe Lafaye detail the massive and systematic use of chemical weapons during the Algerian War.
Algerian fighters and civilians, taking refuge in the caves, were gassed by "special weapons sections" of the French army. This historical aspect is little known due to the difficulty of accessing archives, many of which are still classified.
As the historian recalls, the mission of these special weapons sections was twofold. They intervened "to fight against the National Liberation Army fighters who had taken refuge in the caves and to systematically infect the caves, which could not be completely destroyed," and whose walls remain contaminated, more than half a century after the end of the fighting.
The gas identified in military documents is CN2D, a compound of chloroacetophenone (a powerful irritant) and adamsite (an emetic agent). The widespread use of these gases forced insurgents to flee the "treated" sites, at the risk of dying. The method is reminiscent of the "smoke-outs" used by the French expeditionary force during the conquest of Algeria in the 19th century.
Between 8,000 and 10,000 such operations took place on Algerian soil between 1956 and 1962, estimates the academic, who has located only 440 locations so far, hampered in his research by very limited access to operational reports and staff documents. According to the French Heritage Code, resulting from the 2008 law, these items fall under the regime of archives that are incommunicable in perpetuity, on the grounds that they could "lead to the dissemination of information enabling the design, manufacture, use, or location of nuclear, biological, chemical, or any other weapons with direct or indirect destructive effects of a similar level."
Using overseas national archives, private funds, and letters collected from descendants, Christophe Lafaye was nevertheless able to shed light on this use of toxic gas, which began experimentally in 1956 and then became widespread throughout Algeria starting in 1957 with the creation of the Special Weapons Brigade (BAS) and the establishment of 119 cave teams. This organization was streamlined under the Challe Plan (named after General Maurice Challe) in 1959. The investigation he conducted with director Claire Billet sheds light on a dark and little-known chapter of the war: the large-scale use of toxic gas against Algerian combatants.
The previously unseen documentary on the Algerian War was canceled by France Télévisions just a few days before its scheduled broadcast on Sunday, March 16, on the program "La Case du siècle" (France 5). The cancellation of the documentary "Algeria, Special Weapons Sections" is merely a "incident" in the eyes of the historian, but it may help raise awareness of this little-known chapter in history and prompt a reaction from the government: "It was not the army alone that made the decision to use chemical weapons; it was a political decision by Maurice Bourgès-Maunoury, Minister of Defense in 1956, approved by the civil and military authorities in Algeria."
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Algerian fighters and civilians, taking refuge in the caves, were gassed by "special weapons sections" of the French army. This historical aspect is little known due to the difficulty of accessing archives, many of which are still classified.
As the historian recalls, the mission of these special weapons sections was twofold. They intervened "to fight against the National Liberation Army fighters who had taken refuge in the caves and to systematically infect the caves, which could not be completely destroyed," and whose walls remain contaminated, more than half a century after the end of the fighting.
The gas identified in military documents is CN2D, a compound of chloroacetophenone (a powerful irritant) and adamsite (an emetic agent). The widespread use of these gases forced insurgents to flee the "treated" sites, at the risk of dying. The method is reminiscent of the "smoke-outs" used by the French expeditionary force during the conquest of Algeria in the 19th century.
Between 8,000 and 10,000 such operations took place on Algerian soil between 1956 and 1962, estimates the academic, who has located only 440 locations so far, hampered in his research by very limited access to operational reports and staff documents. According to the French Heritage Code, resulting from the 2008 law, these items fall under the regime of archives that are incommunicable in perpetuity, on the grounds that they could "lead to the dissemination of information enabling the design, manufacture, use, or location of nuclear, biological, chemical, or any other weapons with direct or indirect destructive effects of a similar level."
Using overseas national archives, private funds, and letters collected from descendants, Christophe Lafaye was nevertheless able to shed light on this use of toxic gas, which began experimentally in 1956 and then became widespread throughout Algeria starting in 1957 with the creation of the Special Weapons Brigade (BAS) and the establishment of 119 cave teams. This organization was streamlined under the Challe Plan (named after General Maurice Challe) in 1959. The investigation he conducted with director Claire Billet sheds light on a dark and little-known chapter of the war: the large-scale use of toxic gas against Algerian combatants.
The previously unseen documentary on the Algerian War was canceled by France Télévisions just a few days before its scheduled broadcast on Sunday, March 16, on the program "La Case du siècle" (France 5). The cancellation of the documentary "Algeria, Special Weapons Sections" is merely a "incident" in the eyes of the historian, but it may help raise awareness of this little-known chapter in history and prompt a reaction from the government: "It was not the army alone that made the decision to use chemical weapons; it was a political decision by Maurice Bourgès-Maunoury, Minister of Defense in 1956, approved by the civil and military authorities in Algeria."
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