Fiche Livre
Poésie / Conte
RECUEIL DE POéSIE |
Point barre #1 : Pur laliberte kont represyon
Revue : Point barre
Pays concerné : Île Maurice
Edition : Librairie Le Cygne
Pays d’édition : Île Maurice

Français

« J’ai […] conscience, poète, de reprendre avec la parole la plus haute des libertés et en transgressant l’ordre des mots d’agir sur la langue et d’exercer ainsi une action transformationnelle sur le monde et sur l’homme ». Cette apostrophe de Raymond Chasles dans un manifeste célèbre du premier numéro de la revue bruxelloise L’étoile et la clef illustre la situation de la littérature mauricienne partagée, dans un enchevêtrement d’influences linguistiques et culturelles, entre des références à une créolitude originale, un bilinguisme très présent et des mythologies littéraires régionales. La poésie, comme les autres genres littéraires, n’échappe pas à ce constat, Robert-Edward Hart, l’un des premiers à tenter une synthèse de la mosaïque culturelle mauricienne, et Malcolm de Chazal, créateur d’une formidable cosmogonie personnelle, en sont les preuves éclatantes. La nouvelle génération de poètes mauriciens poursuit le chemin tracé par ses aînés avec un milieu littéraire souvent fragmenté en plusieurs chapelles linguistiques et une absence quasi totale de revues littéraires d’envergure, L’essor ayant disparu depuis près de 40 ans.

C’est la raison pour laquelle, en partenariat avec la librairie Le cygne, nous avons choisi de soutenir la création d’une revue de poésie accueillant tous les courants actuels du pays et ce quelle que soit la langue utilisée. Par ce biais, nous souhaitions modestement aider à la mise en place d’un lieu de liberté, de création et de rencontre. La prédominance francophone des textes de ce premier numéro n’en a été que plus agréable.

Malheureusement, Emmanuel Juste, décédé au mois de juin, ne verra pas la naissance de cette revue à laquelle il devait participer. Rédacteur à L’Express et poète du métissage, comme l’a surnommé Jean-Georges Prosper, sa poésie, située entre le symbolisme et le surréalisme, est restée largement ignorée. De son œuvre maîtresse, qu’il réécrivait en permanence, Mots martelés, quelques extraits nous sont parvenus, dans lesquels il se faisait le porte-parole des descendants d’esclaves : « Dans la mémoire du monde le métis a la peau dure… ». En dehors de ses chroniques dans l’Express, il n’aura publié qu’un roman, Pleine lune pour les morts, en 1972. Le prochain numéro de Point barre lui rendra hommage.

Christophe Cassiau
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