Journaliste indépendant, ayant promené son magnétophone à travers le tiers-monde depuis une vingtaine d’années, frotté d’islamisme grâce à un long séjour dans les maquis afghans, Alain Chevalérias a eu l’honneur d’être reconnu comme interlocuteur valable par le difficile cheik Tourabi. Il en résulte ce livre – relu et approuvé par le dirigeant soudanais – qui répond aux questions que l’on se pose à propos de la pensée politico-religieuse islamique actuelle. Car Hassan El Tourabi n’est pas un adepte de la langue de bois ni de la restriction mentale, et il affronte les points les plus embarrassants, trouvant pour chacun une réponse canonique, quitte à faire sursauter le lecteur. Que ce soit à propos des avocats, qu’il condamne au profit d’une justice coranique « absolue » ; du sort des femmes en temps de guerre que les vainqueurs mahométans ont le droit de rapter ; des épouses « tendant à l’insubordination » qui peuvent être flagellées par leur mari ; de la démocratie en Occident, viciée par « le sectarisme qui a expulsé la religion de la politique » ; ou encore de la Bosnie où « la guerre conduite par les Musulmans était un djihad », Hassan El Tourabi dévoile pas à pas sa vision d’un monde revu et corrigé à la lumière du Coran. C’est la première fois qu’un homme politique musulman au pouvoir expose ses idéaux avec tant de franchise.