Murmures
OUGANDA – Un documentariste américain enlevé par la police à Kampala et détenu depuis trois jours
juillet 2013 | Faits de société | Cinéma/TV | Ouganda
Source : Communiqué de presse
© RSF
Français
Taylor Krauss est un réalisateur américain indépendant
Reporters sans frontières dénonce la détention par les autorités ougandaises, depuis le 23 juillet 2013, du documentariste indépendant Taylor Krauss. Effectuant les recherches pour un projet de documentaire sur l’opposition politique ougandaise, il a été séquestré par la police alors qu’il filmait la dispersion d’un rassemblement de l’opposition et l’arrestation de son leader, Warren Kizza Besigye Kifefe, dit Kizza Besigye. Il a ensuite été conduit au commissariat de Jinja Road à Kampala, où il reste détenu.
« L’enlèvement de Taylor Krauss alors qu’il prenait des images de la répression policière constitue une violation flagrante de la liberté de l’information », a déclaré Reporters sans frontières. « Nous demandons aux autorités la libération immédiate et sans conditions du documentariste et des explications sur les raisons de sa détention prolongée. Même s’il devait finalement être expulsé pour les raisons administratives, son maintien au secret ne saurait se justifier et s’apparente à une mesure de rétorsion », a ajouté l’organisation.
Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, Taylor Krauss était dans le collimateur des autorités bien avant le 23 juillet 2013, en raison de sa proximité supposée avec l’opposant Kizza Besigye. D’après des témoins présents lors de son arrestation, Taylor Krauss filmait la dispersion violente par la police d’une foule rassemblée autour de Kizza Besigye à Kampala Road (centre-ville). L’un des officiers aurait été entendu dire à ses collègues : « Il faut qu’on s’occupe de lui ». Les forces de sécurité ont ensuite procédé à l’arrestation de Taylor Krauss ainsi que de Kizza Besigye. L’opposant politique a été libéré après huit heures d’interrogatoire au commissariat.
Le 25 juillet 2013, le ministère de l’Intérieur a ordonné l’expulsion du pays de Taylor Krauss, qui est en Ouganda depuis environ deux semaines. Selon le porte-parole du ministère, Benjamin Kagiremire, le cinéaste a violé les conditions de son visa touristique, qui lui interdirait de travailler sur le territoire ougandais : « Un ordre a été délivré pour que l’Américain soit expulsé du pays ».
Interrogée par Reporters sans frontières l’épouse du documentariste, Moriah Brier, a déclaré : « Taylor a voyagé partout en Afrique de l’Est pendant plusieurs années et il est passionné par la région. L’Ouganda l’intéresse tout particulièrement. Il n’a rien fait de mal. L’histoire officielle affirme qu’il sera expulsé, mais la réalité est qu’il est emprisonné. Tout ce que je veux est qu’il rentre sain et sauf ».
La détention du documentariste intervient alors que le général Aronda Nyakairima a pris ses fonctions, le 23 juillet 2013, à la tête du ministère de l’Intérieur. Selon le Réseau des droits de l’homme pour les journalistes – Ouganda (Human Rights Network for Journalists – Uganda), au cours de la cérémonie marquant son inauguration, le nouveau ministre a salué le travail de son prédécesseur qui a dirigé des actions répressives contre deux quotidiens privés, The Daily MonitorRed Pepper, en mai 2013. Aronda Nyakairima a affirmé : Je m’assurerai qu’ils (les journaux) soient surveillés, car Red Pepper est en train de revenir à ses anciennes pratiques ». et
L’Ouganda occupe la 104e place sur 179 pays dans le classement de la liberté de la presse dans le monde de 2013, établi par Reporters sans frontières.
« L’enlèvement de Taylor Krauss alors qu’il prenait des images de la répression policière constitue une violation flagrante de la liberté de l’information », a déclaré Reporters sans frontières. « Nous demandons aux autorités la libération immédiate et sans conditions du documentariste et des explications sur les raisons de sa détention prolongée. Même s’il devait finalement être expulsé pour les raisons administratives, son maintien au secret ne saurait se justifier et s’apparente à une mesure de rétorsion », a ajouté l’organisation.
Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, Taylor Krauss était dans le collimateur des autorités bien avant le 23 juillet 2013, en raison de sa proximité supposée avec l’opposant Kizza Besigye. D’après des témoins présents lors de son arrestation, Taylor Krauss filmait la dispersion violente par la police d’une foule rassemblée autour de Kizza Besigye à Kampala Road (centre-ville). L’un des officiers aurait été entendu dire à ses collègues : « Il faut qu’on s’occupe de lui ». Les forces de sécurité ont ensuite procédé à l’arrestation de Taylor Krauss ainsi que de Kizza Besigye. L’opposant politique a été libéré après huit heures d’interrogatoire au commissariat.
Le 25 juillet 2013, le ministère de l’Intérieur a ordonné l’expulsion du pays de Taylor Krauss, qui est en Ouganda depuis environ deux semaines. Selon le porte-parole du ministère, Benjamin Kagiremire, le cinéaste a violé les conditions de son visa touristique, qui lui interdirait de travailler sur le territoire ougandais : « Un ordre a été délivré pour que l’Américain soit expulsé du pays ».
Interrogée par Reporters sans frontières l’épouse du documentariste, Moriah Brier, a déclaré : « Taylor a voyagé partout en Afrique de l’Est pendant plusieurs années et il est passionné par la région. L’Ouganda l’intéresse tout particulièrement. Il n’a rien fait de mal. L’histoire officielle affirme qu’il sera expulsé, mais la réalité est qu’il est emprisonné. Tout ce que je veux est qu’il rentre sain et sauf ».
La détention du documentariste intervient alors que le général Aronda Nyakairima a pris ses fonctions, le 23 juillet 2013, à la tête du ministère de l’Intérieur. Selon le Réseau des droits de l’homme pour les journalistes – Ouganda (Human Rights Network for Journalists – Uganda), au cours de la cérémonie marquant son inauguration, le nouveau ministre a salué le travail de son prédécesseur qui a dirigé des actions répressives contre deux quotidiens privés, The Daily MonitorRed Pepper, en mai 2013. Aronda Nyakairima a affirmé : Je m’assurerai qu’ils (les journaux) soient surveillés, car Red Pepper est en train de revenir à ses anciennes pratiques ». et
L’Ouganda occupe la 104e place sur 179 pays dans le classement de la liberté de la presse dans le monde de 2013, établi par Reporters sans frontières.
English
Taylor Krauss is an American independent documentary filmmaker
Reporters Without Borders – Alert – 26 July 2013 – UGANDA
Reporters Without Borders condemns American independent documentary filmmaker Taylor Krauss’ detention by the Ugandan authorities for the past three days.
Krauss, who is doing research for a potential documentary about the Ugandan political opposition, was seized by police officers in central Kampala on 23 July while filming an opposition rally and the arrest of its leader, Warren Kizza Besigye Kifefe, also known as Kizza Besigye. Krauss was then taken to Jinja Road police station, where he is still held.
« Abducting Krauss while he was filming police violence was a flagrant violation of freedom of information, » Reporters Without Borders said. « We call on the authorities to release him unconditionally at once and to explain why he has been held for so long. « Even if he is eventually expelled for administrative reasons, there are no grounds for holding him this long. This has all the hallmarks of a reprisal. »
Reporters Without Borders has been told that the authorities have had Krauss in their sights since well before 23 July because of his supposed support for Kizza Besigye.
Witnesses said Krauss was filming the police using force to disperse a crowd gathered around Kizza Besigye on Kampala Road. One of the policemen was heard say to his colleagues: « We have to deal with him. » The police then arrested both Krauss and Kizza Besigye, who was freed after being questioned for eight hours at the police station.
The interior ministry yesterday ordered that Krauss, who has been in Uganda for about two weeks, should be deported.
Interior ministry spokesman Benjamin Kagiremire said he had violated the conditions of his tourist visa, which bans him from working in Uganda. « An order has been issued that the American should be removed from the country immediately, » Kagiremire said.
Krauss’ wife, Moriah Brier, told Reporters Without Borders: « Taylor has travelled throughout east Africa for many years and is devoted to the region. He is in Uganda for his own personal interest and has done nothing wrong. The story that’s being told is that he is being expelled, but the reality is that he is being imprisoned. I just want him home, safe and sound. »
Krauss was arrested the same day that Gen. Aronda Nyakairima took office as interior minister. Speaking at his installation, Gen. Nyakairima praised the work of his predecessor, who cracked down on two privately-owned newspapers, The Daily Monitor and Red Pepper, in May.
« I will be checking on them (…) because Red Pepper again is going back to the old business, » Human Rights Network for Journalists – Uganda quoted him as saying.
Uganda is ranked 104th out of 179 countries in the 2013 Reporters Without Borders press freedom index.
Reporters Without Borders condemns American independent documentary filmmaker Taylor Krauss’ detention by the Ugandan authorities for the past three days.
Krauss, who is doing research for a potential documentary about the Ugandan political opposition, was seized by police officers in central Kampala on 23 July while filming an opposition rally and the arrest of its leader, Warren Kizza Besigye Kifefe, also known as Kizza Besigye. Krauss was then taken to Jinja Road police station, where he is still held.
« Abducting Krauss while he was filming police violence was a flagrant violation of freedom of information, » Reporters Without Borders said. « We call on the authorities to release him unconditionally at once and to explain why he has been held for so long. « Even if he is eventually expelled for administrative reasons, there are no grounds for holding him this long. This has all the hallmarks of a reprisal. »
Reporters Without Borders has been told that the authorities have had Krauss in their sights since well before 23 July because of his supposed support for Kizza Besigye.
Witnesses said Krauss was filming the police using force to disperse a crowd gathered around Kizza Besigye on Kampala Road. One of the policemen was heard say to his colleagues: « We have to deal with him. » The police then arrested both Krauss and Kizza Besigye, who was freed after being questioned for eight hours at the police station.
The interior ministry yesterday ordered that Krauss, who has been in Uganda for about two weeks, should be deported.
Interior ministry spokesman Benjamin Kagiremire said he had violated the conditions of his tourist visa, which bans him from working in Uganda. « An order has been issued that the American should be removed from the country immediately, » Kagiremire said.
Krauss’ wife, Moriah Brier, told Reporters Without Borders: « Taylor has travelled throughout east Africa for many years and is devoted to the region. He is in Uganda for his own personal interest and has done nothing wrong. The story that’s being told is that he is being expelled, but the reality is that he is being imprisoned. I just want him home, safe and sound. »
Krauss was arrested the same day that Gen. Aronda Nyakairima took office as interior minister. Speaking at his installation, Gen. Nyakairima praised the work of his predecessor, who cracked down on two privately-owned newspapers, The Daily Monitor and Red Pepper, in May.
« I will be checking on them (…) because Red Pepper again is going back to the old business, » Human Rights Network for Journalists – Uganda quoted him as saying.
Uganda is ranked 104th out of 179 countries in the 2013 Reporters Without Borders press freedom index.
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