Murmures
1948, angle mort du cinéma israélien
juin 2014 | Faits de société | Cinéma/TV | Israël
Source : Courrier international

© Rue des Archives/Tallandier (Exode de Palestiniens après le massacre de Deir Yassin, avril 1948).
Français
Amir Bogen | Yediot Aharonot
Il y a soixante-six ans, plus de 700 000 Palestiniens étaient chassés de l’Etat hébreu en train de naître. Un acte fondateur qu’en Israël on hésite toujours à mettre en scène.
Prenons pour hypothèse que la Nakba [catastrophe, mot arabe pour désigner la création d’Israël] a bien eu lieu. Admettons, pour les besoins du raisonnement, que plusieurs centaines de milliers d’Arabes de Palestine n’ont pas disparu comme par enchantement.
La croyance la plus communément partagée en Israël veut qu’ils se soient enfuis. Imaginons plutôt que quelqu’un les ait poussés à fuir ou les ait expulsés. Mais pourquoi « imaginer » ? Quelqu’un s’est-il demandé ce que serait la mémoire de la Shoah sans le matériau documentaire amassé sur les camps d’extermination, sans les témoignages filmés par Claude Lanzmann, sans les procès de Nuremberg et sans des fictions comme La Liste de Schindler, Le Pianiste ou encore La vie est belle ?
Désormais, toute tentative de nier l’évidence est vouée à l’échec. Il y a soixante-six ans, en Palestine, il y avait tout au plus quelques caméras 35 mm. Mais le manque de documents filmés ne signifie pas que des organisations clandestines juives n’ont pas contribué à anéantir la communauté arabe de Palestine.
Un désastre qui hante le subconscient des Israéliens
Après tout, telles des stèles commémoratives, les ruines de dizaines de villages arabes subsistent au cœur des forêts plantées par le KKL [Fonds national juif], le long de chemins asphaltés et entre les tours de béton, comme autant de rappels du désastre humain qui a accompagné la renaissance nationale hébraïque. Nous avons beau essayer d’oublier ou de nier, ce désastre hante la conscience des Palestiniens et le subconscient des Israéliens. « Il n’est pas simple pour une société d’admettre les crimes du passé. Mais le refoulé finit toujours par remonter à la surface », prévient le cinéaste Ram Loevy, 73 ans.
En 1978, il a réalisé un film sur la guerre d’indépendance de 1948, et en particulier sur l’expulsion d’habitants arabes. « Il s’agit certes d’une fiction, mais elle s’inspire de faits réels. » Diffusé sur la télévision publique israélienne, Khirbet Khizeh est un jalon important dans l’histoire du cinéma israélien. Nombreux ont été ceux qui se sont insurgés contre ce long-métrage qui écornait l’image morale de l’armée. Loewy a même été menacé de mort.
LIRE L’INTÉGRALITÉ sur Courrierinternational.com
Prenons pour hypothèse que la Nakba [catastrophe, mot arabe pour désigner la création d’Israël] a bien eu lieu. Admettons, pour les besoins du raisonnement, que plusieurs centaines de milliers d’Arabes de Palestine n’ont pas disparu comme par enchantement.
La croyance la plus communément partagée en Israël veut qu’ils se soient enfuis. Imaginons plutôt que quelqu’un les ait poussés à fuir ou les ait expulsés. Mais pourquoi « imaginer » ? Quelqu’un s’est-il demandé ce que serait la mémoire de la Shoah sans le matériau documentaire amassé sur les camps d’extermination, sans les témoignages filmés par Claude Lanzmann, sans les procès de Nuremberg et sans des fictions comme La Liste de Schindler, Le Pianiste ou encore La vie est belle ?
Désormais, toute tentative de nier l’évidence est vouée à l’échec. Il y a soixante-six ans, en Palestine, il y avait tout au plus quelques caméras 35 mm. Mais le manque de documents filmés ne signifie pas que des organisations clandestines juives n’ont pas contribué à anéantir la communauté arabe de Palestine.
Un désastre qui hante le subconscient des Israéliens
Après tout, telles des stèles commémoratives, les ruines de dizaines de villages arabes subsistent au cœur des forêts plantées par le KKL [Fonds national juif], le long de chemins asphaltés et entre les tours de béton, comme autant de rappels du désastre humain qui a accompagné la renaissance nationale hébraïque. Nous avons beau essayer d’oublier ou de nier, ce désastre hante la conscience des Palestiniens et le subconscient des Israéliens. « Il n’est pas simple pour une société d’admettre les crimes du passé. Mais le refoulé finit toujours par remonter à la surface », prévient le cinéaste Ram Loevy, 73 ans.
En 1978, il a réalisé un film sur la guerre d’indépendance de 1948, et en particulier sur l’expulsion d’habitants arabes. « Il s’agit certes d’une fiction, mais elle s’inspire de faits réels. » Diffusé sur la télévision publique israélienne, Khirbet Khizeh est un jalon important dans l’histoire du cinéma israélien. Nombreux ont été ceux qui se sont insurgés contre ce long-métrage qui écornait l’image morale de l’armée. Loewy a même été menacé de mort.
LIRE L’INTÉGRALITÉ sur Courrierinternational.com
Partager :