Murmures

Littérature / Funérailles grandioses :
juillet 2004 | | Littérature / édition | Côte d’Ivoire
Source : IVOIRENEWS

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Léandre Sahiri engage le débat sur leur opportunité avec « Les obsèques de Bahi Oromé »
ABIDJAN, 16 Avril (IVOIRENEWS)- Léandre Sahiri, Assistant à la faculté de Lettres de l’Université de Cocody vient de publier après « La victoire par la voie des urnes » et « Contes d’actualité », sa première grande pièce théâtrale, « Les obsèques de Bahi Oromé », parue aux éditions Kasimex, une invitation à la réflexion, à la discussion et au débat sur l’organisation des funérailles telles qu’elles sont organisées en Côte d’Ivoire et en Afrique.

Mercredi à la Librairie Carrefour à Abidjan il a officiellement présenté sa nouvelle oeuvre en présence du doyen Bernard Dadié, de l’ancien ministre de la Culture, Koné Dramane, de M. Yao Ngo Blaise, ancien député de Bouaflé, et de Mme Nicole Deigna, vice-présidente du Conseil Economique et Social.

Découpé en un prologue et cinq actes, la pièce met en scène des personnes anonymes (A,B,C,D,E,F,G), membres d’une famille réunie pour décider de la date et des modalités pratiques de l’organisation des funérailles du « vieux père » Bahi Oromé. Soutenue par la fille du défunt qui réside à « Bengué » (France) la tendance de ceux qui sont favorables à des cérémonies grandioses l’emporte sur ceux qui souhaitent au contraire une cérémonie sobre. Finalement, huit mois après le décès de Bahi Oroumé, « la fête » de ses funérailles peut avoir lieu.

Cri d’indignation et d’alarme en même temps que proposition de dialogue entre les différentes générations, l’auteur a fait savoir qu’il souhaite que son livre facilitera une prise de conscience générale du « venin » et des aspects « nocifs » de certaines pratiques de nos traditions.

« Les cérémonies funéraires ont dévié de leur noble mission de célébration du respect des morts, en devenant longues, épuisantes et ruineuses, muées en de véritables occasions d’escroquerie, de mendicité, d’appauvrissement et même en galas de sorcellerie », a déploré Sahiri qui dit avoir délibérément choisi « de piquer au vif les garants et les défenseurs de nos traditions ».

Dans sa lecture critique de l’ouvre, le dramaturge Elie Liazéré a noté que « l’orfèvre de la langue », Léandre Sahiri, construit un beau « théâtre de la conversation » utilisant peu de didascalies et construisant le dialogue en fonction des enjeux. Mais, a-t-il souligné, l’auteur privilégie souvent l’explication et la didactique oubliant de maintenir l’intérêt du lecteur, principale caractéristique du théâtre.

Pour la pharmacienne Nicole Deigna, vice-présidente du Conseil économique et social, l’aspect économique soulevé par la pièce de Sahiri est d’autant plus actuel qu’il est un véritable frein au développement. « Ce livre sera un prétexte pour le Conseil économique et social de s’auto-saisir en vue de faire des propositions de décret au gouvernement pour réguler les cérémonies funéraires », a-t-elle promis.

Contrairement au maire de Duékoué qui a souhaité des lois coercitives, le ministre Koné Dramane a estimé que la solution consiste plutot à privélégier la sensibilisation avec le concours des acteurs et hommes de culture.
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