Murmures
Burkina : la Sonacib privatisée
juillet 2004 | | Cinéma/TV | Burkina Faso
Source : Fespaco News n°23 mai-juin 2004
Français
La gestion de la société de distribution est confiée à Idrissa Ouedraogo : un article de Gervais Hien dans Fespaco News
La distribution au Burkina
Le privé saura-t-il être à la hauteur ?
La SONACIB ou Société nationale d’exploitation cinématographique du Burkina est liquidée. Cette société d’Etat disposait d’un parc de salles de cinéma réparties entre Ouagadougou la capitale et certaines provinces du Burkina. Ce faisant, sa principale attribution était l’exploitation des lieux de projection de films. Ce qui représentait 80% de sa mission. Nouer par ailleurs des contrats pour l’approvisionnement sinon la distribution en oeuvres filmiques constituait 20% des ses activités.
Cette maison a traîné comme un boulet à sa gestion, une dette de plus de deux milliards. Etant incapable de l’éponger et vu les risques d’un cumul certain, l’Etat burkinabé a fini par décider de sa dissolution administrative. Cela ne fut cependant pas automatique, en ce sens que différentes étapes furent préalablement mises en oeuvre. Celles-ci s’inscrivant essentiellement au chapitre des multiples tentatives de redressement de la société.
De fausses réponses aux vraies questions ?
Au registre de ces péripéties, il sied de citer en bonne place l’épisode des » Etats généraux du cinéma burkinabé » en 1997. Outre les points essentiels touchant la production et la distribution, cette instance de réflexion s’est également penchée sur le sort de la SONACIB. Déjà celle-ci était assaillie de difficultés de trésorerie, notamment une dette de plusieurs milliards, nécessitant qu’on pare au plus pressé. Ainsi elle fut assujettie à un autre type de gestion nommée administration provisoire.
Un sursis qui, sans sonner le glas de cette structure, en disait assez sur son état de santé. Rien n’y fit et les choses allèrent de mal en pis, surtout quand les quelques recettes générées servaient plutôt à financer autre chose que le cinéma. Suite à un conseil des ministres en fin 2003, le couperet finit par tomber, annonçant la nouvelle de sa mise en liquidation administrative.
Dès lors, les salles obscures du Burkina allaient-elles connaître ce sort vécu par certaines au niveau de plusieurs pays d’Afrique? Ce sort, c’est la fermeture pure et simple des salles de cinéma lors-qu’elles ne sont pas transformées en lieu de cultes. A ce titre, citons entre autres, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Gabon ou la Centrafrique où se rencontrent ces différents cas de figures.
Les performances sont possibles si…
Pour sa part l’Etat Burkinabé procéda autrement, à savoir le passage du témoin de l’exploitation à une société privée. Ainsi depuis janvier 2004, l’exploitation et la distribution des films appartiennent à l’ARPA, acronyme de l’Association des réalisateurs et producteurs africains. Le délégué général de cette maison est Idrissa Ouédraogo, une sommité du monde du cinéma africain. Lors de la première de « Tasuma » de Daniel Sanou Kollo le 21 février dernier, il révélera à la salle pleine du Ciné Burkina que le ministère des Arts, de la Culture et du Tourisme du Burkina lui confiait pour deux ans, la gestion de ce maillon du cinéma. Pas facile, à charge toutefois pour lui d’assainir ce secteur et de le rendre performant.
A noter qu’en Afrique, beaucoup de professionnels s’investissent dans la production, d’où cette profusion de structures de production constatées ici et là. Le domaine de la distribution, parent pauvre, est tant redouté voire délaissé. Si bien qu’il faut saluer le courage de l’ARPA qui prend le pari de gérer autre ment. Celui-ci entend relever un certain nombre de défis tels que maîtriser la diffusion des films, la rentabilisation des salles de projection, la création d’une billetterie moderne.
De plus, soulignons que le matériel hérité étant vétuste, un équipement des salles en matériel vidéo et numérique est à acquérir. De même, les salles dont certaines sont délabrées connaîtront des réaménagements. Un plus en confort qui se ressentira bientôt aussi bien au niveau du Ciné Burkina déjà en pleine réfection qu’au niveau des salles mises sous la coupe de l’ARPA. Rappelons que le Ciné Burkina a vu le jour grâce aux recettes engendrées par les entrées en salles. C’est dire que la rentabilisation est possible, pourvu que le cinéma finance le cinéma et pas autre chose. Aussi, est-ce en intégrant ces leviers du professionnalisme, que les performances arriveront au bout des 24 mois de gestion assignés au privé. Une gestion en happy-end de l’ARPA qui assainit le milieu de l’exploitation et de la distribution, ne peut que faire date. Et ça, l’histoire des gestions de salles de cinéma ne pourra que s’en souvenir !
Gervais Hien
Le privé saura-t-il être à la hauteur ?
La SONACIB ou Société nationale d’exploitation cinématographique du Burkina est liquidée. Cette société d’Etat disposait d’un parc de salles de cinéma réparties entre Ouagadougou la capitale et certaines provinces du Burkina. Ce faisant, sa principale attribution était l’exploitation des lieux de projection de films. Ce qui représentait 80% de sa mission. Nouer par ailleurs des contrats pour l’approvisionnement sinon la distribution en oeuvres filmiques constituait 20% des ses activités.
Cette maison a traîné comme un boulet à sa gestion, une dette de plus de deux milliards. Etant incapable de l’éponger et vu les risques d’un cumul certain, l’Etat burkinabé a fini par décider de sa dissolution administrative. Cela ne fut cependant pas automatique, en ce sens que différentes étapes furent préalablement mises en oeuvre. Celles-ci s’inscrivant essentiellement au chapitre des multiples tentatives de redressement de la société.
De fausses réponses aux vraies questions ?
Au registre de ces péripéties, il sied de citer en bonne place l’épisode des » Etats généraux du cinéma burkinabé » en 1997. Outre les points essentiels touchant la production et la distribution, cette instance de réflexion s’est également penchée sur le sort de la SONACIB. Déjà celle-ci était assaillie de difficultés de trésorerie, notamment une dette de plusieurs milliards, nécessitant qu’on pare au plus pressé. Ainsi elle fut assujettie à un autre type de gestion nommée administration provisoire.
Un sursis qui, sans sonner le glas de cette structure, en disait assez sur son état de santé. Rien n’y fit et les choses allèrent de mal en pis, surtout quand les quelques recettes générées servaient plutôt à financer autre chose que le cinéma. Suite à un conseil des ministres en fin 2003, le couperet finit par tomber, annonçant la nouvelle de sa mise en liquidation administrative.
Dès lors, les salles obscures du Burkina allaient-elles connaître ce sort vécu par certaines au niveau de plusieurs pays d’Afrique? Ce sort, c’est la fermeture pure et simple des salles de cinéma lors-qu’elles ne sont pas transformées en lieu de cultes. A ce titre, citons entre autres, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Gabon ou la Centrafrique où se rencontrent ces différents cas de figures.
Les performances sont possibles si…
Pour sa part l’Etat Burkinabé procéda autrement, à savoir le passage du témoin de l’exploitation à une société privée. Ainsi depuis janvier 2004, l’exploitation et la distribution des films appartiennent à l’ARPA, acronyme de l’Association des réalisateurs et producteurs africains. Le délégué général de cette maison est Idrissa Ouédraogo, une sommité du monde du cinéma africain. Lors de la première de « Tasuma » de Daniel Sanou Kollo le 21 février dernier, il révélera à la salle pleine du Ciné Burkina que le ministère des Arts, de la Culture et du Tourisme du Burkina lui confiait pour deux ans, la gestion de ce maillon du cinéma. Pas facile, à charge toutefois pour lui d’assainir ce secteur et de le rendre performant.
A noter qu’en Afrique, beaucoup de professionnels s’investissent dans la production, d’où cette profusion de structures de production constatées ici et là. Le domaine de la distribution, parent pauvre, est tant redouté voire délaissé. Si bien qu’il faut saluer le courage de l’ARPA qui prend le pari de gérer autre ment. Celui-ci entend relever un certain nombre de défis tels que maîtriser la diffusion des films, la rentabilisation des salles de projection, la création d’une billetterie moderne.
De plus, soulignons que le matériel hérité étant vétuste, un équipement des salles en matériel vidéo et numérique est à acquérir. De même, les salles dont certaines sont délabrées connaîtront des réaménagements. Un plus en confort qui se ressentira bientôt aussi bien au niveau du Ciné Burkina déjà en pleine réfection qu’au niveau des salles mises sous la coupe de l’ARPA. Rappelons que le Ciné Burkina a vu le jour grâce aux recettes engendrées par les entrées en salles. C’est dire que la rentabilisation est possible, pourvu que le cinéma finance le cinéma et pas autre chose. Aussi, est-ce en intégrant ces leviers du professionnalisme, que les performances arriveront au bout des 24 mois de gestion assignés au privé. Une gestion en happy-end de l’ARPA qui assainit le milieu de l’exploitation et de la distribution, ne peut que faire date. Et ça, l’histoire des gestions de salles de cinéma ne pourra que s’en souvenir !
Gervais Hien
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