Murmures

Michel Mavros et Oumou Sy…
juillet 2002 | | Internet | Sénégal

Français

… ont réuni une conférence de presse à Paris le mardi 18 juin, au VisàVis Café, pour expliquer pourquoi le Metissacana cesse ses activités internet au Sénégal.
Les fondateurs du premier cyber café du Sénégal désirent tirer une sonnette d’alarme et faire de cette fermeture un véritable coup d’éclat.


La situation du secteur des télécommunications au Sénégal n’est plus propice au travail de développement internet, entrepris depuis 1996 par le Metissacana. A cette époque la fondation du premier accès internet du Sénégal répond à la décision du président Diouf de connecter le Sénégal. La Sonatel, entreprise publique, n’est pas partante : le champ est donc libre pour le Metissacana. Le cyber café de la rue de Thiong devient le premier lieu de vulgarisation de l’internet. Les gens s’abonnent ensuite chez eux, ce qui profite d’ailleurs à la Sonatel puisque c’est alors le seul fournisseur d’accès.

Mais en janvier 1997, le Metissacana offre à son tour son propre accès internet et devient ainsi le second fournisseur du pays. La tournée d’un cyber-bus est organisée dans tout le Sénégal, prouvant déjà la volonté des acteurs du Metissacana de développer la connectivité rurale et de s’inscrire dans une logique de mass-media.

Or en 1998 la Sonatel est privatisée et rachetée par France Telecom, qui obtient ainsi le monopole exclusif du marché et s’engage dans une politique de concurrence déloyale envers le Metissacana. La Sonatel lui bloque l’accès à une connexion plus rapide, le nombre d’usagers commence à diminuer. En février 2001, sans préavis, elle coupe les lignes téléphoniques et l’accès internet du Metissacana, en invoquant des factures impayées. La coupure dure dix jours et entraîne la perte de nombreux usagers.

Avant les élections législatives d’avril 2001, le gouvernement annonce un projet de réforme des télécommunications. Pourtant le ministère des télécommunications lui-même est supprimé du nouveau gouvernement et remplacé par un poste de conseiller. Une agence de régulation est finalement créée en janvier 2002, mais elle n’a encore tenu aucune consultation.

C’est tout ce contexte sénégalais que Michel Mavros et Omou Sy dénoncent, estimant qu’il favorise le monopole de France Telecom. C’est en signe de protestation qu’ils annoncent la fermeture et la restructuration du Metissacana.



Ainsi le Metissacana entend poursuivre sa vocation de développement, visant désormais une dimension panafricaine. Ses nouveaux objectifs sont le développement des services par le net, l’amélioration de la connectivité rurale, la création de partenariats avec les états africains prêts à développer les nouvelles technologies…

Michel Mavros et Omou Sy laissent entrevoir les multiples applications possibles qu’ils pourraient proposer à leurs nouveaux partenaires, dans une politique de partage et d’échange : médecine et consultation juridique en ligne, visiophonie entre la France et l’Afrique pour permettre aux familles et amis de communiquer sur un mode nouveau…


Africultures soutient pleinement ces initiatives et reste un partenaire potentiel pour toutes ces activités.
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