Murmures
Le décès de V.Y Mudimbe, phillosophe, romancier et poète
mai 2025 | Décès de personnalités culturelles | Cinéma/TV | République démocratique du Congo

© Jean-Pierre Bekolo SARL
Français
Valentin-Yves Mudimbe (Congo Kinshasa) est mort dans la nuit du lundi 21 au mardi 22 avril 2025, aux Etats-Unis où il s’était exilé depuis 1979 pour ne pas servir la dictature de Mobutu (à l’époque le Zaïre). Il avait 83 ans.
Philosophe et philologue de formation, il a fait oeuvre d’historien ainsi que d’anthropologue, dans l’esprit de ce que Enrique Dussel qualifie comme étant le « transmodernisme », une déconstruction du (post)modernisme occidentale et l’ouverture des espaces pour d’autres histoires, pour d’autres altern(arr)atives.
Le Camerounais Jean-Pierre Bekolo Obama lui a consacré un documentaire fleuve (243 minutes) : « Les Choses et les Mots de Mudimbe ». Le film a eu sa Première mondiale à la Berlinale de 2015, puis une sélection au 26è FID Marseille (France), la même année et chaque fois en présence du réalisateur.
Valentin Yves Mudimbe est né le 8 décembre 1941 à Jadotville (actuelle ville de Likasi) au Katanga.
Il est obligé de changer ses prénoms, pour devenir Vumbi Yoka, avec la fantasque zaïrianisation exigée par Mobutu Sese Seko, président de ce qui deviendra la Républlque Démocratique du Congo, RDC). Il signait plutôt par ses initiales : V.Y.
Auteur de référence, il incarne un large pan de la contribution africaine (aux côtés de Cheikh Anta Diop, Ngũgĩ wa Thiong’o,…) aux études postcoloniales.
Il est l’auteur d’une oeuvre conséquente, d’une rare diversité : à côté de ses recueils de poèmes, il a exprimé sa pensée dans une oeuvre romanesque importante. Ainsi, en 1973, paraît son premier roman, « Entre les eaux », aux éditions Présence Africaine (Paris), suivi du « Bel immonde », en 1976, puis « L’écart » en 1979, chez le même éditeur.
Il publie en 1982 « L’odeur du père : essai sur des limites de la science et de la vie en Afrique Noire[12] », Paris, Présence africaine, 1982.
Et en 1988 son livre majeur, « The Invention of Africa » (1988), qui ne sera traduit en français qu’après plus de 30 ans : en 2021 (chez Présence Africaine, par Laurent Vannini) avec le titre « L’Invention de l’Afrique : Gnose, philosophie et ordre de la connaissance » (516 p. ISBN 270870950X).
Cet ouvrage (indispensable) pose la question de la signification d’un savoir à proprement parler africain et pointe les limites du regard occidental dans l’appréhension des réalités africaines.
A LIRE :
L’entretien de JP Bekolo, par Simon MBAKI MAZAKALA
https://africine.org/entretien/jean-pierre-bekolo-jai-envie-de-faire-des-films-qui-soignent/14158
Thierno I. DIA / Africiné Mag
Philosophe et philologue de formation, il a fait oeuvre d’historien ainsi que d’anthropologue, dans l’esprit de ce que Enrique Dussel qualifie comme étant le « transmodernisme », une déconstruction du (post)modernisme occidentale et l’ouverture des espaces pour d’autres histoires, pour d’autres altern(arr)atives.
Le Camerounais Jean-Pierre Bekolo Obama lui a consacré un documentaire fleuve (243 minutes) : « Les Choses et les Mots de Mudimbe ». Le film a eu sa Première mondiale à la Berlinale de 2015, puis une sélection au 26è FID Marseille (France), la même année et chaque fois en présence du réalisateur.
Valentin Yves Mudimbe est né le 8 décembre 1941 à Jadotville (actuelle ville de Likasi) au Katanga.
Il est obligé de changer ses prénoms, pour devenir Vumbi Yoka, avec la fantasque zaïrianisation exigée par Mobutu Sese Seko, président de ce qui deviendra la Républlque Démocratique du Congo, RDC). Il signait plutôt par ses initiales : V.Y.
Auteur de référence, il incarne un large pan de la contribution africaine (aux côtés de Cheikh Anta Diop, Ngũgĩ wa Thiong’o,…) aux études postcoloniales.
Il est l’auteur d’une oeuvre conséquente, d’une rare diversité : à côté de ses recueils de poèmes, il a exprimé sa pensée dans une oeuvre romanesque importante. Ainsi, en 1973, paraît son premier roman, « Entre les eaux », aux éditions Présence Africaine (Paris), suivi du « Bel immonde », en 1976, puis « L’écart » en 1979, chez le même éditeur.
Il publie en 1982 « L’odeur du père : essai sur des limites de la science et de la vie en Afrique Noire[12] », Paris, Présence africaine, 1982.
Et en 1988 son livre majeur, « The Invention of Africa » (1988), qui ne sera traduit en français qu’après plus de 30 ans : en 2021 (chez Présence Africaine, par Laurent Vannini) avec le titre « L’Invention de l’Afrique : Gnose, philosophie et ordre de la connaissance » (516 p. ISBN 270870950X).
Cet ouvrage (indispensable) pose la question de la signification d’un savoir à proprement parler africain et pointe les limites du regard occidental dans l’appréhension des réalités africaines.
A LIRE :
L’entretien de JP Bekolo, par Simon MBAKI MAZAKALA
https://africine.org/entretien/jean-pierre-bekolo-jai-envie-de-faire-des-films-qui-soignent/14158
Thierno I. DIA / Africiné Mag
Partager :