Murmures

Tchad : l’UEPAC dénonce l’acharnement contre ses membres
septembre 2005 | | Média
Source : communiqué de l’UEPAC

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L’Union des Editeurs de Presse d’Afrique Centrale (UEPAC) dénonce l’acharnement contre ses membres et appelle à l’action
 » L’Union des Editeurs de Presse d’Afrique Centrale (UEPAC) s’inquiète de la dérive dangereuse que connaît la liberté de la presse en Afrique centrale. Elle est particulièrement indignée par l’emprisonnement au Tchad de la Vice-Présidente de l’Organisation, Mme Sy Koumbo Singa Gali, directrice de publication du journal L’Observateur, et de la suspension au Gabon du bimensuel Nku Le Messager dont le directeur de publication, Norbert Ngwa Mezui, est Secrétaire Général de l’UEPAC.
Cela commence à ressembler à de l’acharnement sur les membres de notre Organisation, quand on sait que l’an dernier déjà, c’est l’un de ses Conseillers, Maka Gbokossotto, directeur du quotidien centrafricain Le Citoyen, qui s’était retrouvé derrière les barreaux à Bangui. A ce jour quatre journalistes sont emprisonnés au Tchad, pour des motifs allant de la « diffamation » à l’ « incitation à la haine ethnique », en passant par la « publication de fausses nouvelles », et à des peines allant de 3 mois à 3 ans d’emprisonnement ferme. L’Observateur compte à lui seul trois journalistes parmi les quatre, dont la directrice de publication (Mme Sy Koumbo), le coordonnateur de la rédaction (Samory Ngaradoumbé), et un collaborateur (Garondé Djarma) ; autant dire qu’il s’agit d’un démantèlement pure et simple de ce bimensuel qui fait perdre le sommeil à Idriss Déby. En 1998 déjà, Mme Sy avait été incarcérée au terme d’une condamnation à 3 mois d’emprisonnement ferme. Le quatrième, Michael Didama, est directeur de publication du journal Le Temps.
L’UEPAC s’insurge contre ce retour inexplicable et, de toute façon inacceptable, de la répression aveugle contre la presse indépendante, alors qu’on commençait à saluer les progrès enregistrés dans ce domaine ces dernières années. C’est un recul que l’opinion internationale et les institutions démocratiques doivent condamner fermement afin de décourager tout effet de contagion… L’UEPAC interpelle de manière particulière les dirigeants français dans le cas spécifique du Tchad, son ambassadeur à N’Djamena ayant été instrumentalisé pour préparer l’opinion à accepter ce déluge de condamnations qui ravage la presse tchadienne dont le vrai crime est d’avoir dénoncé le référendum constitutionnel de juin dernier qui permet au président de la République de briguer un nouveau mandat à la tête du pays. Dans son discours du 14 juillet 2005 en effet, ce diplomate s’était permis un véritable réquisitoire contre les médias privés, mettant en garde « contre une presse qui cherche à salir, par tous les moyens, l’image extérieure du Tchad et des Tchadiens », non sans « rappeler » que « les médias ont pour mission d’informer la population, pas de manipuler, et encore moins d’instiller la haine raciale ou d’encourager les conflits ethniques internes ».
L’UEPAC rappelle au président du Tchad, Idriss Deby, qu’en s’attaquant de manière aveugle à la presse indépendante, il rame à contre-courant du processus de démocratisation en vigueur dans la plupart des pays, et met gravement en doute la volonté de son gouvernement à s’inscrire dans cette mouvance. Par conséquent, l’UEPAC l’invite à revenir à de meilleurs sentiments en ordonnant la libération immédiate et sans condition de tous les journalistes emprisonnés dans son pays.
L’UEPAC adhère entièrement aux actions initiées par l’Union des journalistes du Tchad, et demande à tous ses membres de prendre des initiatives semblables dans leurs pays respectifs ; elle prescrit notamment : – la publication, dans tous les journaux membres et au cours de la semaine du 22 août, des articles ayant servi de prétexte à l’embastillement de notre consoeur et de nos confrères tchadiens ; – l’organisation des sit-in devant les représentations diplomatiques du Tchad dans leur pays respectifs ; – l’envoi de lettres de protestation au gouvernement tchadien exigeant la libération immédiate et sans condition des journalistes emprisonnés, avec copies aux institutions internationales et au gouvernement français qui financent et/ou soutiennent la dictature au Tchad ; L’UEPAC envisage de dépêcher une mission au Tchad pour tenter une médiation avec les autorités locales ; Enfin, l’UEPAC exige la levée immédiate et sans condition de la suspension qui frappe le journal Nku Le Messager au Gabon.
Fait à Douala, le 18 août 2005 Le Président, Pius N. Njawé  »
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