Murmures

La Préfecture de Loire-Atlantique demande l’expulsion d’un journaliste camerounais
mars 2006 | | Média | France

Français

L’Association de la Presse Panafricaine et Reporters Sans Frontière (RSF) suivent conjointement l’évolution de la situation de Monsieur KOUANGA KAZETA, actuellement détenu au Centre de rétention de Nantes.
M. Kouanga Kazeta, qui est de nationalité camerounaise, fait actuellement l’objet d’une procédure d’expulsion initiée par la Préfecture de Loire-Atlantique.
Or il se réclame journaliste et a formulé une demande d’asile politique auprè s de l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides), arguant de l’hostilité des autorités camerounaises à l’égard ses écrits.
Au terme d’une enquête de terrain conduite par son représentant au Cameroun, l’organisation internationale de défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontière (RSF), vient de confirmer aux autorités françaises la qualité de journaliste avancée par notre confrère, M. Elvis Kouanga Kazeta.
En conséquence, l’Association de la Presse Panafricaine s’est immédiatement associée à Reporters sans frontière et apporte son soutien à la demande d’asile formulée par M. Elvis Kouanga Kazeta.
L’Association de la Presse Panafricaine a demandé jeudi soir au Préfet de Loire-Atlantique de bien vouloir permettre à notre confrère d’ouvrir une nouvelle demande d’asile politique auprès de l’OFPRA.
Vous pourrez visionner une interview de M. Elvis Kouanga Kazeta réalisée par nos confrères de France 3 Pays de Loire en cliquant ici http://videojts.francetv.fr/regions/popup.php?id=c44a_part1&portail=france3 &m_OAS=regions.france3.fr/ouest/videojt/1214regional/paysdeloire&m_mmtrie=fr ance3_regions_ouest_videojt_1214regional_paysdeloire.
Par ailleurs vous voudrez bien trouver ci-joint, et pour votre parfaite information une copie de la correspondance adressée par Reporters sans frontière au Préfet de Loire-Atlantique.
L’Association de la Presse Panafricaine encourage les médias français et étrangers à s’intéresser plus directement à la situation de Monsieur Kouanga Kazeta.
Ainsi que vous le savez, 26 % des médias étrangers enregistrés en France auprès du Centre d’Accueil de la Presse Étrangère (CAPE) sont d’origine africaine.
Ces médias sont constitués en Association de la Presse Panafricaine (APPA) depuis juin 2002.
L’Association de la Presse Panafricaine, qui est membre du Conseil d’Administration du Centre d’Accueil de la Presse Étrangère, administre notamment une liste de diffusion comptant plus de 1.200 abonnés.

Ceci est un 2e communiqué de presse de l’Association de la Presse Panafricaine
Tentative de suicide d’un journaliste camerounais au Centre de Rétention de Nantes

C’est avec consternation que l’Association de la Presse Panafricaine vient de prendre connaissance de la tentative de suicide du journaliste camerounais Elvis KOUANGA KAZETA, actuellement sous le coup d’une procédure d’expulsion et détenu au Centre de Rétention de Nantes.
M. KOUANGA KAZETA a été admis samedi après-midi au service des urgences du Centre Hospitalier Universitaire de Nantes en provenance du Centre de Rétention.
L’Association de la Presse Panafricaine et Reporters Sans Frontière (RSF) suivent conjointement l’évolution de la situation de M. KOUANGA KAZETA depuis plusieurs jours.
Au terme d’une enquête de terrain conduite par son représentant au Cameroun, l’organisation internationale de défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontière (RSF), a confirmé l’hostilité des autorités camerounaises à l’égard des écrits de M. Elvis KOUANGA KAZETA.
L’Association de la Presse Panafricaine réaffirme son soutien à la demande d’asile politique formulée auprès de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA) par M. Elvis KOUANGA KAZETA, et demande une nouvelle fois au Préfet de Loire-Atlantique de bien vouloir permettre à M. Elvis KOUANGA KAZETA d’ouvrir une nouvelle demande.
L’Association de la Presse Panafricaine rappelle que l’asile est une protection qu’accorde un Etat à un étranger qui est ou qui risque d’être persécuté dans son pays que ce soit par les autorités de son pays ou par des agents non étatiques.
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Contact :

Avocat – Maître Plateaux : 02 40 74 09 70
RSF – Mme Hajar : 01 44 83 60 56
Préfecture : 02 40 41 20 20
DRRG : 02 40 37 21 21
Centre de Rétention : 02 40 37 21 21
Urgences CHU Nantes : 02 40 08 38 90

3e communiqué
Le Comité de Soutien au journaliste camerounais Elvis Kouanga-Kazeta organise un rassemblement lundi à partir de 13h devant la Préfecture de Nantes

Le Comité de Soutien au journaliste camerounais Elvis Kouanga-Kazeta, actuellement sous le coup d’une procédure d’expulsion et qui a tenté de se suicider samedi au Centre de Rétention de Nantes, organise un rassemblement devant la préfecture de Nantes.


Le rassemblement a lieu
ce lundi 27 février 2006
à partir de 13 H 00
devant la Préfecture de Loire-Atlantique
– 6 quai Ceineray – 44000 NANTES



Lettre adressée par RSF au Préfet de Loire-Atlantique

Secrétariat international
Bureau Réfugiés
5, rue Geoffroy Marie – 75009 Paris – France
Tél : (33) 1 44 83 60 56
Fax : (33) 1 45 23 11 51
E-mail : [email protected] Web : www.rsf.org


A l’intention de : Monsieur Bernard Boucault, Préfet de la Loire Atlantique
Date : 23/02/2006
Fax : 02 40 41 20 25
Nbre de page(s) : 2
De la part de : Hajar Smouni, Responsable du bureau des réfugiés

Monsieur le Préfet,

Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite attirer votre attention sur le cas de Monsieur Elvis Kouanga Kazeta, journaliste de nationalité camerounaise, actuellement détenu au centre de rétention de Nantes. M. Kazeta nous a contacté le 20 février 2006 afin de solliciter le soutien de notre organisation dans sa demande d’asile politique.

Notre organisation a pu vérifier, par l’intermédiaire de son correspondant à Yaoundé, les activités de journaliste de M. Kazeta. A l’origine de la création, en 1993, d’un magazine d’information jugé provocateur par les autorités, ce journaliste s’est particulièrement distingué en faisant de la lutte contre le sida son véritable cheval de bataille. Jeune magazine était distribué gratuitement aux adolescents afin de les sensibiliser face à ce fléau. En menant ce combat, M. Kazeta connaîtra ses premiers démêlés avec les responsables du ministère de la Santé, en mettant à jour les détournements de fonds destinés à la lutte contre cette pandémie.

M. Kazeta a également travaillé en tant qu’attaché de presse de la Fédération camerounaise d’athlétisme. Ce travail lui a permis de mettre à jour la corruption qui y régnait. Dirigée par le Colonel Kalkaba Malboum, aujourd’hui à la tête de la Confédération africaine d’athlétisme, cette instance qui génère beaucoup d’argent demeure toujours déficitaire. Il n’est alors pas surprenant que M. Kazeta ait reçu des menaces.

Par ailleurs, son attachement au patrimoine historique du Cameroun, qu’il défend particulièrement dans son ouvrage « Des mémoires du roi Charles Atangana » sera également sources de problèmes. Un haut responsable de l’administration camerounaise, M. Pierrre Désiré Engo, est d’ailleurs aujourd’hui en prison vraisemblablement pour avoir érigé dans la ville d’Ebolova un monument à la mémoire du roi Atangana. Ce que la présidence a perçu comme le signe d’une volonté de changement de régime.

Comme le souligne Reporters sans frontières dans un rapport à paraître en mai 2006, dans le pays de Paul Biya, reconduit à la présidence de la République en 2005, le constat est simple : une législation liberticide envoie régulièrement des journalistes derrière les barreaux. Cinq professionnels des médias, dont un reporter australien et le correspondant de Reporters sans frontières, sont passés par la case prison. Dans cet univers hostile, plusieurs titres de qualité tentent de survivre, au milieu d’un pays gangrené par la corruption. Mais à Yaoundé comme à Douala, il existe un foisonnement de journaux privés, ce qui n’est pas un gage de qualité ou d’intégrité. La justice, souvent saisie par des puissants ou des corrompus jouissant de l’impunité, frappe indistinctement les journalistes courageux, ceux qui sont mal formés et ceux qui sont mal intentionnés. De lourdes peines sont systématiquement prononcées. Dans le courant de l’année, Reporters sans frontières a tenté de convaincre le gouvernement de dépénaliser les délits de presse, de manière à aider les journalistes camerounais à se responsabiliser et à se professionnaliser. En vain, pour l’instant.

Consciente des délais requis pour instruire ce dossier et effectuer les vérifications nécessaires, je tiens néanmoins à souligner que Reporters sans frontières souhaite soutenir la demande d’asile de M. Elvis Kouanga Kazeta. Nous aimerions pouvoir le rencontrer afin de mieux étudier son dossier et apporter toutes les preuves nécessaires pour cette demande. Nous vous serions extrêmement reconnaissant de bien vouloir lui permettre d’ouvrir une nouvelle demande d’asile politique auprès de l’OFPRA.

Dans l’espoir que vous prendrez en compte ces recommandations, je vous prie d’accepter, Monsieur, l’expression de ma parfaite considération.
Hajar Smouni
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