Murmures

En cessation de paiements, le Groupov interrompt la tournée de Rwanda 94 après la Villette en novembre
septembre 2002 | | Théâtre | Belgique

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et en appelle à la solidarité en faisant pression sur l’administration belge. Lire le détail de l’appel.
Liège, le 18 septembre 2002.

Le Groupov : stop ou encore ?

Madame,
Monsieur,
Chers amis,

Au-delà de sa trivialité, ce titre correspond très justement à la réalité à laquelle est aujourd’hui confronté le Groupov. C’est donc contraints et forcés que nous n’avons d’autre alternative que de vous entretenir de survie plutôt que de théâtre.

Dans quelques jours nous serons en cessation de paiement. Cette situation n’est aucunement imputable à une quelconque légèreté dans la gestion de l’asbl. Au contraire, depuis 20 ans notre compagnie vit chichement et gère avec rigueur et parcimonie les deniers publics qui lui sont attribués, tout comme ses recettes propres. Sans équivoque, nos problèmes actuels sont clairement dus à l’incurie de nos Pouvoirs Publics :
§ Depuis fin juin 2000 le Groupov attend le renouvellement de son contrat-programme.
§ Depuis cette date, sans avenant au contrat précédent, nous vivons au jour le jour, dans le vide juridique, l’aléatoire le plus complet et dans l’ignorance des moyens qui seront mis à notre disposition.
Il y aura pourtant bientôt 18 mois que le Conseil Supérieur de l’Art Dramatique a recommandé au Ministre de tutelle la reconduction de notre convention, avec une augmentation par paliers en regard de la qualité de nos nombreuses activités. Dans l’attente du dernier palier, le CSAD recommandait également une subvention exceptionnelle de 3 millions de francs belges en 2001, 2002 et 2003 pour la tournée internationale de « Rwanda 94 ».
Il y a plus d’un an, le Ministre nous a fait savoir qu’il considérait cette proposition comme « tout à la fois mesurée et justifiée » (lettre du 21 août 2001). C’est sur la base de ces assurances que nous avons continué à jouer « Rwanda 94 » en Belgique et à l’étranger. Depuis lors, et malgré nos très nombreux courriers et entrevues, plus rien de concret. Nous voilà donc à trois mois de la fin de l’année, sans réponse quant aux moyens qui nous sont alloués en 2002, dans l’expectative la plus complète concernant 2003.


Il nous manque à ce jour 3 millions de francs belges promis fermement pour clôturer l’année, ce qui explique nos problèmes de trésorerie. Face à ces incertitudes, et sous la menace d’un créancier impatient, ce qui pourrait impliquer le désastre pour l’asbl en à peine quelques semaines, nous avons décidé, si nous tenons jusque là, de mettre un terme à la tournée de « Rwanda 94 » à l’issue des trois représentations prévues à la Grande Halle de la Villette à Paris
les 9, 10 et 11 novembre prochains. Les représentations prévues d’ici à fin 2003 à Lyon, Milan, Rome, Turin, … devront être annulées. Ces annulations s’additionneraient à celles des festivals d’Adélaïde, de Caracas, de Bogota et d’Hambourg, les années précédentes, invitations que nous avons dû refuser faute du soutien des Relations Internationales. Depuis des années, le Groupov, comme tous les groupes culturels, a versé des millions d’intérêts pour escompte, parce que l’argent est toujours versé en retard. Millions qui auraient pu servir à l’emploi et à la création. Aujourd’hui, c’est notre existence même qui est à nouveau menacée.

A nos yeux, au-delà du Groupov, c’est la Communauté française qui se voit discréditée. Comment celle-ci peut-elle justifier qu’une compagnie qui depuis trois saisons a parcouru avec trois de ces spectacles plus de 100.000 kilomètres sur quatre continents, qui génère des recettes propres à hauteur de 150% par saison, qui a fourni plus de 7000 journées de travail artistes rémunérés, qui a recueilli de nombreux Prix tant en Belgique qu’à l’étranger, dont le Directeur artistique, Jacques Delcuvellerie, jouit d’une réputation bien au-delà de nos frontières, … puisse être à ce point en danger, voire réduite au silence ?

« Stop ou encore ? ». Si cette situation vous interpelle, auriez-vous la gentillesse de nous en informer et d’en faire part d’urgence au Ministre Président et au Ministre des Arts et des Lettres de la Communauté française : Place Surlet de Chokier, 15-17 à 1000 Bruxelles (Belgique), téléphone : +32 (0) 2 227 32 11, fax : +32 (0) 2 227 32 65.

Merci pour votre attention et nous l’espérons, votre solidarité.

Le Groupov.
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