Murmures

La traque de l’opposition pousse les journalistes de N’Djamena à fuir vers les pays voisins
février 2008 | | Média | Tchad

Français

Reporters sans frontières
Reporters sans frontières est très préoccupée par les opérations de police visant plusieurs journalistes de N’Djamena, lancées par les autorités tchadiennes après l’offensive manquée d’une coalition de mouvements rebelles contre la capitale.

« Plusieurs figures de l’opposition ont été arrêtées et sont actuellement détenues au secret, quelque part dans la capitale. Il n’est donc pas illégitime de s’inquiéter sérieusement pour les journalistes, que le pouvoir tchadien a souvent identifiés à l’opposition la plus radicale. Or, la presse de N’Djamena est muselée de fait. Cette chasse à l’homme angoissante et absurde doit donc cesser », a déclaré l’organisation.

Peu après la fin des combats dans la capitale, début février 2008, plusieurs journalistes ont échappé à une arrestation par des hommes en tenue militaire, soupçonnés d’être des agents des Renseignements généraux. Ainsi, le 6 février vers 17 heures, deux hommes en uniforme et portant un turban, circulant sur une moto sans plaque d’immatriculation, se sont présentés au domicile de Laldjim Narcisse, journaliste de l’hebdomadaire privé Le Temps et correspondant de Reporters sans frontières. Ils ont exigé que les enfants présents dans la maison leur indiquent où se trouvait le journaliste, lequel avait quitté le pays peu après la fin des combats.

Les militaires ont également demandé à être conduits au domicile de Michael Didama, directeur de publication du Temps. Dans les jours qui ont suivi, les deux hommes se sont présentés deux fois de suite au domicile de ce dernier, ainsi qu’au siège du journal.

Selon les informations de Reporters sans frontières, plusieurs autres journalistes ont été les cibles de tentatives d’arrestation dans les jours suivants. Six militaires circulant dans un véhicule tout-terrain Toyota se sont présentés au domicile d’Eloi Miandadji, directeur de publication de l’hebdomadaire satirique Le Moustik, le 8 février, pour l’arrêter.

Par ailleurs, Dobian Assingar, cofondateur de la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) et directeur de la station privée FM Liberté, fermée sur ordre du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique depuis le 16 janvier 2008, se cache après que son domicile a été détruit par un obus.

Dans ce contexte, de nombreux journalistes de la capitale ont fui vers le Cameroun ou le Nigeria voisins, à la faveur des jours d’accalmie ayant suivi l’échec de l’offensive rebelle. Certains, identifiés comme journalistes par les forces de sécurité, ont fait l’objet de vexations ou d’agressions de la part de militaires. Modilé Belrangar, journaliste de la station commerciale privée Ngato FM, a par exemple été dépouillé de sa carte professionnelle et de son téléphone portable par deux militaires, à l’entrée sud de N’Djamena, alors qu’il rentrait dans la capitale par le pont reliant le Tchad et le Cameroun.

Le lendemain, au même endroit, des militaires ont détruit les images prises par Frank Nakingar, maquettiste de l’hedomadaire privé Sarh Tribune, l’une des rares publications de la région du Moyen-Chari (Sud), lors de l’entrée des rebelles dans N’Djamena et lors de l’exode de dizaines de milliers d’habitants de la capitale vers Kousseri, la ville camerounaise voisine.

http://www.rsf.org/article.php3?id_article=25658

English

Reporters Without Borders
Reporters Without Borders is very concerned by attempts to arrest several journalists in N’Djamena in the wake of an abortive military assault on the capital by a rebel coalition at the start of February.

« Several opposition leaders have been arrested and are being held incommunicado somewhere in the capital, » the press freedom organisation said. « There are therefore legitimate grounds for serious concern about journalists who are often identified by the government with the most radical opposition sectors. The N’Djamena media are in practice now gagged. This manhunt is disturbing and absurd, and must stop. »

Shortly after the fighting ended in the capital, several journalists eluded arrests by men in military attire suspected of being intelligence agents. For example, two men in uniforms and turbans and riding a motorcycle went to the home of Reporters Without Borders correspondent Laldjim Narcisse, a journalist with the privately-owned weekly Le Temps, at around 5 p.m. on 6 February. They asked children present to tell them where Narcisse was. Narcisse had left the country shortly after the fighting ended.

The two soldiers also asked to be taken to the home of Le Temps editor Michael Didama. They went to Didama’s home twice over the next few days, and to the newspaper’s office.

Several other journalists were the targets of arrest attempts around this time, Reporters Without Borders has been told. Six soldiers in a Toyota 4WD went to the home of Eloi Miandadji, the editor of the satirical weekly Le Moustik, on 8 February with the aim of arresting him.

Dobian Assingar, a co-founder of the Chadian League for Human Rights (LTDH) and the manager of FM Liberté, a radio station that has been closed on the interior minister’s orders since 16 January, has been in hiding ever since his home was destroyed by a shell.

Many journalists based in the capital fled to neighbouring Cameroon or Nigeria during the letup in the fighting that followed the failure of the rebel offensive. Some were harassed or roughed up by soldiers if they were recognised as journalists. Modilé Belrangar of commercial radio Ngato FM, for example, had his press card and mobile phone taken from him by two soldiers at he was reentering N’Djamena by the bridge linking Chad with Cameroon.

In the same location the next day, soldiers destroyed photos taken by Frank Nakingar, the layout editor of the privately owned weekly Sarh Tribune, one of the few publication in the southern Moyen-Chari region. The photos showed the arrival of the rebels in N’Djamena and the exodus of tens of thousands of its inhabitants towards Kousseri, the nearest Cameroonian town.

http://www.rsf.org/article.php3?id_article=25657
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