Murmures
« L’Expérience des limites » : les médias dans la tourmente d’une élection gâchée
mars 2008 | | Média | Kenya
Français
« How far to go? » Kenya’s media caught in the turmoil of a failed election
Reporters sans frontières, International Media Support et Article 19 publient un rapport d’enquête conjoint sur les réussites et les échecs des médias kenyans, plongés dans une crise nationale sans précédent.
Alors que le Kenya traverse, depuis fin 2007, l’une des crises les plus graves de son histoire, Reporters sans frontières, International Media Support et Article 19 publient, le 6 mars 2008, un rapport de mission sur le comportement des médias du pays. L’enquête des trois organisations contredit le préjugé selon lequel la presse africaine est trop souvent politisée, voire dangereuse, tout en mettant en lumière les lacunes de médias confrontés à un conflit sans précédent, auquel ils n’étaient pas préparés.
« En temps de crise, contrairement à l’idée trop généralement reçue, les médias africains ne se jettent pas nécessairement dans la bataille, jouant les stimulants pour des assassins à machettes. Alors que le pays traverse une violente crise politique depuis le scrutin présidentiel controversé du 27 décembre 2007, la presse du Kenya en est l’illustration parfaite. Elle a adopté, en conscience, une attitude pacificatrice, appelant au calme et à la réconciliation, stigmatisant la classe politique pour son manque de responsabilité et de patriotisme. Au risque, pourtant, de faillir à son devoir de récolter des faits, de les confronter aux protagonistes de l’actualité et de présenter cela au jugement de l’opinion », expliquent notamment les trois organisations, dans leur rapport de mission conjoint.
« Ce conflit a été un grand choc pour la presse. La liberté dont nous avons benéficié pendant des années nous avait fait baisser la garde. Aujourd’hui, l’autocensure s’est installée », admet par exemple Tervil Okoko, président de l’Union des journalistes kenyans (KUJ). Plus polémique, David Makali, directeur du Media Institute, admet la faillite des médias kenyans dans la recherche de la vérité durant la période de crise, notamment sur le trucage du scrutin. « Si la mission des médias est de dévoiler la vérité, alors je n’ai rien vu de tel. S’ils l’ont réellement cherchée, au moins n’ont-ils pas osé la publier », explique-t-il.
Reporters sans frontières, International Media Support et Article 19 proposent en conclusion une série de recommandations aux protagonistes de la crise kenyane en matière de liberté de la presse, notamment les autorités, les partis politiques et les responsables des principaux médias.
Alors que le Kenya traverse, depuis fin 2007, l’une des crises les plus graves de son histoire, Reporters sans frontières, International Media Support et Article 19 publient, le 6 mars 2008, un rapport de mission sur le comportement des médias du pays. L’enquête des trois organisations contredit le préjugé selon lequel la presse africaine est trop souvent politisée, voire dangereuse, tout en mettant en lumière les lacunes de médias confrontés à un conflit sans précédent, auquel ils n’étaient pas préparés.
« En temps de crise, contrairement à l’idée trop généralement reçue, les médias africains ne se jettent pas nécessairement dans la bataille, jouant les stimulants pour des assassins à machettes. Alors que le pays traverse une violente crise politique depuis le scrutin présidentiel controversé du 27 décembre 2007, la presse du Kenya en est l’illustration parfaite. Elle a adopté, en conscience, une attitude pacificatrice, appelant au calme et à la réconciliation, stigmatisant la classe politique pour son manque de responsabilité et de patriotisme. Au risque, pourtant, de faillir à son devoir de récolter des faits, de les confronter aux protagonistes de l’actualité et de présenter cela au jugement de l’opinion », expliquent notamment les trois organisations, dans leur rapport de mission conjoint.
« Ce conflit a été un grand choc pour la presse. La liberté dont nous avons benéficié pendant des années nous avait fait baisser la garde. Aujourd’hui, l’autocensure s’est installée », admet par exemple Tervil Okoko, président de l’Union des journalistes kenyans (KUJ). Plus polémique, David Makali, directeur du Media Institute, admet la faillite des médias kenyans dans la recherche de la vérité durant la période de crise, notamment sur le trucage du scrutin. « Si la mission des médias est de dévoiler la vérité, alors je n’ai rien vu de tel. S’ils l’ont réellement cherchée, au moins n’ont-ils pas osé la publier », explique-t-il.
Reporters sans frontières, International Media Support et Article 19 proposent en conclusion une série de recommandations aux protagonistes de la crise kenyane en matière de liberté de la presse, notamment les autorités, les partis politiques et les responsables des principaux médias.
English
Reporters Without Borders
Reporters Without Borders, International Media Support and Article 19 issue a report on their joint mission to Kenya to investigate the behaviour of the local media in the country’s unprecedented national crisis.
The media in Africa does not always enthusiastically join in political crises by egging on murderous militants, as is often believed, and Kenya’s press, in the violent aftermath of last 27 December’s disputed presidential election, was a very good example of how it does not.
But the Kenyan media failed in its duty to report fully on the political crisis and violence that followed last 27 December’s presidential election because it was too busy trying to « calm passions and encourage reconciliation, » a joint fact-finding mission by Reporters Without Borders, International Media Support and Article 19 said today.
Doing this and « criticising the country’s politicians as irresponsible and unpatriotic » was not its primary job and was used as a diversion and way of coping with pressure from the government not to report what was going on. The media’s true duty was to « report the facts, present them to those involved in the events and let the public judge, » it said.
Editors and journalists were inexperienced in reporting on such a crisis after decades of peace, the report said, and the government feared a Rwanda-style situation. Tervil Okoko, chairman of the Kenya Union of Journalists, said the freedom the media had enjoyed for so many years gave it a false sense of security and self-censorship took over.
David Makali, director of the local Media Institute press freedom group, said the country’s media failed in its duty to report the truth, which he said journalists may have sought out but didn’t dare to report.
The three organisations urged the government to trust the media more and help boost its structure. They called on political parties to stop using vernacular radio stations as political tools and on the media to do some soul-searching about what went wrong and to train their journalists in investigative reporting.
The media in Africa does not always enthusiastically join in political crises by egging on murderous militants, as is often believed, and Kenya’s press, in the violent aftermath of last 27 December’s disputed presidential election, was a very good example of how it does not.
But the Kenyan media failed in its duty to report fully on the political crisis and violence that followed last 27 December’s presidential election because it was too busy trying to « calm passions and encourage reconciliation, » a joint fact-finding mission by Reporters Without Borders, International Media Support and Article 19 said today.
Doing this and « criticising the country’s politicians as irresponsible and unpatriotic » was not its primary job and was used as a diversion and way of coping with pressure from the government not to report what was going on. The media’s true duty was to « report the facts, present them to those involved in the events and let the public judge, » it said.
Editors and journalists were inexperienced in reporting on such a crisis after decades of peace, the report said, and the government feared a Rwanda-style situation. Tervil Okoko, chairman of the Kenya Union of Journalists, said the freedom the media had enjoyed for so many years gave it a false sense of security and self-censorship took over.
David Makali, director of the local Media Institute press freedom group, said the country’s media failed in its duty to report the truth, which he said journalists may have sought out but didn’t dare to report.
The three organisations urged the government to trust the media more and help boost its structure. They called on political parties to stop using vernacular radio stations as political tools and on the media to do some soul-searching about what went wrong and to train their journalists in investigative reporting.
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