Murmures

La presse indépendante de N’Djamena reparaît pour la première fois depuis l’état d’urgence
mars 2008 | | Média | Tchad

Français

Reporters sans frontières
Reporters sans frontières a soutenu financièrement la parution, le 28 mars 2008, du Journal des journaux, une édition unique réunissant la plupart des hebdomadaires indépendants tchadiens et réclamant l’abrogation de la loi sur la presse, adoptée par ordonnance le 20 février alors que le pays était sous le régime de l’état d’urgence.

« Avec cette édition unique, la presse indépendante de N’Djamena montre un front uni face au gouvernement, dans cette période marquée par de nombreux exils de journalistes, un climat de peur et d’incertitude quant à l’avenir. En mutualisant les efforts, la presse indépendante se donne les moyens de retourner au travail et fait entendre une seule voix pour réclamer le retrait d’un loi archaïque, adoptée dans des conditions injustes », a déclaré l’organisation.

En coordination avec Reporters sans frontières, l’Association professionnelle des médias tchadiens a décidé, le 20 mars, de faire paraître une édition commune préparée par les rédactions des principaux journaux de la capitale, N’Djaména Bi-Hebdo, L’Observateur, Le Temps, Le Miroir, et arborant le logo de Notre Temps (fermé depuis le 15 décembre 2007) et de la station privée FM Liberté (fermée par la police le 16 février).

Composée de 12 pages (plus quatre pages de couverture), tirée à 10 000 exemplaires et vendue 200 francs CFA, cette édition comporte un plaidoyer pour la liberté de la presse au Tchad, et notamment pour le retrait de l’ordonnance n°5 portant sur le régime de la presse adoptée le 20 février. Dans ce texte, les peines prévues à l’encontre des journalistes pour les délits de presse sont considérablement aggravées, pouvant aller jusqu’à trois ans de prison pour « publication de fausses nouvelles » et « diffamation » (articles 41 et 47), et cinq ans pour « offense au président de la République » (article 48).

La création d’un journal nécessite désormais une déclaration de parution au parquet et au Haut Conseil de la communication (HCC), quand une simple déclaration au ministère du Commerce suffisait auparavant (article 15).

Ce coup de force était intervenu après deux ans de négociations difficiles entre la presse privée tchadienne et le gouvernement, visant à réformer la loi sur la presse antérieure, conformément aux promesses faites par le président Idriss Déby Itno à Reporters sans frontières en septembre 2005.

English

Reporters Without Borders
Reporters Without Borders provided financial support for the publication today in N’Djamena of a « newspaper of newspapers, » a single issue combining most of the independent Chadian weeklies that have not appeared since a state of emergency was proclaimed on 15 February. It calls for the repeal of a press law imposed by decree on 20 February.

« The independent N’Djamena-based press is showing a united front to the government with this single issue at time when many journalists are in exile and there is a great deal of fear and uncertainty about the future, » Reporters Without Borders said. « By working together, the independent press has found a way to return to work and to demand, with a single voice, the repeal of an archaic law adopted in unfair circumstances. »

The Professional Association of Chadian Media decided on 20 March, in coordination with Reporters Without Borders, to bring out a joint publication which would be produced by the staff of the capital four main newspapers – N’Djaména Bi-Hebdo, L’Observateur, Le Temps and Le Miroir – and which would display the logos of Notre Temps (closed since 15 December) and radio FM Liberté (closed by the police on 16 February).

With a print run of 10,000 copies and selling for 200 CFA francs, the 16-page issue contains an appeal for press freedom in Chad and, in particular, for the repeal of Decree No. 5 on the press, which was issued on 20 February.

This law increased the maximum penalty for « false news » and defamation (articles 41 and 47) to three years in prison and the maximum penalty for « insulting the president » (article 48) to five years. Under article 15 of the old law, anyone wanting to launch a newspaper just had to file a declaration with the ministry of commerce. Now they have to appear before the prosecutor’s office and the High Council of Communication.

The law was suddenly imposed after two years of difficult negotiations between the government and the privately-owned press aimed at reforming the previous law in accordance with a promise which President Idriss Déby Itno made to Reporters Without Borders in September 2005.
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