Murmures
les journaux sénégalais saluent les charters de Français expulsés du Sénégal.
juin 2003 | | Média | Sénégal
Français
Walfadjiri :
RECIPROCITE FRANCE-SENEGAL Désormais, ce sera charter contre charter Des Français en situation irrégulière, il y en a au Sénégal. Et ils sont expulsables comme les Sénégalais rapatriés de France sans ménagement. Idrissa Seck rappelle cette vérité à M. Sarkozy, l’artisan de ces charters, et l’a informé que les Français séjournant en clandestins au Sénégal seront expulsés par vols groupés. Idrissa Seck avait bien averti Sarkozy : « Dans une date ultérieure », tous les Français en situation irrégulière au Sénégal seront renvoyés dans leur pays d’origine et par… vols groupés charters ! Le ministre français de l’ Intérieur, Nicolas Sarkozy, a-t-il enfin trouvé quelqu’un, en la personne du Premier ministre sénégalais Idrissa Seck, pour répliquer à sa politique anti-immigration dont l’image la plus illustrative est le rapatriement groupé et périodique d’Africains sans carte de séjour ? Toutes proportions gardées, on peut croire que le Sénégal institue désormais une réciprocité qui rend fière. Le 13 juin dernier, lors de sa visite en France, le Premier ministre sénégalais avait reçu en audience le ministre français de l’Intérieur. Et dans le communiqué sanctionnant la rencontre et signé par les deux parties, il a été convenu de « procéder, à une date ultérieure, au rapatriement de ressortissants français en situation irrégulière au Sénégal, en adoptant la même procédure que celle observée lors de la reconduite à la frontière des ressortissants sénégalais en situation irrégulière en France ». Pour dire clair, Idrissa Seck prévoit de renvoyer tous les Français « irréguliers » au Sénégal dans leur pays d’origine ; ce que le général Niang, ministre de l’Intérieur sénégalais, avait refusé de faire le 23 avril dernier en accueillant à l’aéroport Léopold Sédar Senghor vingt-six Sénégalais expulsés de France par vol charter et escortés par des policiers sénégalais depuis leur départ de l’aéroport de Roissy. Les expulsés avaient, dès leur arrivée, dénoncé le « racisme des policiers français » et « l’inhumanité de ces vols charters », lesquels, selon eux, sont cautionnés par le président Wade lui-même. Car dans un pays comme le Mali, les populations ont juré de brûler tout vol charter venant de la France qui oserait « vomir » des expulsés sur leur territoire.
Cependant, Sarkozy s’est montré sourd devant ces multiples critiques et menaces. Et récemment, il a établi un relevé d’empreintes génétiques et de fichage informatique pour tous les immigrés irréguliers. Et les irréguliers qui osent refuser ce fichage sont passibles de sanctions pénales sévères.
Malgré cette décision d’Idrissa Seck, Sarkozy lui a annoncé qu’il rendra visite à son homologue sénégalais en septembre prochain, comme le précise d’ailleurs le communiqué qui a sanctionné cette rencontre du 13 juin. Les deux parties envisagent aussi de renforcer la coopération en matière de sécurité entre les forces de police et de gendarmerie de leurs pays respectifs. Aussi « une mission de la police française sera au Sénégal pour explorer ces axes de coopération ».
Mais malgré toute cette « amitié », il faut savoir qu’au total cent vingt-cinq émigrés sénégalais en France ont été rapatriés entre mars et avril 2003 par les vols groupés charters « de la honte ».
Par : Cheikh Mbacké GUISSE
Le Soleil :
Sans se laisser aller à une béate autosatisfaction, il est permis de saluer, à sa juste valeur, la mesure de réciprocité dans les expulsions de Français en situation irrégulière sur notre territoire national. D’une manière plus claire, les charters, véhicules d’images représentant des personnes humaines scotchées sur des sièges d’avions et qui sont l’objet de mauvais traitements et d’humiliations de toutes sortes, vont désormais voyager dans les deux sens. Il faudra désormais s’attendre à ce que Dakar ne soit plus un simple point d’arrivée. La capitale sénégalaise devient, à la lumière de cette mesure politique empreinte de lucidité dans le sens de la sauvegarde des relations entre les deux pays, un aéroport de départ.
Pour courageuse, cette décision l’est à plus d’un titre en ce qu’elle participe d’une question de souveraineté nationale d’abord. Ensuite, elle illustre le fait qu’avant tout, une nation est bien une nation et, de ce point de vue, toutes se valent en termes de dignité. Après toutes les péripéties qui ont entouré les dernières expulsions de Sénégalais et autres Africains vers leurs pays respectifs, il y a quelque chose qui chiffonne. Entendons-nous bien sur un point : aucune personne sensée ne peut s’élever contre des expulsions, si celles-ci sont entourées de toutes les garanties, conformément aux lois et règlements en vigueur. Cependant, les refoulements, comme on nous y a habitués, ces temps derniers, ressemblaient à un coup de balai synchrone, échevelé, froid et calculé. Tant et si bien que le rêve de nombre de candidats à l’émigration se transforme en cauchemar Sept heures à peine après qu’ils eussent caressé le secret désir d’aller vivre dans un monde aseptisé, riche, décalé. L’embarquement, gros d’espoirs à l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar, vire au désespoir une fois foulé le sol français, que dis-je, le tarmac de l’aéroport Roissy Charles De Gaulle Gaulle. Et alors, bonjour la cellule, en attendant le premier vol en partance pour le pays d’origine. Bonjour la France, au revoir la France
L’application de la présente mesure qui a été saluée par les différentes strates de la population ne prend pas seulement des allures de revanche. Elle apporte co-latéralement un éclairage nouveau sur des faits qui ont toujours été passés sous l’éteignoir. Des faits et gestes qui heurtent parfois notre conscience, mais qui prospèrent, du fait d’une certaine « impunité » qui restreint les personnes offensées ou à qui l’on a fait du tort dans une sorte de fatalisme. Les proportions de tourisme sexuel, de pédophilie, de trafic à une autre échelle vont sortir de leurs voiles de silences qui parlent. Rien que pour cet assainissement, la mesure arrêtée par le Premier ministre est à saluer. Tant la ruche va à l’eau qu’un jour, elle se casse. Et pour la valeur de l’exemple, cette décision méritait d’être prise.
Saliou Fatma Lo
RECIPROCITE FRANCE-SENEGAL Désormais, ce sera charter contre charter Des Français en situation irrégulière, il y en a au Sénégal. Et ils sont expulsables comme les Sénégalais rapatriés de France sans ménagement. Idrissa Seck rappelle cette vérité à M. Sarkozy, l’artisan de ces charters, et l’a informé que les Français séjournant en clandestins au Sénégal seront expulsés par vols groupés. Idrissa Seck avait bien averti Sarkozy : « Dans une date ultérieure », tous les Français en situation irrégulière au Sénégal seront renvoyés dans leur pays d’origine et par… vols groupés charters ! Le ministre français de l’ Intérieur, Nicolas Sarkozy, a-t-il enfin trouvé quelqu’un, en la personne du Premier ministre sénégalais Idrissa Seck, pour répliquer à sa politique anti-immigration dont l’image la plus illustrative est le rapatriement groupé et périodique d’Africains sans carte de séjour ? Toutes proportions gardées, on peut croire que le Sénégal institue désormais une réciprocité qui rend fière. Le 13 juin dernier, lors de sa visite en France, le Premier ministre sénégalais avait reçu en audience le ministre français de l’Intérieur. Et dans le communiqué sanctionnant la rencontre et signé par les deux parties, il a été convenu de « procéder, à une date ultérieure, au rapatriement de ressortissants français en situation irrégulière au Sénégal, en adoptant la même procédure que celle observée lors de la reconduite à la frontière des ressortissants sénégalais en situation irrégulière en France ». Pour dire clair, Idrissa Seck prévoit de renvoyer tous les Français « irréguliers » au Sénégal dans leur pays d’origine ; ce que le général Niang, ministre de l’Intérieur sénégalais, avait refusé de faire le 23 avril dernier en accueillant à l’aéroport Léopold Sédar Senghor vingt-six Sénégalais expulsés de France par vol charter et escortés par des policiers sénégalais depuis leur départ de l’aéroport de Roissy. Les expulsés avaient, dès leur arrivée, dénoncé le « racisme des policiers français » et « l’inhumanité de ces vols charters », lesquels, selon eux, sont cautionnés par le président Wade lui-même. Car dans un pays comme le Mali, les populations ont juré de brûler tout vol charter venant de la France qui oserait « vomir » des expulsés sur leur territoire.
Cependant, Sarkozy s’est montré sourd devant ces multiples critiques et menaces. Et récemment, il a établi un relevé d’empreintes génétiques et de fichage informatique pour tous les immigrés irréguliers. Et les irréguliers qui osent refuser ce fichage sont passibles de sanctions pénales sévères.
Malgré cette décision d’Idrissa Seck, Sarkozy lui a annoncé qu’il rendra visite à son homologue sénégalais en septembre prochain, comme le précise d’ailleurs le communiqué qui a sanctionné cette rencontre du 13 juin. Les deux parties envisagent aussi de renforcer la coopération en matière de sécurité entre les forces de police et de gendarmerie de leurs pays respectifs. Aussi « une mission de la police française sera au Sénégal pour explorer ces axes de coopération ».
Mais malgré toute cette « amitié », il faut savoir qu’au total cent vingt-cinq émigrés sénégalais en France ont été rapatriés entre mars et avril 2003 par les vols groupés charters « de la honte ».
Par : Cheikh Mbacké GUISSE
Le Soleil :
Sans se laisser aller à une béate autosatisfaction, il est permis de saluer, à sa juste valeur, la mesure de réciprocité dans les expulsions de Français en situation irrégulière sur notre territoire national. D’une manière plus claire, les charters, véhicules d’images représentant des personnes humaines scotchées sur des sièges d’avions et qui sont l’objet de mauvais traitements et d’humiliations de toutes sortes, vont désormais voyager dans les deux sens. Il faudra désormais s’attendre à ce que Dakar ne soit plus un simple point d’arrivée. La capitale sénégalaise devient, à la lumière de cette mesure politique empreinte de lucidité dans le sens de la sauvegarde des relations entre les deux pays, un aéroport de départ.
Pour courageuse, cette décision l’est à plus d’un titre en ce qu’elle participe d’une question de souveraineté nationale d’abord. Ensuite, elle illustre le fait qu’avant tout, une nation est bien une nation et, de ce point de vue, toutes se valent en termes de dignité. Après toutes les péripéties qui ont entouré les dernières expulsions de Sénégalais et autres Africains vers leurs pays respectifs, il y a quelque chose qui chiffonne. Entendons-nous bien sur un point : aucune personne sensée ne peut s’élever contre des expulsions, si celles-ci sont entourées de toutes les garanties, conformément aux lois et règlements en vigueur. Cependant, les refoulements, comme on nous y a habitués, ces temps derniers, ressemblaient à un coup de balai synchrone, échevelé, froid et calculé. Tant et si bien que le rêve de nombre de candidats à l’émigration se transforme en cauchemar Sept heures à peine après qu’ils eussent caressé le secret désir d’aller vivre dans un monde aseptisé, riche, décalé. L’embarquement, gros d’espoirs à l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar, vire au désespoir une fois foulé le sol français, que dis-je, le tarmac de l’aéroport Roissy Charles De Gaulle Gaulle. Et alors, bonjour la cellule, en attendant le premier vol en partance pour le pays d’origine. Bonjour la France, au revoir la France
L’application de la présente mesure qui a été saluée par les différentes strates de la population ne prend pas seulement des allures de revanche. Elle apporte co-latéralement un éclairage nouveau sur des faits qui ont toujours été passés sous l’éteignoir. Des faits et gestes qui heurtent parfois notre conscience, mais qui prospèrent, du fait d’une certaine « impunité » qui restreint les personnes offensées ou à qui l’on a fait du tort dans une sorte de fatalisme. Les proportions de tourisme sexuel, de pédophilie, de trafic à une autre échelle vont sortir de leurs voiles de silences qui parlent. Rien que pour cet assainissement, la mesure arrêtée par le Premier ministre est à saluer. Tant la ruche va à l’eau qu’un jour, elle se casse. Et pour la valeur de l’exemple, cette décision méritait d’être prise.
Saliou Fatma Lo
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