Murmures

A Damas, un « Cinema Paradiso » lutte pour sa survie en pleine guerre
septembre 2013 | Faits de société | Cinéma/TV | Syrie (République arabe syrienne)
Source : Le Point, avec AFP

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Le Point, avec AFP
Au coeur de Damas, le cinéma Ferdos était fréquenté par les pauvres venus des banlieues, mais avec la guerre, la quasi-totalité de ses clients ont disparu et faute de nouveaux films il repasse les mêmes depuis plus de deux ans.

Au centre de cet établissement, avec sa salle vétuste et mal aérée, des affiches de films jaunies et une légère odeur de moisi, se trouve un personnage digne du film de Giuseppe Tornatore, le réalisateur du film classique « Cinema Paradiso ». D’ailleurs Ferdos signifie Paradis en arabe.

« Tout petit, je suis tombé amoureux du cinéma », confie Jamal al-Sassa, un quinquagénaire gérant du local depuis une quinzaine d’années.

« A 12 ans, j’ai commencé ici à vendre des friandises mais j’allais dans la salle de projection pour voir comment on mettait les bobines », affirme ce Syrien au large sourire.

Il se revoit dans le petit garçon qui aujourd’hui patiente à l’entrée pour vendre des tablettes de chocolat et autres sucreries à des clients qui se font attendre.

En raison de la guerre, Cinema City, l’un des rares complexes multisalle modernes de la capitale qui achetait les gros succès du box-office mondial, a fermé ses portes en avril. Au centre-ville, face au pont Victoria, on peut toujours voir l’entrée du local bloquée par un mur de pierres en béton.

« Leur clientèle chic a quitté la capitale, plus personne n’allait au cinéma », explique Jamal.

C’est la 3e édition du Festival international de la diaspora africaine qui commence ce vendredi 6 septembre à Paris. Pendant trois jours, le FIFDA présente 14 fictions, documentaires et courts métrages de 11 pays dont plus de la moitié sont inédits en France. Imaginaires en exil de la réalisatrice italienne Daniela Ricci retrace le combat identitaire et culturel de cinq cinéastes africains de renom dont deux qui ont gagné l’Étalon d’or de Yennenga au Fespaco.

« Il faut créer un autre cinéma ». La phrase dite par le réalisateur éthiopien Hailé Gerima à son bureau à l’université américaine Howard où il enseigne le cinéma ouvre le documentaire Imaginaires en exil. « C’est ça qui m’intéresse beaucoup, explique la réalisatrice Daniela Ricci, voir les différences des cinémas. Je ne voulais pas rester dans un langage dominant ou dans des stéréotypes ou une norme, mais de voir comment on peut aujourd’hui exprimer un certain métissage culturel. »

Gerima qui avait remporté en 2009 avec Teza l’Étalon d’or du Fespaco révèle que c’était un film d’Ousmane Sembène qui l’avait réellement fait prendre conscience de son identité : « C’était la première fois que je voyais un film africain où les Africains étaient Africains, des problèmes africains racontés dans une langue africaine. J’ai failli avoir une crise cardiaque… Cette nuit-là, j’ai commencé à écrire Harvest 3000 years en amharique. Ce fut pour moi une réelle révolution. »

« Noir, c’est toujours une catégorique politique »

Cinq cinéastes africains en exil se sont prêtés au jeu de la réalisatrice italienne qui vit à Paris : Jean Oudoutan, Dani Kouyaté, Newton Aduaka, Hailé Gerima et John Akomfrah qui déclare d’entrée : « Noir, c’est toujours une catégorique politique ».


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