Murmures
Danse et érotisme : Bamako entre dans la danse
mars 2005 | | Danse | Mali
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Il y a quelques années, c’est le mapouka dédja qui faisait couler quantité d’encre et de salive. En ce moment, une autre danse érotique, le sabar, défraie la chronique au Mali, pays où la population est à 90 % musulmane. Mais la police est décidée à sévir et à mettre de l’ordre. Le vendredi dernier, le public du Bala Night de Kalabancoura (Bamako) a eu droit à une bien mauvaise surprise. Alors qu’il se rinçait tranquillement les yeux sur les figures très érotiques des danseuses de sabar quasiment nues, ce public a reçu la visite des éléments de la brigade des mours de la police malienne. Au bout de cette descente policière, six danseuses de sabar, trois joueurs de tam-tam et un animateur sont tombés dans les filets. Ils sont inculpés pour « outrage public à la pudeur ». Quant au propriétaire de l’établissement, il a réussi à prendre la fuite. Le sabar est une danse d’origine sénégalaise qui se danse au rythme des tam-tams, avec beaucoup de sensualité. Les femmes portent un petit pagne qui couvre juste leurs parties intimes, elles ondulent les hanches et secouent énergiquement les fesses. Mais en franchissant la frontière du Mali, cette danse a pris une touche beaucoup plus érotique, à la limite de la pornographie. Certaines danseuses levaient la jambe jusqu’à ce qu’on voit leurs dessous, si elles ne se déshabillaient pas complètement. Pour mettre fin à cette dérive, les autorités de Bamako ont officiellement interdit les spectacles de sabar dans les rues en 2001. Mais pour contourner cette mesure, les adeptes et les danseuses de sabar avaient trouvé la parade en se retrouvant dans les boîtes de nuit pour se procurer des sensations fortes. Cela ne sera plus toléré, puisque selon la police malienne, la descente au Bala Night de Kalabancoura n’est que le coup d’envoi d’une opération d’envergure pour « éradiquer » les spectacles érotiques de sabar au Mali.
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