Murmures

Déclaration de Mohamed-El Aziz Ben Achour « Suspension de la validité de tous les permis de bâtir relatifs aux terrains à caractère archéologique »
mars 2011 | Faits de société | Architecture | Tunisie
Source : Communiqué de l’ALECSO – Février 2011

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En réponse à l’appel pour la défense du site culturel de Carthage-Sidi Bou Said relayé sur notre site
S.E.M. Mohamed-El Aziz Ben Achour, Directeur général de l’ALECSO et ancien ministre de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine réagit face à la pétition condamnant les atteintes à ce patrimoine de l’humanité. Voir notre murmure : [Appel pour la défense du site culturel de Carthage-Sidi Bou Said]


« Des informations relatives à des opérations de déclassement de terrains du parc archéologique et historique de Carthage-Sidi Bou Saïd ont été publiées récemment dans l’hebdomadaire satirique français Le Canard enchaîné ainsi que sur Internet, mettant en cause ma probité et ma compétence en tant que ministre de la Culture et de la sauvegarde du patrimoine et en tant qu’actuel Directeur général de l’ALECSO, au motif que les déclassements évoqués ont été opérés durant l’exercice de mes fonctions au sein du Gouvernement (2004-2008).

Il va sans dire que je considère qu’il est tout à fait normal que l’opinion soit informée et alertée par les médias dans quelque domaine que ce soit. Alors, si j’ai jugé nécessaire de faire la présente déclaration c’est uniquement parce que les commentaires qui ont accompagné les informations publiées par le Canard et relayées par Internet ont donné la fâcheuse impression que mon passage à la tête du ministère a été un désastre pour le patrimoine.

Concernant les révélations relatives au déclassement, je souhaite apporter les précisions suivantes :

1) les déclassements se font par décrets et sont donc signés par le Président de la République; la procédure juridique et administrative de promulgation et de mise en application d’un décret impose – comme on le sait – l’implication du ministre concerné même si comme cela a été le cas, le déclassement a pris la forme d’une injonction présidentielle et que le décret a été préparé sans l’avis préalable du dit ministre.

2) Sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali tout ce qui concernait les opérations foncières de Carthage-Sidi Bou Saïd était le domaine réservé du Président.

3) Les bénéficiaires de l’opération de déclassement en question avaient grâce à leurs liens de parenté un accès direct au Chef de l’Etat et bien entendu, ils n’ont pas manqué d’exploiter ce privilège exorbitant sans avoir à solliciter le ministre concerné.

Il convient également de rappeler que le site et le parc de Carthage-Sidi Bou Saïd ont fait l’objet de divers déclassements dans les années 1970, 1980, 1990 et 2000.

Rappelons enfin que le Plan d’aménagement et de gestion du Parc comprenant la délimitation du site n’a jamais été promulgué.
Par ailleurs, les articles qui m’ont mis en cause ayant affirmé d’une manière pouvant prêter à confusion qu’il s’agissait du déclassement d’un site archéologique – et bien que je n’aie pas à justifier d’aucune manière une mesure qui m’a été imposée par le fait du Prince – il faut cependant que j’informe l’opinion que le déclassement en question a porté sur le parc et non sur un site archéologique établi ; c’est à-dire un site entendu au sens d’un monument ou d’un ensemble de monuments et de vestiges. Carthage a été inscrite en 1979 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO grâce à un ensemble de sites (Tophet, ports puniques, thermes d’Antonin, théâtre antique, amphithéâtre, citernes de la Malga, colline de Byrsa, pour ne citer que les plus célèbres). Pour Sidi Bou Saïd, c’est le village historique qui a eu un rôle décisif dans l’inscription du site sur la liste du patrimoine mondial. Le déclassement en question a affecté la vocation agricole ancienne des terrains déclassés, mais ne porte heureusement pas atteinte à l’intégrité des sites archéologiques et historiques avérés et protégés dont nous avons cité, plus haut, les plus célèbres.

Voilà ce que je tenais à dire à propos de ces déclassements opérés dans un contexte exécrable provoqué par un entourage présidentiel sans scrupule et d’une avidité sans limites. En disant cela, je ne cherche donc pas à me dérober et j’assume, comme je l’ai toujours fait, mes responsabilités de manière pleine et entière »
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