Musique angolaise

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Luanda, la capitale, ancienne forteresse fondée en 1576 par les Portugais, fut le pôle de la musique angolaise. C’est là que s’établissent de nombreux groupes ethniques (Kimbundu, Kikongo et Umbundu) issus des différentes régions du pays. Lieu de rencontre entre les indigènes, les anciens esclaves et Européens, l’apport de ces différentes cultures va donner naissance à la semba, un rythme qui se joue avec des percussions formées par un bambou strié et frappé par une baguette en bois (dikanzas), un arc (undu) et une guitare (kokoa). Les Mbaka introduisent « le kaduke, un rituel qui consistait en une danse en plein air »(1) . Le Iemanja, danse brésilienne de la région de Bahia qui consiste à faire des offrandes à la mer, la kelombelombe (danse de l’oiseau), le kisselenghena (danse de la virilité), le batuque (danse accompagnée de claquements des mains), sont autant de danses rythmées par le semba. Les anciens esclaves et les exilés introduisent le tango, la samba, le blues, le jazz et le merengue, qui vont côtoyer ces danses régionales et influencer les musiciens de la capitale. Les compositions empruntes des traditions et de la culture française et portugaise vont donner naissance à une culture métisse.
C’est dans cet environnement que dans les années 40 de nombreux groupes vont faire leur apparition. Dans les années 50, période sanglante, d’émeutes et de fusion de nombreux groupes et associations, verra le jour le Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA). La musique va jouer le rôle de rassemblement et de réhabilitation de la mémoire collective. Le groupe Ngola Ritmo, créé en 1947 sous la houlette de Liceu Vieira Dias, qui trouve son inspiration dans la poésie et les contes populaires et chante en kimbundu, « traduit dans un nouveau langage urbain le rythme des villageois, utilise voix et guitares acoustiques avec les percussions du terroir. Son répertoire est également influencé par les motifs du fado ou de la musique brésilienne. « ‘(2) Face aux réticences du public, le groupe a du mal à se faire accepter. « Liceu, un musicien de ce groupe, blessé par ces réactions, décida de chanter des airs portugais. Lorsque « Zé provihno » se trouvait dans la salle de bal buvant sur ces airs venus de son pays béni, Liceu, après un signal convenu d’avance avec les Ngola Ritmos, ajoutait progressivement des rythmes kimbundu. Les danseurs, (…), continuaient à danser, légèrement surpris. Ce n’était pas si mauvais après tout. Et ainsi, graduellement, les chansons interprétées en Kimbundu commencèrent à être acceptées. La génération des années 40 arriva avec une multitudes de chansons dont beaucoup étaient d’origines populaires et reflétaient le bonheur et la mélancolie d’un peuple sous le joug du colonialisme. »(3)
Un semba nouveau, ancêtre de la samba, va prendre forme et inspirer de nombreux artistes vers le début des années 60. Rui Mingas, Lili Txuimba, Elias Dia Kimuezo, Kimbadas do Ritmo, font partie de la nouvelle vague. Bonga Kuenda auteur compositeur, fervent militant du MPLA, qui partage sa vie entre le Portugal, les Pays-Bas et la France introduit le soukouss, la morna, des rythmes cubains et antillais dans le semba. Il l’internationalise dans les années 80. Waldemar Bastos, illustre voix, reste plus traditionnel, ses mélodies sont proches du brésil et du Congo. Sam Mangwana demeure dans la rumba congolaise. Les frères Moïse et José Kafala, qui représentent la relève, s’inspirent des chants traditionnels, fidèles à Ngola Ritmo.

1 Mario Riu Silva, Souvenirs des temps passés, La Revue Noire N°29, été 98, page 72.
2 Bonga, Angola 72-74, Lusafrica / BMG, 1997.
3 Op. Cit Mario Riu Silva, page 73.
///Article N° : 1266

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