Nadhéra Beletreche, nouvelle plume militante

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Son ouvrage risque de faire grand bruit en 2013. Toxi-cités est une somme sur la situation des quartiers sensibles en France. Loin du récit personnel, encore moins de la propagande politique, elle propose une réflexion fine sur ce sujet essentiel que tous les gouvernements se renvoient comme une patate chaude.

Et un livre de plus sur la banlieue. C’est ce que le pitch et le titre du livre laissent craindre. Or, avec Toxi-cités, Nadhéra Beletreche a écrit une synthèse solide sur le sujet, éreinté par bon nombre d’observateurs depuis 30 ans. Bastion toujours traité à part, la périphérie est pourtant un point névralgique vital du territoire national. La preuve : quand elle gronde, c’est tout le pays qui est déstabilisé.
2005, les émeutes éclatent dans les banlieues au point que la presse internationale se demande si Paris brûle. Les quartiers refont parler d’eux sur la scène mondiale, fatigués d’attendre qu’on leur jette juste un oeil compatissant. Cet événement signe la naissance du collectif Racailles de France. Et la genèse du livre. « Le mouvement a été pensé pour être temporaire, d’où la constitution en collectif et non en association. On était une vingtaine de jeunes de différents départements, réunis pour continuer la révolte », explique Nadhéra Beletreche.
Entre-temps, l’entrée dans la vie active a éloigné Nadhéra Beletreche de la rédaction du livre. « Je ne prétends pas écrire quelque chose de nouveau, mais vu que rien n’a changé, c’est important de rappeler certains faits », prévient-elle. Deuxième précaution : s’il s’ouvre sur son histoire, le but n’est pas de raconter sa vie mais une expérience collective.
Manifeste pour casser les idées reçues
Extrêmement documenté, le texte s’appuie sur des références du monde scientifique. Nadhéra Beletreche confronte le lecteur à ce qui fait débat, comme le « parler banlieue « , l’entre-soi, la violence, le chômage. Pour l’auteure, les problèmes ont des causes sociales avant tout. Outre que les quartiers sont devenus des lieux vidés de toute mixité sociale. Si certaines personnes émergent, il ne faut « pas présenter comme des modèles d’intégration des personnes qui, en réalité, sont issues de la bourgeoisie du Maghreb, d’Afrique ou d’ailleurs ». Une manière de remettre en cause la méritocratie « qui suppose que l’ascenseur social fonctionne, à condition de bien vouloir le prendre ». Elle rappelle que la volonté et l’éducation seules ne sont pas des facteurs de réussite. Ainsi, pour échapper à l’orientation parfois désastreuse dans les quartiers, « nos parents ne nous font pas choisir une langue rare pour que nous intégrions une bonne école ».
Une Histoire à écrire
L’État doit prendre sa part. Comme dans le rétablissement de la justice, la même pour tous. Comme dans « le refoulement du passé colonial ». Elle précise : « Les Noirs et les Arabes ont encore mal à leur Histoire. Tant qu’ils demeureront privés de mémoire et de reconnaissance, cela n’ira pas mieux… ». Une idée clôt le bouquin : les habitants des cités doivent avoir voix au chapitre. La réponse au problème social est donc politique. « Ne pas attendre qu’on nous donne le pouvoir, il faut le prendre », clame-t-elle. Loin de tout misérabilisme, c’est un appel à se confronter aux vrais problèmes et à s’autodéterminer. Ces cents pages ne sont pas des voeux pieux. Elles vont faire débat. Et c’est tant mieux.

Nadhéra Beletreche en 5 dates :

1982 Naissance de l’auteure à Cachan (94) / 2004 Entre comme archiviste au Nouvel Observateur. / 2005 Fonde Racailles de France 2007 Master 2 de philosophie / 2012 Entre au service de presse d’un cabinet ministériel

Commentaires (2 Messages de forum)

Nadhéra Beletreche, nouvelle plume militante 4 février 2013 23:09, par Cachanou
« les habitants des cités doivent avoir voix au chapitre » !!! N. Beletreche est conseiller municipal, élue sur la liste PS de Cachan. Elle assiste très rarement aux réunions du conseil municipal. A-t-elle voix au chapitre ?.Sa dernière présence au conseil était le 15/12/2011, depuis il y a eu au moins 7 réunions où elle était absente.Cependant, elle peut publier chez Plon (?) et elle a progressé dans le monde politique des « anciens coloniaux » : elle s’occupe de la com d’une ministre radicale de gauche au commerce et à l’artisanat.Vive l’ascenseur PS-Radical de gauche !!

Nadhéra Beletreche, nouvelle plume militante 27 mai 2013 14:30, par Cachanaise
Effectivement, on ne peut que saluer l’opportunisme de cette personne, qui a su utiliser les personnes autour d’elle pour son devenir personnel. Opportunisme et égoïsme érigés en valeur, amusant quand on entend donner son avis sur la marche du monde. Elle finira chez EELV, au PRG ou là où on lui proposera le plus. Il serait judicieux qu’elle cesse de donner son avis sur la banlieue, un univers qu’elle ne fréquente plus depuis bien longtemps…
///Article N° : 12582

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